La directrice générale déléguée Emmanuelle Assouan craint des «ajustements qui pourraient devenir désordonnés (...) sous l’influence notamment de certains acteurs» non bancaires.
La Banque de France s’est montrée mardi préoccupée par la vulnérabilité de certains acteurs financiers non régulés en cas de crise financière, avec un possible effet de contagion à la sphère bancaire traditionnelle.
La dégradation de l’environnement économique, avec des risques de récession et une inflation persistante, a jusqu’à présent provoqué des «ajustements» importants mais «ordonnés» sur les marchés financiers, a expliqué lors d’une présentation à la presse Emmanuelle Assouan, directrice générale déléguée de la Banque de France, en charge du pôle de stabilité financière.
Toutefois «ces ajustements pourraient devenir désordonnés (...) sous l’influence notamment de certains acteurs» non bancaires, a-t-elle averti, ce qui est, pour la Banque de France, «un point d’attention majeur».
«A la suite de la crise de 2008, et de la nouvelle réglementation financière mise en place pour mieux encadrer l’activité bancaire, la croissance des actifs des banques a ralenti, ce qui a ouvert des opportunités à d’autres intermédiaires financiers», non bancaires et donc moins régulés, a rappelé la Banque de France dans son rapport semestriel sur l’évaluation des risques du système financier.
Ces acteurs non bancaires recouvrent notamment des compagnies d’assurance mais aussi différents types de fonds, et certains d’entre eux ont recours à d’importants effets de levier, c’est-à-dire qu’ils augmentent leurs potentiels gains ou pertes en s’endettant ou à travers des opérations financières complexes.
Problème: lorsque le marché se retourne, face aux pertes importantes, ces acteurs peuvent être tentés de vendre ou d’acheter des titres en urgence pour limiter les dégâts. Dans le jargon, on parle de déboucler une position.
Cette volte-face peut ensuite «amplifier ces mouvements (sur les marchés) de manière très importante», poursuit la Banque de France.
Selon elle, les banques françaises étaient exposées, en septembre dernier, à hauteur de 400 milliards d’euros à ce type d’entités, contre près de 300 milliards il y a trois ans.
Tous ces investissements ne représentent pas un risque immédiat, d’autant plus que les assureurs et fonds français ont des pratiques en moyenne plus saines.
En revanche, il y a un «angle mort», celui des fonds «pas ou mal régulés», hors Union européenne, explique Mme Assouan.
Du fait de la «faiblesse de la transparence», les banques peinent à bien estimer leurs risques, tout comme les superviseurs, ce qui est «un des points problématiques», selon elle.