Séparer la perception de la réalité

Salima Barragan

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Les marchés inquiètent les investisseurs à cause de leur perception déformée de la réalité. Explications avec Florian Marini et Yvan Mencattini de Bruellan AM.

 

Selon Florian Marini, CIO de Bruellan Asset Management, les marchés inquiètent les investisseurs à cause de leur perception déformée de la réalité. Ces inquiétudes se traduisent par une volatilité plus élevée. Mais il y a encore de belles opportunités, notamment sur le marché obligataire. «Bien que nous touchions la fin du cycle macroéconomique, le marché est encore porteur, aussi bien pour les entreprises que pour les obligations».

«L’épargne mondiale atteint des niveaux élevés. Conjuguée à un recul
des investissements, cela borne les taux d’intérêts à la hausse.»

La Réserve fédérale américaine devrait s’arrêter de monter ses taux directeurs prochainement, soit 3 hausses supplémentaires. «Des facteurs structurels devraient maintenir des taux d’intérêts bas», estime Yvan Mencattini, gérant de fonds chez Bruellan SA. Selon lui, pour des raisons démographiques, l’épargne mondiale n’a jamais atteint des niveaux aussi élevés. Conjuguée à un recul des investissements, cela borne les taux d’intérêts à la hausse.

Aujourd’hui, le bon du trésor américain à 10 ans, au-dessus de 3%, est une opportunité de rallonger la duration des portefeuilles obligataires. Il estime que le «forward guidance» de la FED donne une orientation mais l’information étant incomplète, elle doit être enrichie avec celle contenue dans la courbe des taux (différence entre le 10 ans et le 2 ans). «Lorsque la courbe est proche de zéro, comme aujourd’hui, la FED arrive vers la fin de son resserrement monétaire. Cela dit, elle va poursuivre la réduction de son bilan et donc maintenir un durcissement des conditions monétaires au détriment des hausses de taux supplémentaires»,  prévoit le gérant.

«Une inflation basse, une banque centrale complaisante et une dépréciation
du franc suisse composent un cadre idéal pour les entreprises suisses.»

En d’autres termes, la FED pourrait donc être plus modérée dans la poursuite des remontées de taux directeur que le marché l’escompte. Cela crée une opportunité pour rentrer sur le marché obligataire américain et le gérant émet une préférence pour rallonger la duration avec les échéances longues.

Tendance orientée à la baisse

La tendance des 4 derniers Purchasing Managers Index (PMI) de la zone Euro est orientée à la baisse. Ces chiffres suggèrent une décélération de la dynamique conjoncturelle européenne. Il s’agit d’un retour à une croissance plus en ligne avec son potentiel. Le consensus du marché d’une hausse des taux de la Banque centrale européenne semble se dessiner à l’horizon de septembre 2019. Yvan Mencattini ne partage pas cet assentiment qu’il juge trop optimiste. «Je ne vois aucune raison à ce que la BCE remonte ses taux avant début 2020». Son allocation demeure classique avec un processus d’investissement se basant sur quatre piliers à savoir; les fondamentaux; les indices techniques; les valorisations et le sentiment de marché. Dans ce contexte actuel de taux bas, le gérant de fonds profite d’une exposition monétaire sur le USD et sur le YEN pour diversifier les risques et réduire la volatilité.

Bruellan s’attend à une croissance de l’économie suisse de 2% pour 2018, soit la plus belle performance en 4 ans, et les perspectives de croissance des bénéfices des sociétés sont attendues à 15%. Une inflation basse, une banque centrale complaisante et une dépréciation du franc suisse composent un cadre idéal pour les entreprises suisses. En 2017, Bruellan Asset Management a lancé un certificat obligataire qui vise l’univers suisse hors benchmark SBI AAA-BBB du segment «high yield» qui représente une valeur. Il se concentre sur des obligations hybrides, contingent convertible et non-notée. C’est le premier véhicule de ce type en Suisse.