Net refroidissement des prévisions conjoncturelles

Ireneus Stanislawek, Vontobel Asset Management

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Les investisseurs se sont réfugiés dans des valeurs de rendement longtemps délaissées.

Après la forte correction d’octobre, la plupart des marchés des actions n’a guère recuperé les pertes. Les inquiétudes suscitées par la conjoncture mondiale et la crainte de guerres commerciales ont affecté en particulier les actions cycliques. Les investisseurs se sont réfugiés dans les titres moins risqués et des valeurs de rendement longtemps délaissées. Pendant ce temps, nous restons prudents.

Le marché des actions est communément considéré comme un baromètre de la conjoncture. Malgré ses excès, vers le haut comme vers le bas, ce marché anticipe souvent les tendances à venir. Dans ce contexte, ses «prévisions conjoncturelles» fondées sur l’évolution des deux derniers mois annoncent un net refroidissement pour l’année prochaine.

Les secteurs sensibles à la conjoncture
ont été mis à rude épreuve.

En effet, il semble permis de tabler sur ce verdict au regard de l’évolution morose des marchés des actions et en particulier des écarts de performance entre les valeurs cycliques et les valeurs défensives. Depuis le 21 septembre, date à laquelle l’indice MSCI World All Country Index atteignait un nouveau record historique (en monnaies locales), les secteurs sensibles à la conjoncture comme les industries automobile, ou des semi-conducteurs, ont été mis à rude épreuve, tandis que ceux dits «défensifs» et donc moins tributaires de la situation conjoncturelle ont mieux résisté.

Une économie américaine en plein essor depuis déjà une éternité

Il y a lieu en effet de s’inquiéter : aux États-Unis, la reprise économique dure depuis près de dix ans, soit une éternité dans le monde des affaires. Face à la hausse de l’inflation, la banque centrale des États-Unis s’efforce de continuer à augmenter les taux d’intérêt et à retirer des liquidités du marché. Le conflit commercial latent entre les États-Unis et la Chine qui s’infligent des sanctions économiques réciproques pèse d’ores et déjà sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et pourrait s’aggraver à tout moment. Ainsi, cette année, les ventes d’automobiles en Chine pourraient se contracter.

Et pourtant, à l’heure actuelle, les investisseurs ne se contentent pas de distinguer entre les secteurs d’activité risqués et ceux moins risqués, mais ils privilégient également, au sein de ces secteurs, les actions réputées les plus sûres. En font partie les actions qui, en général, présentent une faible volatilité et une assez grande capitalisation, ainsi que les actions dont les plus-values futures sont plus faciles à anticiper, c’est-à-dire celles de sociétés dont les modèles commerciaux comportent moins de risques. S’il est vrai que les titres de ces sociétés perçues comme étant « plus sûres » ont accusé eux aussi un repli depuis octobre, leur rendement a toutefois été supérieur de cinq pour cent à celui des actions «plus risquées».

Les titres favoris des investisseurs ont récemment
perdu 20% voire davantage de leur valeur.

Longtemps dédaignées, les valeurs de rendement se sont, elles aussi, relativement bien maintenues. Nous entendons par là les actions qui bénéficient d’une évaluation favorable, ayant été précédemment à la traîne du marché. En revanche, s’agissant des actions de croissance et des actions à fort momentum, les investisseurs ont pris des bénéfices. Les titres favoris des investisseurs tels qu’Amazon, Apple, Facebook et Netflix ont récemment perdu 20% voire davantage de leur valeur.

Étant donné qu’actuellement, nous jugeons faible l’éventualité d’une récession en 2019, la réaction du marché à court terme nous apparaît excessive. Au regard des incertitudes actuelles, nous resterons toutefois prudents au sujet des mois à venir.