L’organisation faîtière des travailleurs Travail.Suisse présente un nouveau document de position pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
«A travail égal, salaire égal»: cette revendication vieille de plusieurs dizaines d’années est restée lettre morte. L’organisation faîtière des travailleurs Travail.Suisse présente un nouveau document de position pour une réelle égalité entre les femmes et les hommes.
Les hommes sont également victimes de discriminations, rappellent lundi Travail.Suisse et les dix fédérations affiliées. La majorité de ceux qui officient à plein temps travailleraient volontiers à temps partiel, mais seuls 17,5% y parviennent, selon une étude de Pro Familia publiée en 2011.
La voie vers une réelle égalité est longue, souligne Travail.Suisse. C’est pourquoi l’organisation et les syndicats examinent la possibilité d’introduire une liste noire des entreprises qui pratiquent la discrimination salariale. Ils veulent ainsi les obliger à mettre en oeuvre l’égalité salariale.
Une idée qui ne plaît pas aux conseillers aux Etats. Lors des discussions sur la révision de la loi sur l’égalité, certains d’entre eux ont estimé que soumettre les entreprises à une analyse des salaires n’était pas la bonne voie.
D’autres prétendent que l’inégalité salariale n’existe pas, qu’elle est «le résultat de statistiques erronées», critique Sabri Schumacher, responsable du service égalité du syndicat Syna. Pourtant, les femmes gagnent en moyenne 7% de moins que les hommes, rappelle-t-elle. Et les conséquences négatives se ressentent au-delà de la retraite.
L’égalité entre hommes et femmes doit également englober les tâches assumées par les quelque 1,9 million de proches aidants. Les personnes qui prennent en charge des adultes et des proches malades sont majoritairement des femmes, indique Valérie Borioli Sandoz, responsable du dossier égalité chez Travail.Suisse.
Ce travail représente 100 milliards de francs chaque année, mais il n’est pas rémunéré. Et les femmes sont «punies» à la retraite avec une rente plus petite. Les proches aidants doivent être mieux protégés socialement, revendique Travail.Suisse. L’évolution démographique et la pénurie de personnel qualifié rendent cette prise en charge encore plus nécessaire.
Parmi les exigences de l’organisation figurent notamment de meilleures conditions-cadre pour permettre la conciliation de l’activité professionnelle et du travail de care, des congés payés en cas de soins prolongés et un droit parental à travailler à temps partiel.
Jacques-André Maire, vice-président de Travail.Suisse et conseiller national (PS/NE), présentera au Parlement la possibilité de reconnaître dans l’AVS le travail de care bénévole réalisé durant la vie active. L’idée est de comptabiliser tout engagement bénévole afin d’améliorer les rentes.
Autre revendication présentée par la faîtière, une imposition individuelle. Elle est «incontournable pour favoriser l’égalité», estime Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse.
Actuellement, le salaire de la femme s’additionne à celui de son mari. Le revenu du couple est imposé à un taux supérieur et cela a poussé de nombreuses femmes à limiter leur taux d’activité pour des raisons financières.
Si la femme remplit elle-même sa déclaration fiscale, son revenu est visible, ce qui l’encourage à prendre - ou à étendre - une activité lucrative. Le Conseil fédéral a calculé que le passage à l’imposition individuelle impliquerait un manque à gagner évalué entre 240 millions et 2,37 milliards. Selon Travail.Suisse, cette perte serait compensée par un engagement plus important des femmes sur le marché du travail.