Un contexte favorable aux titres aurifères

Charles-Henry Monchau, FlowBank

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Après une performance décevante au second semestre 2020, le secteur pourrait reprendre la tendance haussière amorcée en 2016.

L’or a été l’une des classes d’actifs les plus performantes en 2020 avec une appréciation de 20%. Sur l’ensemble de l’année, les actions aurifères inclues dans l’ETF VanEck Vectors Gold Miners (GDX) ont progressé de 32%. Après une baisse brutale en mars, les actions aurifères avaient fortement rebondi au deuxième trimestre alors que l’or atteignait le niveau de 2’000 dollars l'once pour la première fois. Mais depuis le mois d’août, le secteur a sous-performé les principaux indices actions. 

Le rebond des valeurs aurifères en ce début d’année
peut être attribué au basculement du Sénat américain vers le parti démocrate.

En ce début d’année, le secteur semble avoir le vent en poupe avec notamment une forte progression lors de la première session de 2021. Certains facteurs macro- et micro-économiques militent en faveur de la poursuite de ce mouvement haussier. 

Contexte macro-économique 

Le rebond des valeurs aurifères en ce début d’année peut être attribué au basculement du Sénat américain vers le parti démocrate après le second tour des élections dans l’Etat de Géorgie. Le parti de Joe Biden a désormais tous les pouvoirs en mains – Maison blanche, chambre des représentants et Sénat – ce qui augmente les chances d'un soutien budgétaire plus important que si le parti Républicain avait conservé sa majorité au Sénat. Avec cette vague bleue, les déficits «jumeaux» (budget et balance des paiements) pourraient s’aggraver aux Etats-Unis, ce qui devrait peser sur le dollar et donc permettre à l’or de continuer son mouvement haussier. Ce scénario est favorable aux actions aurifères. En effet, il existe une corrélation élevée entre l’or et les valeurs minières (cf graphique ci-dessous) – même si cette corrélation n’est pas stable dans le temps. Historiquement, les actions aurifères ont permis de jouer la hausse de l’or avec un effet de levier.

Performance des valeurs aurifères, de l’or et du S&P 500 depuis début 2020

 

Facteurs micro-économiques

Sur le plan fondamental, trois éléments concernant les mines d’or ont retenu notre attention. 

Tout d’abord celui des dépenses d’investissement. En effet, les dirigeants de mines d’or semblent avoir collectivement tiré les dures leçons des cycles précédents. Dans le passé, les sociétés aurifères avaient tendance à investir dans de nouvelles capacités lorsque l’or était au plus haut. Mais lorsque l’or rentrait dans un marché baissier, les mines faisaient face à une situation de surendettement alors que les revenus engendrés baissaient très nettement. Dans le cycle actuel, les dirigeants semblent avoir été beaucoup plus prudents. Comme le montre le graphique ci-dessous (source: Crescat Capital), on observe même une très nette dichotomie entre les prix de l’or et les dépenses d’investissement (CAPEX). Ce scénario est unique et participe d’ailleurs au mouvement haussier de l’or car le marché se retrouve dans une situation de déséquilibre entre la demande (en hausse) et l’offre (en baisse).   

Les sociétés aurifères vont très certainement être incitées
à augmenter de nouveau leurs capacités de production.

Cependant, une poursuite de la hausse du prix de l’or va très certainement inciter les sociétés aurifères à augmenter de nouveau leurs capacités de production, ce qui leur permettra d’augmenter les revenus. 

Prix de l’or (en blanc) et dépenses d’investissements des 50 plus grandes valeurs aurifères (en rouge)

 

Autre élément positif pour les valeurs aurifères: leur situation d’endettement.  

Alors que le secteur des mines de métaux précieux est historiquement l’un de ceux avec le taux d’endettement le plus élevé, leur ratio dette / actif est désormais l’un des plus bas toutes industries confondues (cf graphique ci-dessous – source: Crescat Capital). Cette situation est évidemment liée au point mentionné ci-avant (faibles dépenses d’investissement). C’est un élément rassurant sur le plan de la qualité des bilans et de la génération de cash flows. Cette situation leur laisse les coudées franches pour financer leur croissance et rentabilité future via davantage d’endettement.

Ratio dette sur actifs pour les différents secteurs du Russell 3000   


 

 

Dernier élément – de poids – pour le secteur: celui d’un effet «ciseau» favorable au niveau du compte de résultat. Comme indiqué précédemment, la hausse du prix a de facto un effet positif sur les revenus des valeurs aurifères. Mais cette hausse du «top line» intervient au moment où les dépenses d’exploitation baissent. Il s’agit des coûts d’extraction (corrélés au prix de l’énergie) et de la masse salariale dans les pays émergents (du fait de l’affaiblissement de nombreuses devises locales). Certes, ces coûts pourraient rebondir dans un avenir proche mais le contexte actuel devrait permettre aux marges d’exploitation d’évoluer favorablement ces prochains mois.

Comment investir dans ce secteur

Les investisseurs peuvent bien entendu se positionner sur des titres vifs, des certificats ou des fonds gérés de manière active. 

Comme mentionné précédemment, la performance du secteur est la plupart du temps représentée par celle d’un tracker sur indice – le Van Eck Vectors Gold Miners ETF (GDX). Cet ETF a pour objectif de reproduire la performance de l'indice NYSE Arca Gold Miners (GDMNTR), composé de 53 sociétés aurifères. Ce tracker a désormais près de 18 milliards d’actifs sous gestion. Les cinq plus grandes positions du tracker sont les suivantes: Newmont, Barrick Gold, Franco-Nevada, Wheaton Precious Metals et Agnico Eagle Mines. Il existe d’autres ETF investis sur le secteur tels que le VanEck Vectors Junior Gold Miners ETF (GDXJ), le Direxion Daily Gold Miners Bull 2X Shares (NUGT) ou le iShares MSCI Global Gold Miners ETF (RING). 

 

NB: Il ne s’agit pas d’une recommandation d’investissement. 

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