Protection intrinsèque contre les soubresauts

Nicolette de Joncaire

2 minutes de lecture

Les gérants d’obligations convertibles peuvent sourire. Le retour de la volatilité jouerait plutôt en leur faveur.

Pendant plus d’un an, en 2017, le VIX a stagné au-dessous de 15. Une volatilité anormalement basse qui n’a pas fait l’affaire des portefeuilles d’obligations convertibles. Nathalia Barazal, responsable de la gestion des obligations convertibles chez Lombard Odier Investment Management, estime que cette chute de la volatilité action a pesé sur la performance de son portefeuille et de la classe d’actif des obligations convertibles en général sur les 18 derniers mois.  

Avec le regain de croissance, les premiers signes d’inflation et la politique de resserrement monétaire de la Banque centrale américaine (quantitative tightening ou QT), la volatilité a repris. Le VIX frôlait 40 le 5 février et les obligations convertibles devraient reprendre des couleurs à travers la revalorisation de leur part optionnelle. Une situation favorable aux convertibles qui permettent de surfer les turbulences des marchés.

Les obligations convertibles sont un peu des véhicules tout terrain. Grâce à leur profil asymétrique, elles participent à la croissance des marchés actions grâce à leur composante option mais leur composante obligataire permet d’en amortir les retournements. En d’autres termes, si l’action sous-jacente flambe, l’investisseur profite de l’option. Si l’action chute, il bénéficie de la protection obligataire obligataire, tout particulièrement lorsque le crédit est de bonne qualité.

«C’est une classe d’actifs qui présente des opportunités d’accès aux actions sans la volatilité de ces dernières» commente Nathalia Barazal. Une classe d’actifs qui correspond donc bien au profil de clients qui ne veulent pas trop s’exposer et cherchent des performances stables à moyen et long terme. Reste toutefois à leur expliquer le comportement d’instruments souvent mal connus.

«Les obligations convertibles sont un peu des véhicules tout terrain.
Grâce à leur profil asymétrique, elles participent à la croissance des marchés actions.»

Pour Nathalia Barazal, Il est important d’intégrer correctement l’asymétrie dans le processus de sélection des titres et ne pas négliger l’importance de la protection à la baisse. «La sensibilité aux actions doit être de l’ordre de 40 à 60%. Au-delà, l’instrument ressemble trop à l’action elle-même et il faut penser à le vendre, pour conserver le ratio rendement/risque recherché» nous dit la gérante.

En cas de remontée des taux (anticipée cette année aux US), la composante obligataire d’une obligation convertible se déprécie mais l’option a tendance à se revaloriser. Il importe cependant de noter ici que dans la grande majorité des périodes de hausse des taux passées, les convertibles ont surperformé les obligations straights.

Les phases de marché difficiles ont souvent été bénéfiques aux obligations convertibles. Lors de la crise de 2007-2008, la gestion de Nathalia Barazal s’est particulièrement distinguée. «En appliquant une stratégie monétaire opportuniste à court-terme, nous avions réussi à tirer partie de la cassure des marchés» explique la gérante.  «Mais nous sommes restés ultra-défensifs. En 2008, notre sensibilité aux actions n’était que de 30%» ajoute-t-elle.

En 2018, son objectif est de générer une bonne performance ajustée de la volatilité sur une position en convertibles globale de 7,3 milliards d’euros dont le Lombard Odier Convertible global Bond Fund représente à lui seul 4,7 milliards. «Notre positionnement est de conviction, sur les actions et sur le crédit». Pas de vue sur les devises, couvertes au minimum à 90% (97% à l’heure actuelle). Le portefeuille compte environ 150 positions sur 110 entreprises. Il est Investment Grade avec une porte ouverte au High Yield (rarement supérieurs à 20% de la position). Les titres sont notés B- au minimum mais très peu sont notés au-dessous de BB.