Le géant asiatique entame un processus de long terme afin de passer à une économie centrée sur la consommation domestique.
Le président chinois Xi Jinping a de grandes ambitions pour l’économie de son pays. Le géant asiatique est en train de passer d’un modèle économique reposant sur les exportations à une économie plus centrée sur la consommation domestique. Bien entendu, cette transformation est un processus de long terme.
L’intention de la Chine est naturellement de continuer à faire croî tre son économie, même si les moteurs changent. Toutefois, le pays est conscient que son développement à long terme inclura, au-delà des partenaires internationaux traditionnels que sont l’Europe occidentale et l’Amérique, le renforcement des partenariats avec ses voisins asiatiques, notamment dans le contexte actuel de tensions commerciales avec les États-Unis. En 2013, Xi Jinping a dévoilé le projet des «nouvelles routes de la soie» (Belt & Road Initiative - BRI) dans le cadre d’une approche internationale «nouvelle» et «proactive». Ce projet stratégique ambitieux, évoquant la Route de la soie historique, marque le début d’une nouvelle ère géopolitique.
En à peine 30 ans, la Chine est passée d’un pays essentiellement agricole, tourné vers l’intérieur, à une puissance manufacturière mondiale. Au cours de cette période, une croissance économique rapide et de profondes réformes structurelles ont fait du pays la deuxième économie mondiale après les États-Unis. Toutefois, en raison d’une certaine maturation économique et de la transition démographique, le pays se prépare à inaugurer une phase de croissance plus lente, mettant davantage l’accent sur la qualité et le développement durable. Dans ce contexte, le leadership de la Chine est à la recherche de nouveaux canaux pour soutenir son appétit de croissance, à un moment où la demande de ses voisins asiatiques en développement connaît une progression rapide. Les « nouvelles routes de la soie » du président Xi Jinping constituent une réponse à ce défi.
Ce projet repose sur deux éléments essentiels. Premièrement, la création d’une ceinture économique terrestre regroupant des pays situés sur la Route de la soie originale et traversant l’Asie centrale, l’Asie occidentale, le Moyen-Orient et l’Europe. Deuxièmement, une route maritime qui relie les installations portuaires de la Chine à la côte africaine et traverse le canal de Suez pour atteindre la Méditerranée. L’un des objectifs est de réorienter les surcapacités et les capitaux domestiques vers le développement des infrastructures régionales, afin d’améliorer le commerce et les relations avec l’ASEAN, l’Asie centrale et les pays européens.
Alors que les pays émergents d’Asie souffrent encore d’un manque d’infrastructures, la Chine entend, à travers ce projet gigantesque, construire des partenariats avec ses voisins afin de développer les réseaux routiers et ferroviaires, mais aussi l’urbanisation, l’assainissement et le niveau de vie des populations. Il n’est pas surprenant que l’Asie, en particulier l’ASEAN (Association des nations d’Asie du Sud-Est), soit le principal bénéficiaire des projets envisagés par les «nouvelles routes de la soie». Bien entendu, la Chine elle-même en tirera des avantages substantiels, grâce à l’élimination de nombreux goulets d’étranglement dans les infrastructures, qui entravent actuellement la prochaine phase de sa croissance économique et commerciale.
Au plan domestique, les secteurs de l’industrie, des transports, de l’ingénierie et des services environnementaux seraient sans doute les premiers bénéficiaires (avec leurs partenaires asiatiques locaux). À plus long terme, les entreprises du secteur de la consommation (commerce électronique, consommation courante, santé, etc.) seraient également gagnantes, le niveau de vie en Asie s’améliorant progressivement pendant toute la durée du projet.
Les «nouvelles routes de la soie» représentent incontestablement l’un des programmes d’expansion des infrastructures et du commerce les plus ambitieux de l’histoire moderne. Si les estimations varient considérablement, on estime que les projets d’investissement représentent plus de 1000 milliards de dollars de financement d’infrastructures étrangères, sur une période de 10 ans démarrant en 2017. D’après le Portail du projet «Belt & Road», les «nouvelles routes de la soie» regroupent déjà 138 pays partenaires et plus de 1800 projets.
La plupart des projets sont actuellement concentrés sur le développement de l’énergie et des infrastructures. Cependant, la prochaine phase met de plus en plus l’accent sur le secteur manufacturier et les services.
Le projet a d’ores et déjà un impact spectaculaire sur le développement des infrastructures mondiales. Il constitue un moteur puissant pour stimuler les flux commerciaux, l’emploi et les flux de capitaux, tout en améliorant les connexions entre la Chine et les pays participants. La montée en puissance du projet renforcera son impact sur le commerce et l’économie mondiales, ce qui pourrait bien changer la donne dans la région et au-delà dans les années à venir.