Marchés privés: les actifs sous gestion devraient tripler d’ici à 2030

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Pour Steffen Meister, président exécutif de Partners Group, la part des montants alloués aux marchés privés continuera de croître chez les institutionnels.

L’exercice 2021 a été celui de tous les superlatifs pour le gestionnaire d’actifs Partners Group. Portée par la forte progression de ses commissions de performance («performance fee»), qui ont été multipliées par quatre à près de 1,2 milliard de francs l’an dernier (266 millions de francs en 2020), la société zougoise spécialisée dans les placements privés a aussi vu ses commissions de gestion («management fee») augmenter de 25% pour s’établir à 1,43 milliard de francs. En tout, les revenus du spécialiste du private equity ont grimpé de 86% l’an dernier pour atteindre 2,63 milliards de francs. Au final, le bénéfice net de l’entreprise cotée à la bourse suisse SIX Swiss Exchange depuis 2006 est ressorti en hausse de 86% à 1,46 milliard de francs. Au total, les actifs sous gestion se sont établis à 127 milliards de dollars à fin 2021, en hausse de 17% sur un an. Dans ce contexte, le conseil d’administration proposera le versement d’un dividende relevé d’un cinquième à 33 francs par action, contre 27,50 francs au titre de 2020.

Commissions de performance: retour attendu à une part de 20% à 30% du total des revenus.

Malgré le bond des commissions de performance l’an dernier, portées par une activité de désinvestissement record, la direction de Partners Group se montre relativement prudente s’agissant des performances pour l’année en cours. Hans Ploos von Amstel, partenaire et directeur financier, anticipe un retour vers des niveaux plus proches de ceux qui avaient été affichés avant la pandémie. En 2018, les commissions de performances s’étaient élevées à 324 millions de francs, puis à 473 millions en 2019, représentant respectivement 24% et 29% au cours de ces deux années-là. En 2021, cette part a grimpé à 46% de l’ensemble des revenus, un niveau qui a même dépassé la fourchette de 40 à 45% anticipée par le groupe. «Nous prévoyons un retour à notre objectif à moyen terme concernant les commissions de performance, avec une part représentant 20 à 30% du total des revenus», a indiqué le directeur financier, cela «en supposant que les conditions de marché et en matière de désinvestissement demeurent positives», a-t-il pris soin de préciser. Dans leurs commentaires publiés mardi, la plupart des analystes tablaient également sur un retour à la normale au sujet des commissions de performance.

Côté effectifs, Partners Group envisage également d’étoffer ses effectifs aux environs de1’800 employés d’ici la fin de l’année, contre 1’573 postes équivalents à temps plein à fin 2021, a indiqué de son côté David Layton, le directeur général, durant la conférence de presse.

Quant à la demande provenant des clients, Partners Group anticipe pour l’essentiel une poursuite du rythme de progression observée ces dernières années. En 2022, ce montant devrait ainsi s’établir entre 22 et 26 milliards de dollars «en dépit des incertitudes géopolitiques actuelles», a indiqué la société, confirmant ses précédentes estimations. En 2021, la demande de la clientèle s’était établie à 25 milliards, en forte progression par rapport aux 16 milliards de 2020.

Les IPO ne reflètent plus l’économie au sens large.

Si la direction de Partners Group s’est montrée relativement prudente au sujet des perspectives pour l’exercice en cours, Steffen Meister, son président exécutif, reste en revanche très optimiste au sujet des perspectives pour les marchés privés dans leur ensemble durant la décennie en cours. Partant du constat que la composition des marchés constitués d’entreprises cotées en bourse s’éloigne toujours plus de l’économie dans son ensemble, le co-fondateur de Partners Group estime que les placements privés vont certainement continuer de gagner en attrait au cours des prochaines années. Alors qu’entre 1980 et 2000, les entreprises qui effectuaient une entrée en bourse (IPO) représentaient encore l’économie au sens large, ce sont toujours plus souvent des entreprises dotées de profils très spécialisés qui ont dominé les introductions en bourse depuis le tournant du millénaire. Des transactions parfois caractérisées par des valorisations jugées totalement excessives au regard de leur profitabilité. Et de citer l’exemple de l’IPO en novembre dernier du fabricant de véhicules électriques Rivian, qui n’avait alors fabriqué que quelques centaines de voitures mais dont la capitalisation boursière dépassait déjà celle de groupes comme Ford ou General Motors. Aux Etats-Unis, seules 20% des sociétés qui ont effectué une IPO en 2020 étaient déjà profitables, comparé à une proportion de 85% en 1990.

Le marché des placements privés triple de volume chaque décennie.

Compte tenu de leur plus grande diversification, les placements privés sont appelés à croître encore fortement au cours de la décennie à venir, grâce notamment à la forte demande provenant de la clientèle institutionnelle. En 2021, les 25 plus grands investisseurs institutionnels allouaient en moyenne 9% de leurs actifs dans les marchés privés – en 2030, cette part devrait se situer entre 15 et 20%, estime Partner Group. Pour le gérant d’actifs zougois, il n’y a pas de doutes que la multiplication par trois des volumes déjà observée d’une décennie à une autre entre 2000 et 2010, puis de 2010 à 2020, pourrait très bien se répéter à nouveau durant la décennie actuelle. Basé sur ce raisonnement, les marchés privés pourraient cumuler des actifs sous gestion de 30 trillions de dollars d’ici à 2030.

Dans l’immédiat, les investisseurs ont visiblement apprécié le set de résultats présentés mardi par Partners Group: l’action de la société a clôturé la séance en progression de 1,7% à 1’245 francs, comparé à un indice SMI en légère hausse.

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