La Fed réimpose aux banques le ratio de levier supplémentaire (SLR)

AWP

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La Réserve fédérale prépare la sortie de crise. Les banques vont de nouveau devoir détenir un «coussin» de capitaux censé leur permettre d’absorber des pertes éventuelles.

La banque centrale américaine, prenant acte de l’amélioration de l’économie, va mettre fin à l’exemption temporaire accordée aux grandes banques américaines sur leurs réserves obligatoires qui était destinée à faciliter les crédits accordés aux ménages et aux entreprises.

Cette disposition, qui permettait aux banques d’exclure du calcul de leurs réserves les bons du Trésor et les dépôts auprès de la Banque centrale, prendra fin «comme prévu le 31 mars», a annoncé la Réserve Fédérale (Fed) vendredi dans un communiqué.

Concrètement, en réimposant cette règle du SLR -- «ratio de levier supplémentaire» (supplementary leverage ratio, en anglais) --, les banques vont de nouveau devoir détenir un «coussin» de capitaux censé leur permettre d’absorber des pertes éventuelles.

«Pour atténuer les tensions sur le marché du Trésor résultant de la pandémie de COVID-19 et promouvoir les prêts aux ménages et aux entreprises», la Fed avait «temporairement modifié le SLR» l’an passé, rappelle la Banque centrale.

Cette mesure a incité les grandes banques à prêter et a soutenu le marché obligataire ainsi que le financement à court terme.

Mais «depuis, le marché s’est stabilisé», explique l’institution, qui a donc décidé de ne pas prolonger cette disposition.

Pour autant, elle prévoit de réexaminer la disposition concernée, dont l’efficacité est remise en cause par les mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire.

La Fed se dit confiante dans le fait que la levée de cette exemption ne perturbera pas la liquidité sur le marché des emprunts d’Etat et souligne que les grandes banques américaines affichent des niveaux de fonds propres élevés.

Cependant, avec la croissance récente de l’offre de réserves de la Banque centrale et des émissions de bons du Trésor, l’institution reconnaît qu’elle va devoir se pencher sur la conception et les règles d’application du SLR, «pour prévenir le développement de tensions qui pourraient à la fois contraindre la croissance économique et compromettre la stabilité financière».

Selon la presse financière, la Banque centrale américaine a pris cette décision malgré la pression exercée par les banques pour obtenir une nouvelle extension de l’exemption.

La dérogation devait initialement expirer fin décembre mais la Fed avait décidé de la prolonger de trois mois à l’automne alors que la reprise économique marquait le pas en raison d’une nouvelle vague d’infections par le Covid-19 aux Etats-Unis.

Mais ces dernière semaines, le rebond économique est là, grâce au reflux de la pandémie.

L’annonce de la Fed a fait plonger les valeurs financières à l’ouverture de Wall Street, le secteur bancaire du S&P 500 accusant un repli de 1,63% à 14H00 GMT. Bank of America perdait 2,68%, Wells Fargo -3%, Goldman Sachs -1,79%.

«Revenir à la normale»

«Nous sortons de la pandémie et nous devons revenir à la normale», a commenté Peter Cardillo, analyste chez Spartan Capital Securities. Et lorsque l’on revient à la normale, «les choses redeviennent difficiles», a-t-il consenti.

Mercredi, la Banque centrale américaine avait dévoilé des prévisions économiques meilleures que prévu, soulignant que l’activité économique et l’emploi avaient «récemment rebondi» grâce à l’accélération de la vaccination.

Elle table désormais sur une croissance de 6,5% du Produit intérieur brut cette année avant 3,3% en 2022.

Les Etats-Unis franchiront vendredi, avec plus d’un mois d’avance, l’objectif fixé par le président Joe Biden de 100 millions d’injections de vaccins anti-COVID durant les 100 premiers jours de son mandat.

Le rythme de vaccination a accéléré de manière spectaculaire au cours des dernières semaines.

Il est actuellement de 2,4 millions de doses par jour en moyenne, contre un peu moins d’un million lorsque le démocrate est arrivé au pouvoir le 20 janvier.

Parallèlement, le Congrès a approuvé un plan de sauvetage de l’économie de 1.900 milliards de dollars, qui va doper les dépenses de consommation et donc la croissance.

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