Sur le chemin d’une véritable guerre commerciale

Bart Van Craeynest, Econopolis

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Le scénario tant redouté d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et en fin de compte le reste du monde, a encore pris de l’ampleur ces derniers jours.

 

Trump a annoncé de nouvelles taxes sur les produits chinois en réaction à des taxes chinoises sur des produits américains, qui étaient déjà une réaction à des taxes précédentes imposées par Trump. Et sans qu’il faille s’en étonner, la Chine a réagi aux nouvelles annonces américaines en brandissant la menace de nouvelles contre-mesures. Avec une telle dynamique, le risque d’une guerre commerciale totale n’est plus négligeable.

Une telle guerre commerciale totale ne ferait que des perdants. Parmi tous les pays industrialisés, l’économie américaine est la moins tributaire des exportations. Le commerce international est nettement plus important pour des pays comme la Belgique et les Pays-Bas, et les conséquences d’une guerre commerciale se feraient sentir jusqu’en Europe. Pourtant, une guerre commerciale totale provoquerait également d’importantes pertes économiques pour l’économie américaine en termes de ralentissement de la croissance de la productivité et d’augmentation de l’inflation. Sans parler de l’impact des restrictions commerciales, les incertitudes qu’une guerre commerciale ferait planer sur une éventuelle escalade risqueraient en outre de saper la confiance des chefs d’entreprises. La rhétorique guerrière déplacée pourrait replonger l’économie mondiale dans la crise. Mais Trump ne semble pas en avoir conscience, à moins que ce soit plus simplement le dernier de ses soucis.

Une escalade dans les taxes et autres restrictions commerciales, avec son chapelet de mesures de contre-mesures, conduira l’économie mondiale à une guerre commerciale totale et la prochaine crise. Il est toujours possible que Trump mette brutalement un terme aux hostilités (il a déjà opéré des virages plus surprenants dans d’autres dossiers), mais c’est difficile à estimer. La meilleure réaction du reste du monde, la Chine en tête, serait sans doute de ne pas réagir du tout. Si les États-Unis veulent augmenter leurs droits d’importation coûte que coûte, le mieux à faire est de ne pas riposter, mais de s’en accommoder et de resserrer les relations commerciales avec le reste du monde. Même si c’est sans doute plus délicat d’un point de vue politique. Entre-temps, les marchés n’ont d’autre option que d’attendre nerveusement les prochains coups d’éclat de Trump.

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