Signal fort émis par les mid-caps – Dynamiques boursières de Julius Baer

Christian Gattiker, Julius Baer

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Les élections américaines et la pandémie restent les principaux facteurs perturbateurs. Mid-caps suisses: signal d’achat pour les actions de la seconde ligne de négoce.

Le mois de novembre constitue généralement le bouquet final de l’année boursière. Et le mois de décembre n’est dès lors souvent que l’épilogue. Cette année, les choses paraissent encore un peu plus extrêmes, car les deux facteurs perturbateurs – les élections américaines et la pandémie – réduisent considérablement la visibilité sur l’avenir à moyen terme. On aurait tendance à penser que le voile sera plus rapidement levé sur les élections américaines. Pourtant, selon les sondages, à l’échelle mondiale, près de 75% des investisseurs misent à tout le moins sur un verdict contesté. La phase d’incertitude pourrait dès lors se poursuivre. Sur le front de la pandémie, les confinements partiels imposés dans de nombreux pays européens ont été mal accueillis par les marchés boursiers dans un premier temps. Il y a toutefois de bonnes chances pour que les investisseurs changent leur fusil d’épaule, car ceci n’est pas une répétition du printemps 2020. Il s’agit d’interventions plus modérées, plus ciblées et plus limitées dans le temps. L’incertitude n’en demeure pas moins bien entendu.   

La saison des bénéfices – solide ici et ailleurs

Plus d’un tiers des grandes entreprises américaines ont déjà présenté leurs chiffres pour le 3e trimestre. Le départ a été tonitruant et les 84% de surprises positives signifient le meilleur résultat d’une saison des bénéfices depuis douze ans. Près de 80% des entreprises ont en outre émis des prévisions supérieures au consensus du marché pour l’ensemble de l’exercice. 

En Europe aussi – en Suisse en particulier –, les entreprises sont parvenues à convaincre jusqu’ici. Dans le tableau suisse, ce sont les banques surtout et quelques cas particuliers comme le fabricant d’équipements technologiques grand public Logitech qui ont pulvérisé toutes les attentes. Alors qu’aux États-Unis, les entreprises ont déjà en grande partie présenté leurs résultats jusqu’à la dernière semaine d’octobre, les rapports européens continueront d’être publiés jusqu’en novembre. Mais les résultats boursiers indicateurs de tendance sont là et il s’agira sans doute plutôt en novembre d’identifier les valeurs qui s’en écartent. De façon générale néanmoins, compte tenu des attentes, la saison des bénéfices est très solide, chose grandement sous-estimée sur fond des incertitudes mentionnées.

Le graphique du mois – les mid-caps dans les starting blocks

 
Source: Bloomberg Finance L.P., Julius Baer

 

Prise de pouvoir en cours sur les marchés boursiers – les valeurs de la seconde ligne de négoce (SMIM) émettent un signal d’achat

En contraste total avec une situation conjoncturelle assez confuse, il se passe bien des choses surprenantes sur les marchés boursiers. Les taux longs partent à la hausse, les prix du pétrole semblent se stabiliser et les actions cycliques reprennent pied pour la première fois depuis bien longtemps. Une situation que l’on observe typiquement durant et après une récession. Le message semble être: le pire sera bientôt derrière nous. 

La Bourse suisse émet aussi un signal fort. Les valeurs de la seconde ligne de négoce y surclassent les poids lourds pour la première fois depuis deux ans (cf. graphique du mois). Elles semblent reprendre leur trajectoire à long terme, qui, ces 20 dernières années, a toujours pointé vers une performance supérieure. Le SMIM (ou Swiss Market Mid Index) rassemble ces titres de la seconde ligne de négoce. Ces titres passent pour être plus risqués que leurs cousins du Swiss Market Index (SMI), parce qu’ils sont portés par des entreprises de plus petite taille en moyenne, davantage dépendantes de la conjoncture et aux titres moins liquides sur le marché. Cela dit, le risque pris porte ses fruits sur le cycle. Et comme les taux d’intérêt, le pétrole et les valeurs cycliques, les valeurs du SMIM annoncent une atténuation des incertitudes. Il faudra suivre cela de près bien sûr et corriger le tir si nécessaire. Pour l’instant, nous allons accorder le «bénéfice du doute» au SMIM et, partant, le privilégier par rapport au SMI. 

Coup d’œil sur demain – on continue ou on prend un autre cap?

Les élections américaines tant attendues auront lieu la semaine prochaine. Répétons-le: du point de vue du marché, un verdict clair et accepté des deux parties serait en fait une surprise. Si l’affrontement devait néanmoins tourner totalement à l’avantage des Démocrates, cela marquerait un revirement, c’est certain. Cela alimenterait massivement la consommation américaine au cours des deux prochaines années. Un Congrès entièrement sous contrôle démocrate changerait la donne, quel que soit l’élu à la présidence. Tout autre scénario serait synonyme de statu quo et ne serait pas une grande nouvelle. Pour le reste, une impasse politique serait une nouvelle source de stress pour tous en cette année 2020 hors normes.

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