L'investissement durable n’est pas encore enraciné

Schroders

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La durabilité n’est pas encore un enjeu prioritaire pour les investisseurs institutionnels. En Suisse non plus, remarque Andreas Markwalder de Schroder Investment Management (Switzerland).

L'investissement durable reste un facteur mineur dans le processus de décision d'investissement des investisseurs institutionnels, bien qu’ils estiment que son importance ira croissant, indique l'étude Schroders Institutional Investor Study 2018.  

L'étude – qui a interrogé 650 investisseurs totalisant 24’000 milliards de livres sterling d'actifs – souligne le décalage entre les perceptions des institutionnels quant à l'importance des facteurs durables et ce qui se passe encore au niveau de leur processus d'investissement.    

Près d'un tiers des investisseurs (32%) a déclaré que l'aspect durable d'un investissement avait peu ou pas d'influence sur leur décision, notamment par rapport à des facteurs tels que l’allocation stratégique, le track record des gérants, la performance attendue et la tolérance au risque.

L'étude révèle néanmoins que les facteurs durables sont plus importants pour les grands investisseurs institutionnels. Par ailleurs, ceux qui mettent davantage l'accent sur l’investissement durable ont tendance à avoir un horizon de plus long terme, une plus grande confiance dans leurs placements et un focus plus prononcé sur la performance ajustée du risque.  

32% des institutionnels dont l’horizon d’investissement est de 5 ans ou plus déclarent que l’aspect durable a une influence significative sur leurs décisions. En comparaison, ceux dont l'horizon de placement se situe entre trois et cinq ans ne sont que 23% à l’affirmer.  

Les investisseurs plus axés sur les facteurs durables sont nettement plus confiants dans la réalisation de leurs attentes de performance. Plus de la moitié d'entre eux (59%) se déclarent au moins raisonnablement confiants à ce sujet, comparativement à 37% des investisseurs pour lesquels l'investissement durable n’est pas une priorité. 

Trois quarts des investisseurs déclarent que l'investissement durable
va gagner en importance au cours des cinq prochaines années.

Ils se concentrent également sur la génération de rendements ajustés du risque, 66% ciblant cette approche, contre 53% de ceux qui sont moins axés sur l’investissement durable.  

Dans l'ensemble, un peu moins des trois quarts des investisseurs (74%) déclarent que l'investissement durable va gagner en importance au cours des cinq prochaines années, une proportion en hausse par rapport à notre enquête 2017 (67%). Un peu moins de la moitié (47%) affirment avoir augmenté leurs allocations aux investissements durables au cours des cinq dernières années.  

La stratégie d'entreprise, le changement climatique et la qualité des pratiques comptables sont identifiés comme les principaux sujets sur lesquels les investisseurs devraient mener des actions d’engagement auprès des entreprises.

Toutefois, plus des trois quarts des investisseurs (77%) estiment qu’investir de manière durable n’est pas évident, soit la même proportion que l'an dernier. Les sujets de performance constituent le principal défi, 51% citant ce sujet comme un obstacle à l'investissement durable, en hausse par rapport à l’an dernier (44%). 

Le manque de transparence et la difficulté de mesurer le risque sont les autres principaux défis qui, selon les investisseurs, freinent le développement de l'investissement durable.

Plus d'un tiers des investisseurs (34%) à l'échelle mondiale déclare que des preuves démontrant que le fait d'investir de façon durable permet d'obtenir de meilleurs rendements accroîtrait leurs allocations envers ces investissements. Ce pourcentage atteint notamment 49% chez les investisseurs en Amérique du Nord.

Andreas Markwalder, CEO de Schroder Investment Management (Switzerland) AG: «En Suisse non plus, la durabilité n’est pas encore un enjeu prioritaire pour les investisseurs institutionnels. Un engagement de ce type, selon nous, n’est pas seulement un acte exemplaire, par exemple en faveur d’un environnement plus propre ou de meilleures conditions de travail pour les travailleurs : nous sommes convaincus que performance et durabilité sont des concepts qui évoluent de pair. De plus, les entreprises qui intègrent les critères de durabilité dans leur chaîne de valeur sont mieux préparées aux défis de l’avenir et disposent par conséquent de modèles économiques plus stables à long terme. Sur un horizon de temps éloigné, on peut d’ailleurs s’attendre à une croissance des bénéfices supérieure à la moyenne de la part des entreprises durables. C’est pourquoi nous encourageons sans cesse nos partenaires institutionnels à porter encore plus d’attention au facteur de durabilité.» 

Jessica Ground, Global Head of Stewardship de Schroders: «Il existe toujours un fossé entre les aspirations des institutionnels en matière d'investissement durable et l’importance qu’ils donnent à ces facteurs dans leurs décisions d'investissement. Les investisseurs reconnaissent clairement que l’approche durable sera de plus en plus importante à l'avenir, mais elle n'est pas encore au cœur de leur processus d'investissement. Cette étude démontre que ceux qui donnent la priorité à l'investissement durable ont tendance à avoir des horizons d'investissement à plus long terme et une plus grande confiance dans l'atteinte de leurs objectifs de performance. Donner aux investisseurs les moyens de penser à plus long terme et d'éviter de prendre des décisions à court terme est aussi une préoccupation croissante des décideurs politiques à l'échelle mondiale. Au fil du temps, cette étude souligne que l’investissement durable va de plus en plus s’imposer aux côtés des priorités déjà établies des investisseurs institutionnels, bien qu'il reste encore des obstacles à surmonter pour y parvenir à court terme.»