BRI inquiète de la déconnexion entre marchés et économie réelle

AWP

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La banque centrale des banques centrales pointe en particulier le rebond des indices boursiers US et chinois.

La banque des règlements internationaux (BRI) est revenue sur le vif rebond des marchés financiers dans son rapport trimestriel, publié lundi, s’inquiétant d’un risque de déconnexion avec les perspectives économiques et signes de détérioration sur le front du crédit.

En mars, les marchés financiers avaient essuyé un choc violent avec la pandémie de COVID-19 mais ont depuis nettement rebondi, a retracé cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales, et qui propose chaque trimestre dans son rapport une analyse de l’évolution des marchés, de l’économie et des politiques monétaires.

Aux Etats-Unis et en Chine en particulier, les grands indices boursiers étaient revenus en août à des niveaux de valorisations d’avant pandémie, qui donnaient pourtant déjà en début d’année «des signes de surchauffe», ont fait valoir les économistes de la BRI, notant que ce rebond s’inscrivait en «porte-à-faux avec les perspectives économiques en général».

Sur les marchés obligataires également, les écarts de taux se sont resserrés par rapport à leurs niveaux historiques à long terme, malgré des signes de «détérioration de la qualité du crédit», suggérant là aussi une «déconnexion avec les risques sous-jacents», ont-ils relevé.

Un plus faible niveau d’activité économique signifie que les entreprises génèrent moins de revenus et de flux de trésorerie pour rembourser leur emprunts.

«Concrètement», cela signifie que les faillites devraient s’accroître de 20 à 40% en 2020 dans l’hypothèse d’une contraction de l’activité économique entre -4,4% à -11% cette année si les tendances observées historiquement s’appliquaient, ont-ils calculé.

Et pourtant, avec les mesures de soutien à l’économie, le nombre de faillites a été moindre depuis le début de l’année que sur les périodes comparables au cours des cinq dernières années, et cela malgré une hausse du nombre d’entreprises dites «zombies» qui, bien que très vulnérables, sont parvenues à se maintenir en activité.

Pour atténuer le choc économique de la pandémie, les banques centrales sont intervenues massivement, notamment par le biais d’actions concertées.

Un des grands défis après la phase d’injections de liquidités qui ont permis de soutenir l’économie, et par ricochet à de nombreuses entreprises de se maintenir à flot, va être de passer à la phase «solvabilité», a averti Claudio Borio, le chef du département monétaire et économique de la BRI, lors d’une conférence téléphonique.

«Le vrai défi va être de faire la distinction entre les entreprises viables et non-viables», ce qui est loin d’être simple, a-t-il mis en garde, «compte tenu des incertitudes sur l’évolution de la demande», a-t-il jugé.

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