Le risque politique fait dérailler les marchés

Axel Botte, Ostrum AM

2 minutes de lecture

L’annonce des législatives en France plonge les marchés dans l’incertitude, avec une nette sous-performance des actions et obligations hexagonales.

©Keystone

 

Le risque politique est de nouveau prépondérant sur les marchés financiers mondiaux. Après l’ajustement brutal des devises sud-africaine et mexicaine en réaction aux dernières élections, l’annonce des législatives anticipées en France s’est traduite par une nette sous-performance des actifs français. Le CAC abandonne tous ses gains de l’année et le spread de l’OAT, un temps insensible à l’abaissement de la note de crédit par S&P, s’échange désormais proche du seuil des 80pb. L’euro replonge sous 1,07 dollars en réaction à l’incertitude politique, qui atteint également les marchés du crédit à travers un écartement des swap spreads. La tendance à la compression des spreads par notation traduit les tensions centrées sur le souverain, et donc l’investment grade. La Banque du Japon (BoJ) reste spectatrice de la faiblesse du yen (158 pour un billet vert), tout en concédant la nécessité de réduire les achats de «Japanese Government Bonds» (JGB).

Une forte aversion pour le risque

Aux Etats-Unis, le FOMC a maintenu le statu quo sur les taux à 5,50%. La médiane des projections de taux du FOMC pour 2024 indique une seule baisse cette année, mais le scénario le plus cité inclut deux mouvements. Le repli de l’indice des prix à la consommation à 3,3% en mai et la contribution plus faible des prix des services constituent une première bonne nouvelle sur l’inflation après trois surprises haussières. Les prix des importations et à la production pointent également une modération. En outre, le marché du travail poursuit sa normalisation. La hausse graduelle du chômage autorisera ainsi la Fed à agir, probablement dès le mois de septembre. L’Europe emboîte le pas aux Etats-Unis en annonçant une hausse des tarifs douaniers sur les véhicules électriques chinois. La Chine répliquera par des mesures similaires et maintiendra un yuan faible, d’autant que, de son côté, la BoJ ne semble pas en capacité d’enrayer la chute du yen. Le protectionnisme et les dévaluations compétitives sont les deux faces d’une même politique commerciale délétère. L’Allemagne, prise dans l’étau des propositions tarifaires européennes, voit ses espoirs de reprise des exportations se réduire.

Sur les marchés les flux vers les fonds monétaires américains sont révélateurs de l’aversion pour le risque. Plus de 6 billions de dollars sont actuellement parqués sur les supports les moins risqués. Le T-note (4,20% en fin de semaine) bénéficie des réallocations de l’Europe vers les Etats-Unis et de la désinflation américaine. Le Bund (2,35%) demeure une valeur refuge locale, mais le risque politique justifie aussi une réduction de l’exposition en sensibilité aux taux européens. La pentification induite de la courbe s’accompagne d’un écartement significatif du swap spread à 2 ans. Le spread français s’approche de 80pb. La dette italienne s’échange à 160pb. Cette tension impacte les valorisations sur le crédit (en particulier les financières subordonnées), même si le spread moyen sur l’Euro IG ne s’écarte que de 2pb contre swap. La compression des spreads sur indices traduit le stress centré sur l’IG. Sur les marchés d’actions, la technologie américaine (+2,8%) masque un marché sans relief. L’écart de volatilité cotée entre le VSTOXX (20,5%) et le VIX (12%) est symptomatique de l’asymétrie des risques. Le marché européen s’inscrit en baisse de 4% sur la semaine; le CAC 40 plonge de 6%.

A lire aussi...