L’investissement à impact est interprété de différentes manières par différentes personnes. Nous examinons certaines des définitions en jeu et leurs implications pour les investisseurs.
En examinant l’éventail de points de vue sur l’investissement à impact, une citation de Winston Churchill me vient à l'esprit: «Si vous mettez deux économistes dans une pièce, vous obtiendrez deux opinions, à moins que l’un d’entre eux ne soit Lord Keynes, auquel cas vous en obtiendrez trois.»
La notion d’impact prête souvent à confusion. Je vais donc essayer de dissiper les malentendus et d’identifier différentes interprétations de l’impact et leurs implications pour les investisseurs.
Pour moi, la distinction la plus importante concerne la différence entre l’investissement à impact (qui obéit à une définition stricte) et l’investissement réalisé en vue d’obtenir des résultats durables (lorsque des résultats positifs sont visés, mais que tous les critères de l’investissement à impact ne sont pas remplis). Même cette distinction est subtile: rien n'est ni tout noir, ni tout blanc. Tout est dans la nuance. En outre, les deux approches peuvent être combinées: les investissements à impact peuvent faire partie d’une approche globale de l’investissement réalisé en vue d’obtenir des résultats durables.
Une définition bien connue de l’investissement à impact est celle de l’International Finance Corporation (IFC) et du GIIN (le Global Impact Investing Network): «des investissements réalisés dans l’intention de générer un impact social et environnemental positif et mesurable en plus d’un rendement financier».
Selon le GIIN, la pratique de l’investissement à impact est définie de manière plus détaillée par les éléments suivants:
- Intentionnalité: l’intention d’un investisseur d’avoir un impact social ou environnemental positif par le biais d’investissements est essentielle à l’investissement à impact.
- Investissement avec attentes de rendement: les investissements à impact sont censés générer un retour sur capitaux investis ou, au minimum, un rendement du capital.
- Fourchette d’attentes de rendement et classes d’actifs: les investissements à impact visent des rendements financiers qui peuvent être inférieurs à ceux du marché (parfois appelés concessionnels, en particulier par les institutions axées sur le développement), mais qui peuvent également égaler le taux du marché ajusté du risque. Ils peuvent être réalisés dans toutes les classes d’actifs, y compris, mais sans s’y limiter, les équivalents de trésorerie, les obligations, le capital-risque et le private equity.
- Mesure d’impact: l’une des caractéristiques de l’investissement à impact est l’engagement de l’investisseur à mesurer et à rendre compte de la performance sociale et environnementale et des progrès des investissements sous-jacents, tout en garantissant la transparence et la responsabilité, en documentant la pratique de l’investissement à impact et en développant le domaine.
Toutefois, cette définition a été formulée il y a plusieurs années et des améliorations y ont été apportées, car de plus en plus d’investisseurs du secteur privé allouent des capitaux à des fins d’impact. Chez Schroders, nous suivons la définition plus récente des Principes d'impact, avec les principales composantes suivantes:
- Intentionnalité (comme ci-dessus);
- Mesure d’impact (comme ci-dessus);
- Contribution: l’investissement à impact ne consiste pas seulement à identifier des opportunités d’investissement à impact, mais également à fournir un soutien financier et non financier en tant qu’investisseur pour approfondir l’impact des sociétés ou des actifs en portefeuille.
Il est important d’être clair sur les attentes de rendement, car elles sont cruciales pour l’éligibilité des portefeuilles des investisseurs. En définissant un éventail d’attentes de rendement, la définition du GIIN permet des rendements concessionnels, au moins dans certains cas et pour certains investisseurs tels que les donateurs et les investisseurs du secteur public axés sur le développement.
Cela met en évidence une autre distinction importante au sein de l’investissement à impact, entre les investissements à impact concessionnels et les investissements à impact non concessionnels. Étant donné que pour la plupart des investisseurs, le type concessionnel est en contradiction avec le concept de devoir fiduciaire, il s’agit d’une niche.
En revanche, le type non concessionnel est aligné sur le devoir fiduciaire et connaît une croissance rapide. Chez Schroders, c’est ce sur quoi nous nous concentrons principalement. (L’exception étant certaines des offres de financement mixte de BlueOrchard, dans le cadre desquelles les investisseurs publics renoncent aux rendements pour permettre aux projets d’investir (c’est-à-dire, rendements non concessionnels) dans des classes d’actifs et des thèmes innovants (par exemple, l’adaptation au climat sur les marchés émergents) et qui, par le biais de mesures de réduction des risques, débloquent les capitaux des investisseurs privés.)
Une autre nuance est que si l’investissement à impact peut être trouvé dans toutes les classes d’actifs, il est plus répandu dans les actifs privés que dans les actifs publics (voir Les coulisses de l’investissement à impact: quatre façons de mettre le capital des investisseurs au service d’un avenir durable). Toutefois, les actifs publics offrent des avantages en termes d’échelle (taille du marché), de liquidité et de solvabilité, qui peuvent être cruciaux pour certains types d’investisseurs, comme les compagnies d’assurance. Il est également souvent lié à des thèmes spécifiques (voir Les quatre piliers de l'investissement à impact et la manière dont ils fonctionnent dans le monde réel).
Qu’en est-il de la réglementation? Les gens ont tendance à assimiler l’article 9 du SFDR à l’impact, mais ce n’est pas correct.
Les fonds relevant de l’article 9 sont ceux dont l’objectif est explicite en matière de durabilité, ce qui n’est pas exactement la même chose que l’impact. Chez Schroders, nos fonds axés sur l’impact sont un sous-ensemble de nos fonds relevant de l’article 9.
Les fonds axés sur l’impact se distinguent en tirant parti de la gestion, de la mesure et de la gouvernance d’impact de BlueOrchard, l’un des principaux gestionnaires d’investissement à impact, avec plus de 20 ans d’expérience dans le secteur et membre du groupe Schroders depuis 2019. Nos fonds axés sur l’impact ont des exigences et des garanties supplémentaires en matière de gestion, de mesure et de gouvernance pour garantir les composantes essentielles de l’investissement à impact: l’intentionnalité, la mesure et la contribution. Ces garanties comprennent des évaluations d’impact (par exemple, des tableaux de bord et d’autres outils) par comité d’investissement et d’impact.
En d’autres termes, vous ne pouvez pas être sélectionné tant que l’ensemble de votre processus d’investissement n’intègre pas l’impact à toutes ses étapes (de l’origination à la sortie). Cette approche est en résonance avec nos clients, qui exigent rigueur et clarté en matière d’impact, et qui recherchent un impact réel.