Les paiements de dividendes devraient augmenter de 10% en 2021

Jonathan Crown, Columbia Threadneedle Investments

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Bon nombre des secteurs les plus fragilisés en 2020, tels que l’automobile, devraient connaître un net rebond au niveau des dividendes.

Après une année 2020 difficile sur le plan des dividendes, les perspectives pour 2021 s’annoncent favorables. Bon nombre des secteurs les plus fragilisés en 2020, tels que l’automobile, devraient connaître un net rebond au niveau des dividendes. Cette situation ne sera toutefois pas généralisée: certains secteurs comme le divertissement et l’industrie aérospatiale risquent d'être à la peine tout au long de l’année 2021. Dans ce contexte, il est d'autant plus important de se concentrer sur la pérennité des dividendes et la rentabilité du capital. La composition des revenus du capital devra toutefois aussi faire l’objet d’une attention particulière, dans la mesure où tant les entreprises que les autorités de réglementation s’intéressent à la souplesse offerte par les rachats d’actions et le versement de dividendes exceptionnels.

2020, bon débarras!

L’année 2020 s’est avérée extrêmement difficile sur le plan des dividendes, qui ont diminué de près de 8% (figure 1a). La pandémie a nettement pesé sur le PIB et l’activité économique en raison des confinements imposés dans le monde entier. Par ailleurs, l’essor du télétravail dû à la crise pandémique a accéléré l’adoption des technologies. Il a en revanche eu une incidence négative sur les flux de trésorerie des secteurs sensibles à la conjoncture et à forte intensité capitalistique, comme l’énergie, l’industrie aérospatiale et les loisirs. Le tarissement des flux de trésorerie d’une entreprise remet en question le versement de dividendes. Par conséquent, les secteurs susmentionnés ont connu les plus fortes baisses de dividendes en 2020, celui de la consommation discrétionnaire ayant par exemple enregistré une diminution de près de 30% (figure 1a).

Dans des secteurs moins touchés par la crise, beaucoup d’équipes de direction ont décidé de suspendre le versement de dividendes par prudence ou pour préserver leur réputation (après avoir eu recours aux aides publiques fiscales pour payer leurs employés). Les secteurs de la banque et de l’assurance se sont quant à eux vu interdire le versement de dividendes par les autorités de réglementation, et ce dans un grand nombre de pays. Les dividendes du secteur financier ont ainsi chuté de près de 20% en 2020 (figure 1a).

Enfin en 2021!

Les perspectives de dividendes pour 2021 s’annoncent favorables à l’échelle internationale: ceux-ci devraient augmenter de 10% malgré la pandémie qui continue de sévir. Les secteurs les plus malmenés en 2020 entrevoient en effet un net rebond en 2021 et celui des matériaux devrait également afficher une hausse des dividendes de plus de 15% à la faveur de la hausse des prix des matières premières. Les banques et les assurances devraient quant à elles reprendre la distribution des dividendes plus tard dans l’année, un processus qui pourrait toutefois être plus lent qu’espéré par les investisseurs, dans la mesure où les autorités de réglementation attendent une stabilisation de la situation (figure 1b).

Un grand nombre d’entreprises qui avaient décidé de ne pas distribuer de dividendes en 2020, pour des raisons de prudence économique ou de réputation, ont commencé à en verser à nouveau (parfois avec un dividende exceptionnel en sus) — une tendance appelée à se poursuivre. En revanche, les sociétés qui n’ont pas été en mesure de verser des dividendes en 2020 en raison de l’incidence de la crise sur leur trésorerie et de difficultés persistantes dans leurs secteurs (le divertissement et l’industrie aérospatiale notamment) n’en distribueront toujours pas en 2021. Celles qui ont réduit leurs dividendes mais qui opèrent dans des secteurs qui se rétablissent peu à peu (l’énergie et l’automobile, par exemple) devraient cependant augmenter progressivement leurs dividendes, ou ceux-ci devraient du moins être mieux couverts par les flux de trésorerie.

Les deux enseignements clés à tirer de la pandémie en matière de dividendes

Premièrement, il est indispensable de veiller à la pérennité des dividendes dans le cadre d’une stratégie d’investissement axée sur le revenu. Ceci devient encore plus évident en temps de crise. Sachant que les entreprises fortement endettées exerçant dans des secteurs cycliques ou en proie à des problèmes structurels ont été malmenées, nous continuons de privilégier les sociétés qui affichent une croissance durable et offrent des revenus pérennes, car nous pensons qu’il s’agit de la meilleure façon de générer un rendement total tout au long du cycle. En effet, la pérennité des dividendes deviendra probablement un atout encore plus précieux dans ce monde bouleversé par la pandémie. Notre univers d’investissement mondial et notre stratégie de construction de portefeuille, qui consiste à privilégier une exposition équilibrée aux différentes sources de dividendes et aux différents secteurs, permettent en outre de conserver un profil de revenu stable au fil des cycles du marché.

Deuxièmement (et de manière plus nuancée), la pandémie est susceptible de modifier la composition des revenus du capital dans les années à venir. Nombre d’entreprises en ont profité pour ajuster le montant du dividende, tout en tirant davantage parti de la souplesse offerte par les rachats d’actions et les dividendes exceptionnels. Les autorités de réglementation européennes des secteurs de la banque et de l’assurance ont elles aussi pu constater la plus grande souplesse dont ont bénéficié leurs homologues américains en étant en mesure de suspendre les rachats d’actions, une décision plus efficace compte tenu des faibles taux de distribution sur ce marché.

Bien que la situation soit propice à une augmentation des dividendes et de la rentabilité du capital en ce début d’année 2021, il est important de prendre en compte la composition des revenus du capital, un facteur qui pourrait devenir une constante même après la pandémie.