Obligations CCC: faut-il se jeter à l’eau?

David Norris, TwentyFour Asset Management

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Les entreprises mal notées qui remplissent certains critères pourraient générer des rendements solides.

Il aurait été bien compréhensible que le marché américain des obligations à haut rendement marque une pause en ce début d’année suite aux fluctuations extrêmes de 2020, où nous avons à la fois assisté à un mois de mars déserté par l’offre et à un record historique absolu de 418 milliards de dollars pour le volume atteint sur l’ensemble de l’année. 2021 a pourtant débuté sans aucun signe d’essoufflement avec des émetteurs qui ont placé 51,8 milliards de dollars supplémentaires dans les mains des investisseurs le mois dernier, ce qui en fait le mois de janvier le plus dynamique de son histoire et le troisième mois le plus actif jamais enregistré.  

Opportunités en hausse pour les investisseurs

Si elle contraste fortement avec un niveau d’offre relativement plus modeste en Europe cette année, cette nouvelle offensive de l’offre à bêta élevé n’est guère surprenante: elle est en effet portée par les tendances désormais bien connues qui allient la faiblesse des coûts d’emprunt aux mesures de soutien robustes du marché par la Réserve fédérale. La structure de l’offre semble toutefois évoluer, ce qui devrait intéresser les investisseurs en quête d’opportunités sur un marché qui a connu une reprise soutenue ces derniers mois. La dette notée CCC a représenté USD 12,88 mia ou 25% du volume de janvier, un pourcentage qui n’avait pas été aussi élevé depuis plusieurs mois.

Là encore, cet intérêt pour les obligations de moindre qualité n’est pas vraiment une surprise car il découle essentiellement de l’optimisme croissant des investisseurs à l’égard de la procyclicité. Les mécanismes de soutien du marché sont solides. Point important: le président de la Fed Jerome Powell a récemment répété que les objectifs de la banque centrale étaient le plein emploi et l’inflation à 2%, soulignant qu’une inflation temporaire n’y changerait rien et insistant sur les progrès nécessaires en matière de créations d’emplois.

Cet afflux de nouvelles émissions dans le domaine
du crédit de moindre qualité mérite réflexion.
Le refinancement dominera les prochains trimestres

Il pourrait être instructif d’observer la manière dont les produits de la dette à haut rendement seront utilisés cette année. Le redressement des bilans et la consolidation des liquidités ont évidemment été au cœur des préoccupations des entreprises au début de la pandémie, mais à mesure que la reprise s’est accélérée, la question du refinancement et de la réduction du coût du capital est passée au premier plan. La part de refinancement devrait de nouveau être importante cette année, mais nous ne serions pas surpris d’assister à une reprise substantielle dans le domaine du financement des F&A étant donné que de nombreuses entreprises cherchent à exploiter à la fois les opportunités créées par les bouleversements économiques et la baisse des coûts de financement.     

L’un des secteurs du crédit les plus performants

En outre, les entreprises qui ont eu du mal à accéder aux marchés l’année dernière semblent aujourd’hui en mesure de le faire, de sorte que les investisseurs doivent prendre une décision: faut-il partir à la pêche aux obligations CCC? L’idée est tentante, surtout au vu de l’évolution importante des spreads de crédit sur une période aussi courte. Alors que les gains en capital étaient difficiles à obtenir en janvier avec une pause marquée dans le redressement du risque, les obligations CCC américaines ont enregistré une performance impressionnante de 2,5% sur le mois. Les CCC devraient compter parmi les secteurs du crédit les plus performants en 2021 dans la mesure où les spreads se resserrent généralement au rythme de la compression entre les fourchettes de notations. En outre, certaines des meilleures opportunités de négoce sur le marché devraient être notées CCC cette année.     

Attention aux défauts et à la volatilité

Nous pensons qu’il est en effet temps de rechercher des titres de sociétés en pleine reprise et des crédits de désendettement dans des secteurs où la stratégie de mise en œuvre devrait porter ses fruits. Ce point nous paraît très important. Non seulement les chefs d’entreprises doivent vouloir améliorer leur profil financier, mais ils ont également besoin de conditions économiques adéquates et de liquidités suffisantes pour y parvenir. Les entreprises qui remplissent ces critères dans le bas de la fourchette des notations devraient générer quelques-uns des meilleurs rendements et pourraient donc mériter une attention particulière. Une grande prudence reste néanmoins de mise à l’égard de l’investissement dans les titres les moins bien notés, car des cas de défaut peuvent toujours survenir et c’est dans cette catégorie de notation que la volatilité est généralement la plus haute.  

A notre avis, cet afflux de nouvelles émissions dans le domaine du crédit de moindre qualité mérite réflexion car il devrait réserver quelques bonnes opportunités aux investisseurs disposant de liquidités suffisantes pour s’engager dans ce secteur.

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