Trois choses à savoir sur les marchés européens

Tom Stubbe Olsen, Nordea

2 minutes de lecture

La fin de l'assouplissement quantitatif de la BCE pourrait renforcer la valorisation des marchés financiers.

 

La rhétorique de la guerre commerciale semble se diriger vers un point d'ébullition

Après avoir mis l'accent sur la réforme fiscale, une autre promesse de la campagne du président américain Donald Trump est apparue au deuxième trimestre. Les premiers accès de colère contre les pratiques commerciales déloyales étaient dirigés contre la Chine et le commerce de l'acier, mais la rhétorique et l'action s'élargissent maintenant. L'Europe et les entreprises européennes, ainsi que d'autres partenaires proches des États-Unis, sont menacés par les tarifs douaniers. L'Europe a déjà pris des mesures de rétorsion en introduisant des tarifs sur certaines marques emblématiques des États-Unis, notamment les motos Harley-Davidson, le whisky Bourbon et les jeans Levi's. L'administration américaine a par la suite menacé d'étendre les tarifs douaniers aux automobiles, en particulier en provenance d'Europe.

Il est clair que les droits de douane sur les automobiles seraient douloureux pour l'Allemagne, et donc pour la croissance européenne, même si la croissance est maintenant plus large et comporte un élément intérieur plus fort qu'il y a quelques années. Les tarifs douaniers entraîneront sans aucun doute des prix plus élevés et exerceront des pressions à la hausse sur l'inflation. Bien que les banques centrales, qui sont aux prises avec la déflation depuis des années, s'en félicitent dans un premier temps, cela accélérera la hausse des taux d'intérêt.

Aucune théorie économique n'appuie l'idée que le déclenchement d'une guerre commerciale augmentera la richesse de toute personne qui y participe ou qui est touchée par cette guerre. Ce n'est ni une bonne nouvelle pour l'économie mondiale, ni pour la croissance européenne ou les bénéfices des entreprises. Nous sommes toutefois préoccupés par le fait que l'administration américaine actuelle ne fonde pas sa décision sur la théorie économique, mais qu'elle poursuit un autre programme plus politique.

Nous croisons les doigts et espérons que la situation instable actuelle ne s'aggrave pas davantage. En général, nous ne sommes pas investis dans des entreprises liées aux produits de base, mais les tarifs douaniers peuvent entraîner une hausse des prix des intrants, par exemple dans le secteur manufacturier. Potentiellement, des tarifs plus généralisés pourraient perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales dont dépendent de nombreuses entreprises et affecter la production lorsque les marchandises sont bloquées ou retardées aux douanes. À notre avis, le meilleur moyen de protéger les investissements est d'investir dans des entreprises disposant d'une franchise solide, ce qui leur donne le pouvoir d'augmenter les prix si nécessaire.

La fin de l'assouplissement quantitatif pourrait renforcer la valorisation des marchés

En juin, la Banque centrale européenne (BCE) a signalé qu'elle mettra fin à son programme d'achat d'obligations d'ici décembre 2018. Cette décision a été prise après que la zone euro a atteint une croissance de 2,3 % en 2017, bien que des indicateurs plus récents suggèrent que le chiffre pour 2018 pourrait être inférieur en raison d'une croissance limitée de la demande. La BCE adopte une approche lente pour relever son taux de dépôt, qui se situe actuellement à -0,4%. Toute évolution négative en Italie (la BCE est depuis un certain temps le plus gros acheteur d'obligations d'État italiennes) pourrait retarder encore davantage cette évolution.

Nous nous félicitons de la décision de normaliser la politique monétaire, qui devrait corriger une partie de la mauvaise allocation des capitaux causée par les politiques mises en place après la crise financière. Dans l'intervalle, un retrait progressif de l'assouplissement de l'assouplissement quantitatif apportera un soutien à l'évaluation des marchés financiers.

Les résultats positifs en Europe pourrait compenser les évolutions potentiellement négatives en Italie

Au cours des prochaines semaines, les entreprises commenceront à communiquer les chiffres du deuxième trimestre. Les résultats du deuxième trimestre devraient continuer à s'améliorer. Les chiffres de l'indice PMI (Purchasing Managers' Index) ont généralement été positifs et le fort vent contraire au premier trimestre devrait s'être atténué. Les revenus devraient continuer à évoluer positivement et les révisions des résultats par les analystes ont également été positives.

Alors que les manchettes sont dominées par la politique, les bénéfices ont soutenu les valorisations des actions en Europe. Il y a des indications que le cycle d'investissement s'améliore, avec certaines des plus fortes augmentations du PMI observées en France. Une économie française plus forte sera positive non seulement pour la France mais aussi pour l'Europe dans son ensemble, car une France forte soutiendra l'attraction exercée par l'Allemagne et permettrait à l'UE de mieux contrer toute évolution négative potentielle en Italie.