Prudence malgré la hausse des actions au premier semestre

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Les valorisations semblent élevées alors que le marché obligataire offre désormais des rendements intéressants.

Le premier semestre a permis aux marchés financiers de réaliser des gains encourageants. Les actions américaines technologiques sont en hausse de 32%, le S&P500 de 16%, les actions japonaises ont progressé de 27%, celles européennes de 9% et celles suisses de 5%. Les marchés actions restent concentrés sur 7 valeurs phares (Nvidia, Tesla, Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Meta), ce qui a mené à une divergence entre les performances des actions et les marchés du crédit spéculatif. Néanmoins ces titres restent en baisse de 5% depuis début 2022 et le S&P500 de 8% sur les 18 derniers mois. A noter qu’Apple et ses 3000 milliards de capitalisation boursière représente désormais près de 8% du S&P500. Malgré cette tendance très positive, nous restons toujours prudents pour trois raisons.

Premièrement, les hausses des taux directeurs aux États-Unis et dans la zone euro entraîneront un ralentissement de la croissance économique au cours des prochains mois. L'expérience montre que les hausses des taux directeurs se font sentir en trois étapes: (i) les cours des obligations chutent avec la hausse des taux d'intérêt comme en 2022, (ii) la croissance s’affaiblit 12 à 18 mois après la première hausse des taux, (iii) l’inflation atteint un plus bas. Cette situation peut se produire 3 ans après la première hausse des taux.

Secondement, il semble nécessaire de réduire la voilure en matière de politique budgétaire. L'inflation apparaît lorsque les futurs excédents actualisés de l'État ne suffisent plus à rembourser les dettes. La forte augmentation de la dette publique, les effets de la démondialisation sur les prix, la hausse des coûts de l'énergie et les changements démographiques comptent parmi les facteurs qui ont conduit à une nette remontée des anticipations d'inflation à long terme dans la zone euro. Les anticipations d'inflation à long terme ont augmenté dans la zone euro pour atteindre environ 2,5%. C'est un signe d'alerte.

Enfin, les valorisations des actions semblent élevées dans de nombreuses régions. Les actions américaines peuvent être considérées comme chères si l’on compare les prix à la valeur comptable des actions. Le S&P500 propose notamment un ratio de 4,2 soit un niveau au-dessus de sa moyenne de long-terme de 3. Cela plaide contre un positionnement agressif sur le marché des actions à l'heure actuelle. C'est d'autant plus vrai que le marché obligataire offre désormais des rendements intéressants, même pour les titres de bonne qualité.

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