«Seul un très petit nombre d'investisseurs alloue des fonds sur l'ensemble des opportunités offertes par les obligations émergentes», explique Simon Lue-Fong.
Suite à une enquête mondiale menée par Vontobel, 75% des investisseurs institutionnels sont confiants sur les perspectives des obligations émergentes (EM) et sont susceptibles d'y augmenter leur exposition au cours des deux prochaines années.
L'enquête analyse les points de vue de plus de 200 investisseurs institutionnels en Europe, en Amérique du Nord et en Asie-Pacifique, afin de comprendre leurs raisonnements et leurs préoccupations en matière d’allocations actuelles et futures en produits obligataires. Dans l'ensemble, les investisseurs considèrent que la hausse des rendements (57%) est la première préoccupation pour les portefeuilles obligataires, l’analyse identifiant également l'inflation et la politique monétaire comme les thèmes dominant les réflexions macroéconomiques des investisseurs.
Les priorités diffèrent toutefois légèrement d'une région à l'autre, les investisseurs des pays d’Asie-Pacifique considérant l’augmentation des rendements et la garantie de liquidité comme des préoccupations d'égale importance (55% dans les deux cas), alors que préserver de la liquidité est une priorité moindre (49%) pour les investisseurs d'Amérique du Nord et d'Europe.
L'alignement des investissements sur des objectifs ESG est également considéré comme une facteur clé à 41% dans toutes les régions. Les investisseurs nord-américains y accordent notamment une importance accrue (51%), indiquant une potentielle prise de conscience et une acceptation de l'importance de l'ESG.
Dans toutes les régions, les participants notent également que les thèmes de la diversification (30%) et de la préservation du capital (21%) sont des considérations essentielles.
L'enquête révèle que 61% des investisseurs détiennent des obligations émergentes à travers une allocation obligataire diversifiée. 52% d'entre eux sont exposés aux entreprises des marchés émergents. Dans les deux cas, les allocations ne sont que très légèrement inférieures à celles de l'année dernière.
44% des participants cette année (contre 39% l’an passé), sont exposés à de la dette souveraine émergente en devises fortes, avec des allocations en légère hausse par rapport à l'année dernière. La sous-performance persistante a également conduit les investisseurs à réduire leur exposition à de la dette souveraine émergente en devise locale, avec seulement 23% des répondants allouant actuellement des fonds à ce secteur du marché, contre 47% en 2022.
«Les investisseurs doivent se positionner maintenant pour ne pas risquer de manquer un point d'entrée attrayant, en particulier sur les devises locales qui ont été un segment mal-aimé et sous-performant au cours des dernières années, bien qu’elles semblent maintenant beaucoup plus prometteuses», a déclaré Simon Lue-Fong, responsable de la Boutique Fixed Income de Vontobel. «La gestion de l'allocation entre les différents segments du marché obligataire EM peut s'avérer difficile, ce qui renforce l'attrait des approches mixtes, qui peuvent offrir des avantages en termes de positionnement et de facilité d'accès à des opportunités intéressantes».
Les fonds mixtes commencent à se multiplier, avec environ 16% des institutionnels accédant aux marchés émergents par ce biais, contre presque aucun l'année dernière, les investisseurs étant peut-être de plus en plus conscients des avantages de cette approche. Cette popularité croissante se reflète également dans les résultats de l'enquête : plus de 70% des investisseurs prévoient d'augmenter leur allocation à ce type de fonds dans les 24 prochains mois. Cette tendance reflète les avantages potentiels des fonds mixtes en termes de diversification et de maîtrise des risques, d'amélioration des rendements et des revenus, et de positionnement plus souple sur la courbe de rendement.
Actuellement détenue par seulement 23% des répondants (contre 47% l'année dernière), les obligations souveraines en devise locale semblent être les moins appréciées parmi les principales catégories de dette émergente. Toutefois, une forte proportion d'investisseurs institutionnels (38%) prévoit d'augmenter leur exposition, et 71% de ceux qui envisagent de le faire citent le potentiel d'appréciation des actifs comme l'un des principaux facteurs décisifs.
«Les investisseurs ont tendance à se cantonner aux segments de la dette des marchés émergents qu'ils connaissent et possèdent. Comme le montre notre analyse, seul un très petit nombre d'investisseurs alloue des fonds sur l'ensemble des opportunités offertes par les obligations émergentes, beaucoup s'en tenant à un, voire deux segments du secteur. Nous pensons qu'il est judicieux d'élargir ces horizons et, compte tenu de la tendance potentielle qui se dessine pour les devises locales, les investisseurs devraient s'y intéresser plus activement. La principale raison invoquée par les investisseurs de notre étude pour augmenter leur exposition à la monnaie locale étant le potentiel d'appréciation des actifs, cela semble indiquer qu'il pourrait s'agir d'une stratégie tactique rentable plutôt que d'une stratégie structurelle» conclut Simon Lue-Fong.