Finances fédérales: le National coupe 250 millions dans la coopération

AWP

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Ces coupes sont certes difficiles, mais nécessaires pour équilibrer le budget, a fait valoir au nom de la commission Jacques Nicolet (UDC/VD).

La coopération internationale devrait se passer de 250 millions de francs en 2025. Le National l’a décidé mercredi lors des débats sur le budget de la Confédération. La gauche et le PVL ont dénoncé une «faute stratégique dramatique».

Ces coupes sont certes difficiles, mais nécessaires pour équilibrer le budget, a fait valoir au nom de la commission Jacques Nicolet (UDC/VD).

Dans le détail, la Direction du développement et de la coopération (DDC) devrait renoncer à près de 150 millions pour la coopération bilatérale en 2025, passant de 867 millions à 719 millions. Les contributions à des organisations multilatérales devraient diminuer de 52 millions, de 309 à 256 millions.

Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) verrait lui ses moyens alloués à la coopération économique être réduits de 50 millions de francs. Il reste 350 millions pour ce poste. Il n’y aura pas de coupes à l’action humanitaire, qui disposera de 400 millions, a précisé le Vaudois.

La DDC a profité des années de paix. Avec la nouvelle donne stratégique mondiale, il faut fixer de nouvelles priorités, a soutenu Pius Kaufmann (Centre/LU).

Les budgets de la coopération ont augmenté continuellement ces dernières décennies. Il faut désormais les stabiliser au profit de la sécurité de la Suisse, a abondé Andreas Gafner (UDF/BE).

Erreur stratégique

La gauche a dénoncé une erreur stratégique dramatique. La coopération internationale sert directement les intérêts de la Suisse et sa sécurité, a plaidé Cédric Wermuth (PS/AG). La population suisse y est attachée également, on le voit dans les sondages.

«Ne sommes-nous pas plus humains?», a lancé Marc Jost (PEV/BE). En tant que pays riche et de tradition chrétienne, nous avons une responsabilité envers les pauvres.

Ils ont reçu le soutien des vert’libéraux. C’est n’est pas seulement un poste budgétaire, mais un travail de longue haleine pour la paix, a rappelé Corina Gredig (PVL/ZH). Et d’anticiper un dégât de réputation important pour la Suisse.

La ministre des finances Karin Keller-Sutter a aussi exhorté les députés à revenir à la version du gouvernement. La baisse de 250 millions demandée représente 16% des dépenses budgétisées. Une telle coupe ne sera pas possible sans interrompre des projets sur le terrain, a rappelé la St-galloise. Le National a au final avalisé les coupes par 102 voix contre 80.

Acharnement

Dans la foulée, la salle a soutenu par 109 voix contre 77 une proposition de l’UDC David Zuberbühler visant à amputer du budget les 20 millions de francs prévus pour l’organisation onusienne d’aide aux réfugiés de Palestine au Proche-Orient, l’Unrwa.

Il avait fait la même tentative l’an dernier, sans succès. Le montant avait toutefois été réduit par la suite à 10 millions par le Conseil fédéral, dans le contexte des accusations israéliennes de collaboration avec le Hamas.

Des accusations qui n’ont finalement pas été prouvées, a rappelé Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE), dénonçant un acharnement incompréhensible contre l’Unrwa. Le National a déjà adopté une motion du même député demandant de suspendre les fonds destinés à l’Unrwa.

 

Le National coupe 105 millions dans l’asile

Le National a avalisé mercredi des coupes de 105 millions dans l’asile pour 2025. La plupart de cette somme est liée à la fermeture de neuf centres fédéraux d’asile décidée par le Conseil fédéral.
Ce sont ainsi 85 millions qui seront économisés. Neuf centres d’asile temporaires seront fermés d’ici début mars, une décision prise en raison d’un nombre moins important de demandes d’asile.
L’autre coupe, de 20 millions, intervient dans les indemnités versées aux cantons au titre de l’aide sociale destinée aux réfugiés, requérants d’asile et personnes admises à titre provisoire.
Peter Schilliger (PLR/LU) a plaidé pour préciser que cette réduction doit être obtenue en augmentant le taux d’emploi des personnes au bénéfice du statut S. L’objectif doit être relevé de 45% à 50%. Il a été suivi par la majorité.

Dépenses ordinaires ou extraordinaires
Le PS aurait voulu qu’une partie des dépenses liées au statut S soit comptabilisée à titre extraordinaire. Il s’agit de créer une marge de manoeuvre. L’augmentation des dépenses de l’armée et la coopération seraient ainsi possible, a fait valoir Sarah Wyss (PS/BS). Elle n’a été suivie que par les Vert’libéraux.
L’UDC aurait, au contraire, voulu que l’ensemble de ces dépenses (700 millions) soient inscrites au budget ordinaire et compensées par une coupe dans le budget global du SEM. La proposition n’a pas convaincu au-delà de l’UDC.
Le parti a aussi tenté de supprimer les ressources du crédit-cadre pour la migration prévues pour la contribution de la Suisse à l’élargissement de l’UE, sans plus de succès.
L’UDC et la gauche n’ont pas eu plus de chance concernant les mesures d’intégration des étrangers. La première voulait couper 53 millions dans ce poste tandis que la seconde demandait une hausse de 20 millions. Les deux propositions ont été balayées.
Les députés ont aussi approuvé pour 2024 un crédit supplémentaire de 185 millions de francs destinés à couvrir les dépenses supplémentaires pour les personnes à protéger venues d’Ukraine. Le Conseil fédéral a sollicité ce crédit comme dépenses extraordinaires. Seule l’UDC s’y est opposée.
Le National poursuit les discussions sur les montants alloués à l’agriculture.

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