Le secteur agroalimentaire a un impact significatif sur la biodiversité. Selon l'IPBES (The Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), le principal facteur de perte de biodiversité est la production et la consommation de denrées alimentaires, qui sont responsables de près de 50% du déclin de la nature dans le monde.
C'est probablement la raison pour laquelle la plupart des discussions de la dernière COP 15 se sont concentrées sur le secteur agricole et alimentaire, et ont abouti à 23 objectifs clairs de protection de la biodiversité à atteindre d'ici 2030.
Vers une augmentation de la part des protéines animales
Cependant, l'industrie alimentaire n'est toujours pas durable et ne le sera probablement pas dans un avenir prévisible. Les tendances démographiques et l'évolution des préférences des consommateurs constituent un obstacle de plus en plus difficile à surmonter pour inverser l'empreinte de l'industrie sur la biodiversité. La demande alimentaire continuera d'augmenter à mesure que la population mondiale s'accroît. En outre, l'évolution des préférences des consommateurs vers une plus grande part de protéines animales pourrait entraîner une augmentation de l'empreinte écologique.
Dans ce contexte mondial, il existe toutefois plusieurs approches tangibles qui permettent aux investisseurs de préserver la biodiversité en transformant le secteur agroalimentaire et en développant des mesures innovantes en faveur de la biodiversité.
Les nouvelles techniques de mesure d'impact sont également importantes et ont permis aux investisseurs d'intégrer la biodiversité dans leurs portefeuilles et de responsabiliser davantage les entreprises.
Impact minimal pour les entreprises de taille moyenne et les start-ups
L'une des approches consiste à investir dans l'innovation et le développement de nouvelles technologies afin d'améliorer l'empreinte environnementale des biens produits. Pour l'instant, c'est dans ce domaine que les investisseurs semblent orienter leur préférence vers les investissements liés à la biodiversité.
Ce type de solution «impact» (c'est-à-dire l'investissement dans des entreprises ayant un impact positif sur la biodiversité) se traduit souvent par des investissements dans des entreprises de taille moyenne, voire dans des start-ups développant des technologies prometteuses dont l'impact actuel est minime.
Bien qu'il s'agisse sans aucun doute d'une partie de la solution pour lutter contre la perte de biodiversité, elle dépend fortement de l'acceptation du marché, des habitudes de consommation et des prix, et ne permet pas de combattre efficacement la détérioration à court terme de la biodiversité.
Encourager les grandes entreprises à jouer un rôle clé dans la transition
Une partie de la solution doit consister à inciter les grandes entreprises à jouer un rôle de premier plan dans la transition vers une industrie plus durable. Contrairement aux entreprises plus récentes et plus discrètes, ces grandes entreprises actives dans le secteur agroalimentaire mondial contribuent déjà à nourrir une population mondiale croissante, tout en ayant un impact considérable sur la biodiversité.
Intégrer la biodiversité grâce à de nouvelles techniques de mesure d'impact
Les nouvelles techniques de mesure d'impact sont également importantes et ont permis aux investisseurs d'intégrer la biodiversité dans leurs portefeuilles et de responsabiliser davantage les entreprises.
En effet, jusqu'à récemment, les outils et mesures utilisés pour évaluer la perte de biodiversité étaient incomplets et incompatibles avec l'approche traditionnelle des acteurs du marché pour évaluer la performance attendue d'une entreprise ou d'un portefeuille.
En conséquence, le secteur financier a principalement investi dans la biodiversité par le biais de projets, où il pouvait évaluer les résultats en matière de biodiversité pour les écosystèmes locaux, ou par le biais d'une approche thématique ciblant les entreprises qui offraient des produits ou des services visant à stopper ou à inverser la perte de biodiversité.
Les entreprises doivent publier des données sur la biodiversité
Bien que la prise de conscience de la nécessité de préserver la biodiversité progresse indéniablement dans le monde, davantage d'entreprises doivent divulguer des données sur la biodiversité afin que les investisseurs puissent intégrer ces informations dans leur prise de décision.
Il est également nécessaire d'établir un objectif scientifique mondialement reconnu pour enrayer la perte de biodiversité, afin de fournir un cadre cohérent à l'action des investisseurs.