Une approche neutre mais sélective s’impose

Gerald Moser, LGT

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Depuis le début de l’année, la politique tarifaire américaine a profondément perturbé le commerce mondial, faussant significativement le tableau de croissance au premier semestre 2025.

Après plusieurs mois marqués par les tensions commerciales américaines qui ont alimenté la volatilité du commerce mondial et freiné la croissance économique, la récente escalade du conflit entre Israël et l’Iran – avec l’implication directe des Etats-Unis – a de nouveau ébranlé les marchés financiers et sapé la confiance des investisseurs. Dans ce contexte géopolitique tendu et face aux répercussions persistantes du conflit commercial, nous anticipons un ralentissement de l’activité aux Etats-Unis, une baisse de la demande d’importation et des pressions inflationnistes dans les mois à venir. Nous préconisons donc un positionnement global «Neutre» en actions, afin de gérer prudemment les risques dans un environnement à faible croissance.

Macroéconomie

Depuis le début de l’année, la politique tarifaire américaine a profondément perturbé le commerce mondial, faussant significativement le tableau de croissance au premier semestre 2025. Si l’économie américaine a semblé résistante jusqu’à récemment – portée par des investissements anticipés et une consommation solide – cet élan s’essouffle désormais. D’ici la fin de l’année, nous anticipons une baisse de la demande d’importation, un affaiblissement de l’activité intérieure et des risques inflationnistes liés aux tarifs douaniers – autant de conséquences différées du conflit commercial.

Stratégie d’investissement

Tandis que le climat macroéconomique du premier semestre a été dominé par les tensions commerciales, nous pensons que le second semestre sera caractérisé par une accalmie relative – bien que toujours sur un niveau élevé – et une transition vers un environnement à faible croissance, avec des dynamiques d’inflation divergentes. Dans cette configuration, un positionnement actions «Neutre», aligné sur la pondération stratégique, nous semble approprié: les risques apparaissent désormais plus équilibrés, bien que l’incertitude reste élevée.

Stratégie actions

Les marchés actions mondiaux ont fortement progressé ces dernières semaines, tirés notamment par les grandes capitalisations liées à l’intelligence artificielle. L’apaisement relatif des tensions commerciales et la stabilisation des prévisions de bénéfices ont également joué un rôle favorable. Cependant, les incertitudes géopolitiques – notamment autour des accords commerciaux américains et des tensions au Moyen-Orient – continuent de peser. Le marché américain est particulièrement vulnérable: les valorisations tendues ne compensent pas les risques élevés, limitant ainsi le potentiel de hausse, sauf nette amélioration des fondamentaux (taux inférieurs aux attentes, bénéfices plus solides). Nous maintenons donc notre position «Sous-pondérée» sur les actions américaines.

À l’inverse, nous relevons notre exposition aux marchés émergents à «Surpondérée», soutenus par une dynamique bénéficiaire en amélioration, une composition sectorielle attractive (notamment finance et technologies), et une moindre exposition aux risques commerciaux.

Enfin, nous abaissons le secteur industriel à «Neutre» après sa forte surperformance récente, afin de sécuriser les gains réalisés – ce secteur étant à la fois cyclique et onéreux.

Stratégie obligataire

Les obligations souveraines américaines conservent un rôle central dans le système financier international, mais leur statut de valeur refuge est de plus en plus remis en question. La montée de la dette publique, l’alourdissement des charges d’intérêt et l’instabilité politique fragilisent la confiance des investisseurs. L’agence Moody’s a déjà abaissé la note de crédit des Etats-Unis, et les investisseurs internationaux se montrent plus prudents.

Nous anticipons ainsi des pressions haussières sur les rendements des obligations longues, atténuées en partie par un report vers la demande domestique. Malgré leur importance persistante, les US Treasuries ont visiblement perdu de leur éclat en tant que refuge ultime.

Stratégie devises et or

À court terme, le dollar américain bénéficie encore du différentiel de taux d’intérêt, ce qui devrait permettre une certaine stabilité autour des niveaux actuels. Mais à moyen terme, la dégradation qualitative des institutions – notamment en matière de gouvernance – constitue un vent contraire structurel. Ces fragilités devraient progressivement rapprocher le dollar de sa juste valeur théorique, estimée à 1,20 pour l’EUR/USD. Nous prévoyons un taux de change de 1,17 à 12 mois, combinant soutien à court terme et vulnérabilités à moyen terme.

Dans ce contexte, l’or conserve son rôle de diversification, soutenu par les tensions géopolitiques et les risques inflationnistes liés à la politique tarifaire américaine. Nous estimons que le cours de l’or au comptant atteindra 3’500 dollars dans six mois et 3’600 dollars dans un an. Nous passons donc le métal précieux à une notation «Attractive».

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