Le Private Equity au cœur de la transition énergétique

Ferdinand Dalhuisen, ODDO BHF Private Equity

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La transition énergétique s’érige comme l’une des tendances les plus importantes de la dernière décennie ainsi que l’un des secteurs d’investissement les plus attractifs pour l’avenir.

 

En ces temps de turbulences sur les marchés et de flux d’informations rapides et contradictoires, il est nécessaire de prendre du recul pour identifier les mégatendances qui restent en vigueur malgré la conjoncture actuelle des marchés et de la politique américaine.

Dans ce cadre, la transition énergétique s’érige comme l’une des tendances les plus importantes de la dernière décennie ainsi que l’un des secteurs d’investissement les plus attractifs pour l’avenir.

POURQUOI LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EST-ELLE UNE TENDANCE SI CLAIRE ET IRRÉVERSIBLE?

La transition énergétique, qui a démarré au début des années 2000 pour faire face au changement climatique et répondre à la problématique d’épuisement des combustibles fossiles, a connu une forte croissance au cours des quatre dernières années, soutenue principalement par trois facteurs.

  1. Les énergies renouvelables sont devenues le moyen de production d’électricité le moins cher1. Grâce aux développements technologiques et aux effets d’économies d’échelle, le coût actualisé de l’énergie du photovoltaïque et de l’éolien est devenu le plus compétitif. Cela a fait des énergies renouvelables la technologie de préférence des investisseurs et développeurs de projets énergétiques, atteignant 90% du volume des projets dans la file d’attente de raccordement au réseau des États-Unis2.
  2. L’électrification de l’économie et le développement de l’Intelligence Artificielle ont déclenché une augmentation massive de la demande d’électricité. L’Electric Power Research Institute estime que la consommation d’électricité des centres de données pourrait représenter 9% de la demande totale d’électricité aux États-Unis d’ici 20303. De plus, Bain and Company estime que les Etats-Unis devront augmenter de 26% leur production d’électricité par rapport à 20234. La génération d’électricité renouvelable est la seule pouvant répondre à cette nouvelle demande grâce à ses délais de développement – plus courts que ceux des autres modes de production (environ 2 ans versus 5 ans pour une nouvelle centrale au gaz). Ces chiffres ne prennent pas en compte la demande supplémentaire liée à l’électrification pour la production de chaleur domestique et industrielle et à la croissance du marché des véhicules électriques.
  3. L’impératif de la souveraineté énergétique, en particulier pour l’Europe et la Chine ayant toutes les deux de faibles ressources naturelles énergétiques. La Chine est devenue le leader mondial incontesté de la transition énergétique. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, la Chine représente 37% des 2,3 milliards de dollars investis dans la transition énergétique à l’échelle mondiale en 2024, et domine la chaîne de valeur de production des panneaux photovoltaïques, batteries et véhicules électriques5. Ceci est le résultat d’une stratégie de long-terme valorisant le potentiel des nouvelles technologies ouvrant la voie à l’indépendance énergétique dans un contexte géopolitique complexe. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, l’Europe s’est également réveillée face à ses vulnérabilités, qui sont aujourd’hui renforcées par le contexte actuel des Etats-Unis.

Cette dynamique crée une opportunité d’investissement se déclinant en 4 grandes catégories.

1. LA CONSTRUCTION DE NOUVELLES INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES

Les investissements décrits ci-dessus sont consacrés au développement des parcs solaires, éoliens et des réseaux de stockage par batterie, mais aussi à la construction de nouvelles lignes de transmission, à la modernisation du réseau, au développement du biogaz, aux centres de données verts et aux réseaux de recharge de véhicules électriques. Dans le domaine des infrastructures, la transition énergétique est le secteur le plus dynamique générant un grand nombre d’opportunités d’investissement.

2. L’ÉCOSYSTÈME DE FOURNISSEURS DE PRODUITS ET SERVICES POUR SOUTENIR LES INFRASTRUCTURES LIÉES À LA TRANSITION

Il s’agit notamment des fabricants de composantes, des fournisseurs de services d’exploitation et maintenance, des sociétés de conseil et d’analyse ainsi que des fournisseurs de logiciels. Ces acteurs opèrent dans un marché soutenu par une croissance rapide et offrent des opportunités d’investissement attractives.

3. L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Contrairement aux modèles basés sur la combustion des énergies fossiles, où seulement des gains d’efficacité supplémentaires marginaux sont possibles, les technologies de la transition ont un vrai potentiel d’innovation, notamment les innovations autour des cellules solaires et des batteries6. L’intelligence artificielle aura également un rôle important à jouer dans l’opération des réseaux électriques ainsi que dans la mise en place des villes intelligentes.

4. EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE

Compte tenu de l’importante augmentation de la demande, les prix de l’électricité ne devraient pas baisser à moyen-terme. Par conséquent, les modèles autour de l’efficacité énergétique, permettant l’optimisation et réduction de la consommation, représentent un secteur avec de fortes perspectives de croissance.

Dans le contexte actuel, investir dans la transition peut être considéré comme une stratégie d’investissement défensive pour 2 raisons principales.

1. LES ENJEUX DE LA TRANSITION ne sont pas au cœur des flux commerciaux mondiaux impactés négativement par le contexte géopolitique actuel. Néanmoins, il est nécessaire de prendre en compte l’impact des taxes douanières sur la chaîne d’approvisionnement des technologies de la transition, qui est majoritairement contrôlée par la Chine.

2. LES MOTEURS FONDAMENTAUX DE LA TRANSITION énumérés ci-dessus sont structurels et vont au-delà de la croissance du PIB. Ils génèrent en premier lieu le déploiement des infrastructures, créant à son tour l’écosystème des fournisseurs de biens et services. La croissance du PIB, comme pour toute autre stratégie d’investissement, reste néanmoins un facteur majeur pour définir la demande finale d’énergie.

Enfin, il est pertinent de revenir sur le changement climatique, moteur originel de la transition énergétique. Il se poursuit sans relâche et ses effets économiques négatifs s’intensifient. Au fur et à mesure que la situation actuelle se dégrade, la pression pour accélérer la transition s’intensifie. Cela entraine des implications négatives pour les actifs qui entravent la décarbonation, et à l’inverse des avantages pour ceux qui se trouvent dans la chaîne de valeur de la transition. Du point de vue de la gestion des risques, les investisseurs doivent s’assurer que leurs portefeuilles sont positionnés pour refléter cette éventualité.

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