Les rendements des clean tech sont très dispersés

Cyril Gomez

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Le stockage énergétique et les réseaux électriques intelligents sont les secteurs les plus porteurs au sein des énergies propres, selon Cambridge Associates.

Le battage médiatique autour des investissements dans les énergies propres (clean tech) n’est pas superflu. Aussi bien les acteurs industriels, les consommateurs et les investisseurs sont de plus en plus demandeurs de solutions respectueuses de l’environnement. Mais les clean tech recouvrent de nombreux aspects et se déclinent sous des formes très diverses. Il n’est donc pas facile pour les investisseurs d’identifier les projets présentant les meilleurs résultats en termes de rendements et de viabilité.

Après avoir analysé 1500 sociétés de capital-risque et fonds d’investissement (private equity), ainsi que leurs placements dans 933 entreprises dans le monde entre 2000 et 2016, la société d’investissement globale Cambridge Associates observe que les rendements les plus élevés n’émanent pas des segments clean tech ayant attiré le plus de capitaux.

Ainsi, à fin mars 2018, 3,8 milliards de dollars ont été investis dans les entreprises spécialisées dans la fabrication de composants d’énergies renouvelables. Il s’agit du groupe ayant généré l’un des plus mauvais taux de rendement interne (brut des frais de gestion) sur la période précitée, soit -6,7%. Par contraste, le taux de rentabilité interne des investissements dans les entreprises de stockage d’énergie ressort à plus de 27%, alors que les investissements y totalisent moins d’un milliard de dollars (814 millions).

«Il est critique de développer une compréhension
profonde et nuancée de la dynamique, des facteurs et des gérants de fonds
dans le paysage des énergies propres.»

De même pour les réseaux électriques intelligents (smart grid), dont les investissements se sont traduits par un taux de rendement de plus de 26% avec seulement 1,8 milliard de dollars investis dans ce sous-secteur. Les plus mauvais rendements proviennent de secteurs pourtant passablement plébiscités, tels que les biocarburants et les biomatériaux (-11,7%) et les matériaux avancés (-16,8%).

Dans un rapport publié lundi 30 octobre, Liqian Ma, Managing Director chez Cambridge Associates, observe qu’un nombre croissant de clients abordent l’investissement dans les clean tech avec une approche philanthropique ou un focus stratégique axé sur l’efficience des ressources. «Selon nous, il est critique de développer une compréhension profonde et nuancée de la dynamique, des facteurs et des gérants de fonds dans le paysage des énergies propres afin que ceux-ci puissent atteindre leurs objectifs», insiste Liqian Ma.

L’expert rappelle que les clean tech se déclinent actuellement en quatre sous-groupes principaux. À savoir l’optimisation énergétique (dont fait partie le stockage énergétique), les énergies renouvelables, les solutions de gestion des ressources et la fabrication de composantes d’énergies renouvelables. C’est le premier de ces segments, l’optimisation des ressources, qui enregistrent les rendements les plus élevés (10%) au sein des sociétés de capital-risque et fonds d’investissement. Il est suivi des énergies renouvelables (9,4%), des solutions de gestion des ressources (7%), la fabrication de composants d’énergies générant un rendement négatif de -6,7% comme précité.

Il convient également de relever qu’il existe une grande dispersion des rendements selon la période d’investissement. Les projets les plus récents génèrent de fait les performances les plus significatives. Les investissements entrepris entre 2005 et 2009 se sont traduits par des rendements moyens de -0,8%, alors que ceux initiés entre 2010 et 2016 génèrent déjà des rendements de 13,5%. Sur cette période, trois des quatre sous-groupes clean tech affichent des taux de rendement de plus de 16%.

«Nous observons une cohorte de plus en plus étoffée de gestionnaires de fonds très spécialisés et prometteurs, capables de tirer parti des opportunités que présentent les clean tech en général», assure Liqian Ma. Ces gérants ont pour thème principal l’énergie intelligente, qui recouvre justement le stockage énergétique et les réseaux électriques intelligents. Ce thème est soutenu par les politiques publiques et les progrès technologiques, dont le résultat est d’amener un nombre croissant d’entreprises à adopter des usages toujours plus efficients des ressources.

Le Master Plan Clean Tech lancé par la Confédération en 2011
a pour objectif d’encourager l’efficacité des ressources
et les énergies renouvelables en Suisse.

Rappelons, en effet, que le Master Plan Clean Tech lancé par la Confédération en 2011 a pour objectif d’encourager l’efficacité des ressources et les énergies renouvelables en Suisse, en incitant notamment les cantons, les milieux économiques et le monde scientifique à travailler ensemble en vue d’éliminer les barrières à l’innovation et à l’investissement, «à quelque niveau que ce soit».

Fait intéressant, le développement des nouvelles technologies requises dans un secteur aussi porteur que le smart grid, par exemple, nécessite des capitaux d’amorçage particulièrement élevés. Pourtant, les recherches menées par Cambridge Associates montrent que les investisseurs sont de moins en moins enclins à s’engager à ce stade du cycle de financement, privilégiant les phases finales. «Cette baisse du financement pourrait créer des opportunités pour les investisseurs spécialisés dans les phases de financement initial et dotés de fortes capacités d’exécution des mandats, ainsi que d’une grande expertise sectorielle», explique Liqian Ma.

Enfin, ce manque de capitaux disponibles pour financer les phases initiales des projets coïncident cependant avec une surperformance des investissements réalisés en début de cycle par rapport au rendement des capitaux déployés durant les phases de croissance. Soit un rendement de près de 16% pour les premiers contre 12,6% pour les seconds sur la période située entre 2010 et 2016. À plus long terme, toutefois, les rendements des investissements effectués en phase finale de financement, entre 2000 et 2016, atteignent 9% contre une performance quasi nulle (à peine 1%) des capitaux investis en phase de démarrage sur cette période.

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