Réfléchir sur la durabilité: portefeuilles à impact

Jonathan Pernet, Raiffeisen

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Pour de nombreux investisseurs, l’impact écologique ou social de leurs placements est crucial. Une approche différenciée de l’impact peut être la clé.

La durabilité devient une tendance de fond dans le secteur financier. Mais la définition d’un placement durable diverge parfois considérablement. Selon le Conseil fédéral, les produits ou services financiers présentés comme durables doivent, en plus des objectifs financiers, être au moins «compatibles avec un ou plusieurs objectifs de développement durable spécifiques» ou «contribuer à la réalisation d'un ou plusieurs objectifs de développement durable». Même si ces notions sont nouvelles, on peut d’ores et déjà affirmer qu’il devrait y avoir un grand nombre de solutions de placement qui entrent dans la première catégorie. Pour la deuxième catégorie, qui vise ce que l’on appelle un impact, l’offre est davantage restreinte. Cela est d’autant plus surprenant que le rapport 2022 de Swiss Sustainable Finance indique que 32% des investisseuses et des investisseurs attachent de l’importance à l’impact de leurs placements. Les analyses de Raiffeisen appuient ces résultats.

Quelle est donc la raison pour laquelle l’investissement à impact n’a jusqu’à présent occupé qu’une niche et n’a guère été mis en œuvre de manière globale dans les portefeuilles? Il y a d’abord l’horizon de placement, car le capital doit rester engagé à long terme pour produire l’effet souhaité. D’autres facteurs peuvent être cités, tels que les sommes minimales d’investissement, souvent élevées, ainsi qu’une liquidité limitée. Le grand défi pour la démocratisation des placements axés sur l’impact est donc de réunir les différents éléments qui existent déjà pour portefeuille pertinent et efficace, tout en conciliant les exigences minimales en matière de liquidité notamment.

Plutôt que de simplement juxtaposer des objectifs formulés de manière parfois très différente, les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies constituent un dénominateur commun. 

Deux types d’impacts

Une solution consiste à subdiviser plus finement les stratégies à impact en «impact aligned» et «impact generating». Des stratégies désormais connues de longues dates comme la microfinance, entrent dans cette dernière catégorie. Les placements «Impact aligned» se caractérisent par le fait qu’ils ont des objectifs sociaux et environnementaux, dont la mesure peut se limiter à des comparaisons avec des indices de référence ou les 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Cette catégorie permet d’investir dans des stratégies de placement liquides plus classiques – actions et obligations notamment - qui se sont fixées un objectif de durabilité clair et mesurable.

A partir de ces deux «types d’impact», il est possible de composer des portefeuilles pertinents via une approche «core-satellite». Le noyau («core»), qui peut également être utilisé pour des décisions d’investissement tactiques, est constitué de stratégies «Impact-aligned» telles que les fonds de placement. Dans cette partie «core», mais davantage catégorisées «impact-generating», les obligations qui sont explicitement utilisées pour financer des projets ayant un impact environnemental et/ou social positif, communément appelées «green, social ou sustainability bonds». Les parties «satellites» peuvent êtres construites avec des thématiques comme les énergies renouvelables ou l’économie circulaire (impact-aligned), et d’autre part, des modules comme la microfinance, ou d’autres solutions semi-liquides telles que les infrastructures vertes.

Les objectifs de développement durable en tant qu’indicateurs de mesure

Le reporting de l’impact représente un défi de taille. En effet, contrairement à un investissement à impact individuel, un portefeuille à impact poursuit de nombreux objectifs différents qui ne peuvent pas être facilement additionnés et qui peuvent changer au fil du temps. Plutôt que de simplement juxtaposer des objectifs formulés de manière parfois très différente, les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies constituent un dénominateur commun. 

Cette approche est complexe et pose des exigences élevées en matière de reporting et de base de données. Cependant, elle permet de jeter un pont important entre les solutions à impact individuelles et une vue d’ensemble du portefeuille à impact, en particulier pour les placements «impact aligned». Cela permet notamment aux investisseurs non professionnels de viser, outre des objectifs financiers, un impact écologique et social. Ainsi, les investisseurs gagnent non seulement en diversification, mais ils peuvent aussi suivre l’impact de plusieurs objectifs de durabilité en même temps avec un seul portefeuille.

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