Trois inconnues à venir

Salima Barragan

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Le COVID-19 a testé l’efficacité des gouvernements à gérer la pandémie selon des modèles politiques. Le point avec Marco Willner de NN IP.

Populisme versus la nouvelle gauche, Etat autoritaire versus laisser-faire et éventuelle guerre froide sino-américaine: voici les trois inconnues à intégrer dans les scénarios macro-économiques post-COVID. Lors d’une conférence digitale organisée par NN Investments Partners, Marco Willner, Responsable de la stratégie d'investissement explore l'impact du COVID-19 sur les rouages des gouvernements ainsi que leurs conséquences sur le monde d’après. «Le COVID-19 a mis en lumière l’efficacité des gouvernements pour contenir le virus et maintenir l’économie. Mais quels modèles en émergeront?», s’interroge-t-il.

Le COVID-19 a polarisé les clivages

Dépassés les traditionnels clivages gauche/droite!  La crise a mis en relief une variété de divergences: ruraux versus citadins, pauvres versus riches, online versus non-online, travailleurs mobiles versus travailleurs non-mobiles. Mais elle a aussi concouru à l’unité. «Des dirigeants de toutes les couleurs politiques s'efforcent de gérer ensemble la propagation du virus tout en atténuant ses dommages économiques. Après s'être imposé comme une priorité nationale, le COVID-19 est devenu le catalyseur d’une vague de transformation politique», estime Marco Willner.

Certains gouvernements avant-gardistes
se sont déjà engagés à créer des opportunités.

Il va sans dire que le confinement a porté atteinte aux libertés individuelles et que les gouvernements ont davantage usé de leur pouvoir (voire coercitif pour certains!) que de coutume. «Assisterons-nous à la montée de l'État autoritaire ou à la poursuite du laisser-faire qui caractérise les politiques économiques depuis les années 1980 et qui est indépendante de la dichotomie populisme/nouvelle gauche?» s’interroge Marco Willner. Trump représente la combinaison populiste/laissez-faire alors que Macron incarne parfaitement l’Etat autoritaire de la nouvelle gauche.   

Il y a quelques décennies, la globalisation qui avait accru les inégalités de richesse, n’avait-elle pas aussi déjà conduit à la montée du populisme? «Nous avons appris que les déséquilibres créent des opportunités de changements», se rappelle Marco Willner. Pour le spécialiste, ces changements surviendront assez rapidement: «La pandémie sera un enjeu clé de l'élection présidentielle américaine car les électeurs jugeront la manière dont le président Trump a géré la crise. En Europe, la négociation éminente du Brexit symbolise le choc entre le populisme et la coopération internationale. Ces résultats pourraient nous en dire plus de l’effet COVID-19 sur les changements à venir».

Certains gouvernements avant-gardistes se sont déjà engagés à créer des opportunités. Aux Etats-Unis, Biden promeut un programme de plusieurs milliards d’investissements dans les énergies vertes. De l’autre côté de l’Atlantique, les pays européens viennent de s’entendre sur un plan de soutien inédit d’environ sept milliards dont 20% des actifs seront dirigés dans la transition énergétique: «Ces nouveaux investissements pourraient générer des opportunités similaires à la globalisation des années 1990», conclut Marco Willner.

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