A quelques exceptions près, les performances sont positives pour les investisseurs, même si la partie n’est pas encore gagnée. L’intelligence artificielle est ici au centre de l’attention.
Le premier semestre a livré son lot de surprises et de paradoxes aux investisseurs: crise bancaire aux Etats-Unis, reprise forcée de Credit Suisse par sa concurrente UBS et engouement marqué autour de l’intelligence artificielle. Au début en fanfare a succédé un chaos émotionnel, avec des marchés qui naviguaient à vue. Le fait que les investisseurs soient malgré tout optimistes est à mettre sur le compte de plusieurs facteurs: le ralentissement économique reste – pour le moment – modeste, le chômage se situe à un bas niveau record dans la plupart des pays et nombre d’entreprises ont dépassé les attentes du marché au premier trimestre.
L’assurance des investisseurs a aussi été renforcée par le fait que la crise énergétique n’a pas touché l’économie comme on le craignait. Au contraire, un hiver doux et une dynamique économique en baisse ont fait chuter le prix du pétrole à son niveau de début 2022. Les tendances inflationnistes disparaissent donc pour l’instant. Pourtant, les entreprises luttent contre l’inflation, car toutes ne sont pas en mesure de répercuter les coûts de production élevés sur les clients. Il sera difficile d’éviter des déceptions vis-à-vis des chiffres du deuxième trimestre.
Ces derniers mois, le thème de l’intelligence artificielle a mis le feu aux passions des investisseurs. Il a permis au secteur technologique – et surtout aux valeurs à forte capitalisation – de s’attirer les faveurs des investisseurs. L’indice technologique Nasdaq 100 a ainsi progressé de plus de 40% depuis le début de l’année. C’est bien, mais l’indice a surtout été tiré vers le haut par les sociétés actives dans l’intelligence artificielle. C’est ainsi que, depuis le début de l'année, Nvidia a progressé de plus de 200% et AMD de près de 80%. Microsoft, Palantir, Alphabet et Amazon ne sont pas en reste.
Le constat est le même au niveau de la comparaison entre l’indice S&P 500 pondéré en fonction du capital et son équivalent équipondéré montre à quel point le marché est étroit. Alors que l’indice pondéré a connu une progression de 13% en six mois, le S&P 500 équipondéré n’a augmenté que de 2,5%. Les poids lourds de l’indice – les géants technologiques – mènent le bal et tirent les indices vers le haut. Mais jusqu’à quand? Bien que l'engouement pour l’IA soit énorme et tire les cours de certaines entreprises vers le ciel, de nombreuses questions restent sans réponse – notamment en matière réglementaire – ce qui risque de refroidir momentanément les investisseurs et l’envolée des valorisations. Même si les temps changent, les évolutions technologiques et leur adoption sont souvent plus lentes que l'on pourrait croire – souvenez-vous de la blockchain qui peine encore à révolutionner le monde.
Il est peu probable que les évolutions récessives se fassent sans conséquence sur les marchés des actions, raison pour laquelle une sous-pondération en actions parait raisonnable. La récente flambée des titres des entreprises technologiques laisse planer un voile de craintes quant aux prochains mois. En effet, la lutte contre l’inflation menée par les banques centrales, le ralentissement économique et le risque croissant de déflation en Chine ne présage pas forcément des jours glorieux sur les marchés des actions. L’avenir appartiendra à celles et ceux qui sauront bien sélectionner les titres d’entreprises au bilan solide et actives dans les secteurs non cycliques. Le marché suisse des actions pourrait ici tirer son épingle du jeu.