Soyons sans crainte: la «destruction créative» énoncée par Schumpeter est source de croissance.
L'intelligence artificielle (IA) est un sujet de débat depuis plusieurs décennies, avec des craintes souvent exagérées concernant son impact sur le marché du travail et la vie quotidienne. Par exemple, en 1968, le film «2001, l'Odyssée de l'espace» de Stanley Kubrick imaginait un avenir où les ordinateurs contrôleraient tous les aspects de la vie humaine, allant même jusqu’à les tuer s’ils se plaçaient en travers de leur route. Or, plus de 55 ans plus tard, les êtres humains sont toujours au cœur de notre société et de notre économie.
Plus récemment, Elon Musk avait prédit qu'en 2019, nous aurions déjà des voitures autonomes sur les routes. Pourtant, bien que des avancées significatives aient été réalisées, les voitures autonomes sont encore loin d’être une réalité courante.
Cependant, il est important de prendre en compte la théorie de la «destruction créative» de l'économiste autrichien Joseph Schumpeter pour comprendre l'impact de l'IA sur l'emploi. Selon Schumpeter, l'innovation et le progrès économique sont le résultat d'un processus de «destruction créative», au cours duquel les nouvelles technologies remplacent les anciennes, entraînant une transformation du marché du travail.
Dans le contexte de l'IA, il est essentiel de reconnaître que la collaboration homme-machine est souvent plus efficace qu'une machine seule. Les machines peuvent compléter les compétences humaines, améliorant la productivité et permettant aux employés de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Il y a 3 semaines, Microsoft présentait ses nouveaux outils logiciels sous le nom «Microsoft 365 COPILOT», qui mettent l’emphase, une fois encore, sur la collaboration personnes-machines.
Pendant la crise du COVID-19, par exemple, les clients des banques avaient besoin de parler à des conseillers humains plutôt que de se contenter de robots. L'IA n'a ainsi pas remplacé les travailleurs humains dans ce cas, mais a plutôt servi de support pour aider les employés à mieux servir leurs clients.
Les secteurs les plus susceptibles d'être touchés par l'IA sont ceux qui impliquent des tâches répétitives et prévisibles. En revanche, les emplois nécessitant des compétences humaines telles que la créativité, l'empathie ou la résolution de problèmes complexes resteront moins affectés.
Certes, il est humain – le terme est ironique dans ce contexte - que des travailleurs craignent de se voir remplacés par des automates dotés d’une intelligence artificielle. Au XIXe siècle déjà, alors que la révolution industrielle bouleverse l’ordre établi, des ouvriers inquiets détruisirent à coups de masse les métiers à tisser de plusieurs filatures. Pourtant, ces inquiétudes sont aujourd’hui dissipée et personne aujourd’hui ne songe revenir au pénible tissage à la main.
Il est intéressant de noter que malgré l'automatisation croissante, le taux de chômage dans des pays comme la Suisse, les États-Unis ou le Royaume-Uni est proche de son plus bas historique. Cela confirme en partie les théories de Schumpeter, qui soutiennent que l'innovation et la destruction créative peuvent entraîner la création de nouveaux emplois et stimuler en fin de compte la croissance économique.
En résumé, il est essentiel de modérer nos attentes et aussi nos craintes concernant l'impact de l'IA sur l'emploi et de reconnaître que la collaboration homme-machine est souvent plus efficace qu'une machine seule. Malgré les exagérations du passé, la destruction créative de Schumpeter reste pertinente pour comprendre les transformations du marché du travail induites par l'IA. Il est probable que l'IA détruira certains emplois, mais elle en créera aussi de nouveaux et les travailleurs humains continueront de jouer un rôle essentiel dans notre économie.