Le smart beta s’attaque à la parité de risque

Cyril Gomez

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S&P et MSR lancent des indices reflétant l’approche d’allocation basée sur la contribution au risque global plutôt que sur le rendement attendu.

La nouvelle est passée presque inaperçue mais a pourtant son importance pour la gestion d’actifs. Standard & Poor’s (S&P) a en effet lancé la semaine dernière la première famille d’indices smart beta reflétant les stratégies de parité de risque (risk parity), en partenariat avec la société MSR Investments. Les providers de fonds indiciels cotés, par exemple, vont ainsi pouvoir offrir un accès relativement bon marché à une des stratégies d’investissement ayant connu le plus de succès depuis la crise financière de 2008.

Le terme de parité désigne le rapport d’égalité ou de similitude entre deux choses. Les stratégies de parité de risque consiste donc à faire en sorte que les différentes classes d’actifs d’un portefeuille contribuent de façon égale à la volatilité ou risque de celui-ci. La construction ne se fait donc pas sur la base des rendements attendus à partir de chaque classe d’actifs, mais sur celle de leur risque. Ayant pour objectif de maximiser le rendement par unité de risque, ce type de stratégie repose donc essentiellement sur l’analyse détaillée du jeu de corrélations qu’entretiennent les diverses classes d’actifs entre elles.

Ce sont les obligations qui affichent
le rendement ajusté du risque le plus élevé.

Pour illustrer ce concept, S&P a construit deux portefeuilles hypothétiques à deux classes d’actifs inversement corrélées, à savoir des actions et des obligations. Appliqué à une période de 18 ans, l’exercice montre que les actions surperforment clairement les obligations. Mais la performance excédentaire se paie au prix d’une volatilité beaucoup plus importante. Au point que ce sont les obligations qui affichent le rendement ajusté du risque le plus élevé, à 1,62. Contre 0,45 pour les actions...

Ainsi, en combinant au moins deux classes d’actifs, on peut atteindre un couple risque/rendement supérieur à celui d’un des deux actifs pris séparément. De fait, en partant d’un portefeuille composé à 100% d’actions, puis en augmentant progressivement de 10% la part des obligations, le rendement par unité de risque ne cesse d’augmenter.

Il apparaît, à notre surprise, que parmi toutes les combinaisons possibles ce soit la combinaison 10/90 (10% actions et 90% obligations) qui génère le rendement ajusté du risque le plus élevé. Un rendement de 1,82 pour être précis. «Ces résultats montrent à quel point la combinaison d’actifs peu corrélés dans un même portefeuille peut être efficace», insiste Phillip Brzenk, directeur du Global Research & Design chez S&P Dow Jones Indices (SPDJI).

S’agissant des indices S&P Risk Parity, ceux-ci sont construits de façon à ce que chaque classe d’actifs contribue de façon égale au risque global de l’indice stratégique dans lequel ils sont inclus. Ils sont composés de contrats à terme sur les grands indices boursiers d’actions, obligataires et de matières premières. La partie action consiste en indices S&P 500, Euro Stoxx 50 et Nikkei 225. La partie obligataire se compose pour sa part de contrats à terme sur les T-Notes, les Gilt britanniques, le Bund ou encore les emprunts d’Etat japonais (JGB), tandis que la partie matières premières comprend aussi bien pétrole, gaz, or, argent que bétail, sucre, coton et blé.

«Beaucoup de ces indices de référence standards ne reflètent en rien
la construction ou les attentes de risque/rendement des stratégies de parité de risque.»

La volatilité réalisée est utilisée pour déterminer la volatilité du sous-jacent. Un des aspects les plus importants est le mécanisme de maintien de la volatilité des indices stratégiques à un niveau prédéterminé. Ainsi la famille d’indices S&P Risk Parity se divise en trois variantes, à savoir le S&P Risk Parity Index - 10% Target Volatility, le S&P Risk Parity Index - 12% Target Volatility et le S&P Risk Parity Index - 15% Target Volatility.

Pour maintenir la volatilité cible à son niveau prédéterminé, par exemple à 12%, le mécanisme de maintien augmentera la part de cash et diminuera le poids de l’indice de base, à chaque fois que la volatilité constatée de l’indice de base dépasse la cible de l’indice stratégique. AÀ l’inverse, lorsque la volatilité de l’indice de base est inférieure à la volatilité cible de l’indice stratégique, S&P réduira la part de cash et augmentera le poids de l’indice sous-jacent.

«Grâce aux indices S&P Risk Parity, les fonds de parité de risque et leurs gérants peuvent pour la première fois comparer leurs performances à un benchmark incarnant réellement le profil de risque/rendement et les caractéristiques d’allocation d’une stratégie fréquemment utilisée», a commenté Vinit Srivastava, Managing Director chez SPDJI, lors de l’annonce du lancement mercredi dernier.

«Avant le lancement de ces indices, de nombreux investisseurs utilisaient un indice de référence traditionnel, tel que le portefeuille 60/40, pour mesurer la performance relative des fonds de parité de risque», a pour sa part rappelé Michael Rulle, fondateur et CEO de MSR Investments, société de gestion et de conseils spécialisée dans les stratégies alternatives sur contrats à terme dites CTA. 

«Malheureusement, beaucoup de ces indices de référence standards ne reflètent en rien la construction ou les attentes de risque/rendement des stratégies de parité de risque», ajoute Michael Rulle. Enfin, ces nouveaux indices alternatifs, libellés en dollars, sont rebalancés chaque mois. Les backtests suggèrent que l’indice S&P Risk Parity - 10% Target Volatility aurait enregistré un rendement annuel excédentaire de près de 3,5% par an au cours des dix dernières années (au 31 juillet 2018).

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