Swissmem, l’association suisse de l’industrie technologique, s’oppose aux deux initiatives des milieux de l’UDC sur la neutralité de la Suisse et sur la limitation de la population à dix millions de personnes.
«Nous avons besoin de l’immigration sur le marché du travail», a déclaré Martin Hirzel, président de Swissmem. «Notre économie se porte si bien que nous sommes attractifs: nous avons donc besoin de gens de qualité qui viennent chez nous», a-t-il déclaré dans une interview publiée mardi par Tamedia. «Dans dix ou vingt ans, il y aura en Europe de la concurrence pour l’immigration, car tous nos pays voisins auront le même défi». La Suisse devrait s’organiser de telle sorte que l’immigration puisse être bien gérée et que la population la soutienne.
L’interprétation de la neutralité suisse avec l’initiative sur la neutralité va trop loin, a encore déclaré M.Hirzel. «Une interprétation aussi dogmatique de la neutralité nuit à notre industrie de l’armement et de la sécurité».
«Nous devons d’abord penser à nous»
La Suisse devrait se positionner de manière à pouvoir «parler avec tout le monde et faire des affaires avec tout le monde». «Ce n’est pas immoral», affirme M. Hirzel. «En tant que petit pays qui n’est pas intégré dans une alliance, nous devons penser en premier lieu à nous-mêmes. Sans exportation, il n’y a plus d’industrie suisse et donc plus de prospérité»
En ce qui concerne les relations entre la Suisse et l’UE, le président de Swissmem se dit confiant. En ce qui concerne les Bilatérales III, il prévoit un résultat pour cette année. Il a toutefois critiqué les syndicats à ce sujet.: «Les syndicats veulent faciliter l’extension du champ d’application des conventions collectives de travail et introduire des salaires minimaux au niveau national. Cela n’a rien à voir avec les Bilatérales III».
Le président Hirzel soutient les bilatérales III et voit l’IA comme une chance
Le président de Swissmem Martin Hirzel a affiché mardi à Berne son soutien aux bilatérales III, mais pas au prix de sacrifier un marché du travail libéral. L’intelligence artificielle (IA) a par ailleurs été présentée comme une chance pour la branche.
La journée de l’industrie rassemble plus de 1000 dirigeants de l’industrie, de la politique et de la science dans la capitale fédérale. Parmi eux figurent la présidente de la Confédération Viola Amherd, le directeur général d’UBS Sergio Ermotti et l’ancien négociateur en chef de l’Union européenne (UE) pour le Brexit Michel Barnier.
En guise d’introduction, Martin Hirzel a appelé à un retour à une politique économique pragmatique dans un environnement de marché en pleine mutation. «Les tensions géopolitiques ne cessent de croître. Et les grandes puissances misent sur le protectionnisme. C’est une mauvaise nouvelle pour l’industrie technologique suisse, fortement tournée vers l’exportation», a-t-il déclaré, réclamant le renforcement des conditions-cadres.
En matière de politique étrangère, le maître mot est «multi-alignement», c’est-à-dire les bonnes relations avec le plus grand nombre de pays possible. Enfin et surtout, la relation avec l’Europe doit également être clarifiée, a poursuivi Martin Hirzel. Près de 58% des exportations de l’industrie technologique suisse sont destinées à l’UE. Swissmem soutient donc les bilatérales III, mais pas à n’importe quel prix: le marché du travail libéral doit être préservé.
L’IA, une opportunité pour l’industrie suisse
Le principal thème de la Journée s’articulait en outre autour des opportunités et des défis de l’intelligence artificielle (IA) pour l’industrie. A cette fin, Swissmem a présenté une étude développée en collaboration avec l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Selon elle, l’IA peut apporter de réels avantages, mais son utilisation dans l’industrie suisse ne fait que commencer.
Les entreprises qui utilisent déjà l’IA sont en effet minoritaires parmi les membres de Swissmem. Seule une entreprise sur huit a envisagé l’utilisation de l’IA dans sa production. Dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement, cela représente même moins de 20% des entreprises. Cependant, les entreprises prévoient au cours des trois prochaines années de renforcer la mise en oeuvre de l’IA dans les domaines du développement de produits, de la maintenance préventive et l’optimisation des machines, notamment.
Toujours selon l’étude de l’EPFZ, les principaux obstacles sont le manque de spécialistes qualifiés en IA et l’accès au savoir-faire pertinent. En outre, les compétences numériques doivent être améliorées au niveau de la formation professionnelle, dans les universités et parmi les employés.