L’euro porté par l’optimisme après le premier tour des législatives en France

AWP

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Vers 14h20, la monnaie unique européenne reprend 0,30% à 1,0746 dollar et 0,10% à 84,80 pence.

L’euro bénéficiait lundi de l’optimisme des marchés après les résultats du premier tour des législatives françaises, les investisseurs estimant que la probabilité d’une majorité absolue du Rassemblement National s’est atténuée.

Les marchés, et l’euro, ont été portés en ce début de semaine par «l’annonce selon laquelle l’avance de l’extrême droite dans ces élections n’est pas aussi forte que certains sondages le suggéraient», résume Jane Foley, analyste chez Rabobank, interrogée par l’AFP.

La monnaie unique européenne reprenait 0,30% à 1,0746 dollar et 0,10% à 84,80 pence, vers 12H20 GMT.

A l’issue du premier tour des législatives dimanche, le Rassemblement National (RN) est arrivé en tête des suffrages avec plus de 33% des voix. L’alliance de gauche Nouveau front populaire (NFP) a atteint près de 28% et le camp présidentiel environ 20%.

Le parti d’extrême droite pourrait ainsi ne pas obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale française, nécessitant de réunir au moins 289 sièges sur 577.

Pour empêcher cette éventualité, la constitution d’un front républicain est au coeur d’intenses tractations politiques, particulièrement dans le camp du président Macron.

Le spectre de la dette

Au cours du mois dernier, le marché avait «intégré le pire scénario: une large victoire» du RN, «qui lui permettrait de remporter potentiellement suffisamment de sièges pour former une majorité», détaille à l’AFP Kathleen Brooks, de XTB. Une hypothèse qu’elle juge désormais «moins probable».

En conséquence, le marché des actions reprenait également son souffle lundi.

Sur le marché obligataire, l’écart entre le taux d’intérêt de l’emprunt de la France à dix ans et celui de l’Allemagne, la référence en Europe, se réduit après avoir touché un pic depuis 2012 la semaine précédente.

Cet écart mesure la confiance des investisseurs dans un pays, en l’occurrence la France.

La Bourse de Paris rebondissait également, tout comme celle de Francfort et de Londres.

Après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, la devise et les bourses européennes avaient été plombées par les inquiétudes des investisseurs suscitées par les programmes politiques du RN et du NFP, qui les jugeaient susceptibles d’alourdir la dette publique.

«Le marché craignait» particulièrement que le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen «augmente la pression budgétaire sur la France et adopte des politiques telles que l’abaissement de l’âge de la retraite ou une ligne dure en matière d’immigration, ce qui pourrait accroître le déficit budgétaire actuel de la France» (déficit public), qui s’élevait à 5,5% du PIB en 2023, résume Kathleen Brooks, de XTB.

Les résultats du premier tour «éloignent également «la perspective d’un +Frexit+», c’est-à-dire une sortie de la France de l’Union européenne, un temps envisagé par le RN, et «synonyme d’incertitude» politique et économique, ajoute Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades, qui répondait à l’AFP.

L’hypothèse d’un Parlement bloqué

Si le RN obtient la majorité absolue, ce qui reste une possibilité, le président pro-européen Emmanuel Macron pourrait être contraint à une cohabitation inédite et houleuse avec l’extrême droite.

L’autre scénario est celui d’une Assemblée nationale bloquée, sans alliances majoritaires envisageables entre les trois blocs en présence.

Cela «pourrait rendre difficile toute action au sein du Parlement» en France, ce qui serait l’option la moins négative pour Mme Brooks.

Si ce scénario «pourrait réduire le risque de dépenses» démesurées, il «ne contribuerait pas vraiment à redresser la situation budgétaire de la France, qui est déjà assez fragile», tempère de son côté Neil Wilson, analyste chez Finalto.

La Commission européenne a ouvert la voie il y a quelques jours à des procédures pour déficits publics excessifs contre sept pays de l’UE, dont la France, qui ont dépassé l’an dernier la limite fixée à 3% du Produit intérieur brut (PIB) par le Pacte de stabilité.

La France a également vu la note de sa dette abaissée par l’agence de notation S&P Global Ratings il y a un mois.

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