L’univers de la durabilité est une source d’inspiration pour des idées d’investissement. Depuis les accords de la COP15 en 2022, la biodiversité s’est hissée au cœur de l’actualité. Elle est ensuite devenue une thématique de placement à part entière depuis la mise au point de sa définition et de son cadre. Silex s’est lancé dans le thème, avec la création au printemps d’un des premiers indices en euro sur la biodiversité. Composé de grandes capitalisations boursières, ce panier constitue également le sous-jacent d’une variété de produits structurés. Le point avec Audrey Borel, spécialiste des produits structurés chez SILEX.

Près de 25% des espèces animales ou végétales sont menacées d'extinction et environ 50% du PIB mondial dépend du fonctionnement des écosystèmes naturels: la perte de la biodiversité figure parmi les risques planétaires majeurs de la décennie à venir, selon les prévisions du World Economic Forum tenu en janvier à Davos.

Après le plan de relance européen et ses fonds orientés dans la transition climatique, la COP15 vient élever le débat un cran au-dessus. L’initiative conduit à un accord pour enrayer la dégradation de la biodiversité, suivie cette année, par le traité international des Nations-Unies pour la protection de la flore et la faune marine.

Surfant sur la vague des investissements responsables, les fournisseurs de données extra-financières commencent à compiler des informations sur les activités des sociétés à travers le prisme de la biodiversité. Une fois un consensus établi sur ses définitions et son cadre, les premiers indices et fonds en dollar US voient le jour. «Les investisseurs ont peu de solutions disponibles. Si la mesure des critères n’est pas aussi objectivable que celle des produits liés à la consommation carbone par exemple, il existe deux méthodologies à l’heure actuelle pour calculer l’impact positif des entreprises sur la biodiversité», souligne Audrey Borel.

En partenariat avec le fournisseur de données indépendant ISS ESG et d’indice Solactive, l’approche du panier se base sur les ODD (Objectifs de Développement Durable des Nations-Unies). «Nous avons retenu l’objectif n°15 sur la préservation et la restauration des écosystèmes terrestres, et le n°12 sur l’économie circulaire afin d’adresser la thématique de la biodiversité sur terre. Nos différentes métriques estiment la contribution positive des titres sélectionnés. Silex conduit l’analyse financière dans un deuxième temps, dans le but d’éviter tout greenwashing», ajoute-t-elle.

Basé sur l’article 8 SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), qui prévoie de fournir des données claires sur la politique d’investissement, l’indice s’affranchit des contraintes sous-sectorielles, exceptées celles liées aux revenus générés par les armes controversées, le tabac et les combustibles fossiles. L’indice est pondéré par la capitalisation boursière et la contribution de la société à l’ODD 15, afin de surpondérer les entreprises ayant un impact significatif sur la biodiversité terrestre.

Constitué des grandes capitalisations boursières européennes, l’indice conserve les 40 valeurs les mieux notées; soit les meilleures de l’univers d’investissement. Hermès, LVMH, L’Oréal et Kering figurent parmi les poids lourds du panier. De ce fait, sa performance (dividende réinvesti) est corrélée à la consommation discrétionnaire et aux titres du luxe, vertueuses par rapport à la thématique. «Kering est extrêmement bien notée, car elle fait attention à ses modes d’approvisionnement, travaille avec du coton certifié et se fournit dans des filières de bois et de fibre durables. De plus, le groupe a créé fin 2022 un fonds en partenariat avec l’Occitane pour soutenir le climat et la biodiversité», relève la spécialiste.

Avec des positions telles qu’Allianz, Axa et Munich Reinsurance, les financières sont également représentatives des meilleures élèves de l’univers. Le produit est teinté d’un biais géographique sur la France, l’Allemagne et l’Italie.

Silex ne s’arrête pas au lancement d’un indice: ce dernier constitue un sous-jacent à la création d’une variété de produits structurés. «Ce sont des solutions sur mesure, adaptées aux besoins et profils de risque des clients. Nous proposons aussi des obligations vertes indexées à la performance de la stratégie», précise Audrey Borel. Cette nouvelle vague de solutions succède à un premier certificat sur la biodiversité marine, lancé en participation avec l’association Plastic Odyssey œuvrant pour la réduction de la pollution plastique dans les océans.