L’élection présidentielle aux Etats-Unis est le suffrage qui a le plus d’implications globales aussi bien sur le plan géopolitique que sur les marchés. Il se tiendra dans près de deux semaines, et à l’heure actuelle, les sondages donnent les deux candidats au coude à coude. Ces derniers ont récemment évolué en faveur de Trump dans les sept «swing states» où se jouera l’élection. Ce regain de popularité s’inscrit dans le contexte des tensions géopolitiques récentes au Moyen-Orient, où l’administration démocrate est sous pression pour son soutien à Israël auprès d’une partie de sa base électorale. Aussi, les ouragans dans certains états ont été l’occasion pour Trump de battre campagne sur l’inefficacité de l’administration démocrate, avec un certain succès semble-t-il. L’élection n’est toutefois pas jouée et nous continuons de penser que Kamala Harris a ses chances.
Du point de vue de l’économie et des marchés, un des grands enjeux sera la majorité au Congrès et, à priori, aucun candidat n’en bénéficierait. Cela sera un facteur limitant en matière budgétaire. Le Sénat passerait dans le camp républicain alors que la Chambre des Représentants repasserait sous bannière démocrate. Kamala Harris ne pourrait pas relever l’impôt sur les sociétés, et Donald Trump ne pourrait pas le baisser comme il l’avait fait lors de son premier mandat grâce à la majorité républicaine au Congrès lors des élections de 2016.
Le dollar et les taux 10 ans sont les actifs financiers les plus corrélés positivement à Trump.
Du point de vue des marchés financiers, le programme expansionniste de Trump (même si limité par l’absence de majorité au Congrès) et le relèvement des tarifs douaniers vis-à-vis des partenaires commerciaux présente un risque inflationniste non négligeable. Depuis son rebond dans les sondages, les rendements obligataires sont orientés à la hausse, même si la robustesse des dernières données économiques a également contribué à cela. Selon nos estimations, le dollar et les taux 10 ans sont les actifs financiers les plus corrélés positivement à Trump.
Côté marchés actions, le lien entre sondages électoraux et performance des secteurs est perturbé par d’autres facteurs comme le prix du pétrole et la saison des résultats. Selon nos estimations, le secteur de la consommation discrétionnaire, de même que les banques, et l’automobile sont les secteurs le plus corrélés à Trump. Les small caps et l’énergie ont également montré une certaine corrélation à la probabilité de victoire de Trump au cours des trois derniers mois. Mais cela s’avère instable et comme évoqué plus haut, d’autres facteurs viennent perturber la relation.
Pour conclure, nous pensons que quel que soit le vainqueur, il y aura une différence entre les promesses des candidats et ce qu'ils feront réellement. Une partie de la réponse à cet écart (promesses et réalités) résidera dans la configuration du Congrès. Un gouvernement divisé, ce qui est très probable, serait le meilleur cas pour les obligations et la possibilité de voir la Fed procéder à des baisses de taux agressives. En effet, dans ce scénario, le Congrès ne soutiendrait aucun programme de relance budgétaire agressif de la part du nouveau président.
En ce qui concerne la politique étrangère, les points de vue des deux candidats convergent, même sur l'Ukraine, où la lassitude règne dans les deux camps. La seule différence notable concerne les barrières douanières et la nature transactionnelle de Trump par rapport à Harris. Trump sera plus enclin à conclure des accords. Le déploiement du programme «MAGA» encouragerait probablement les investisseurs à augmenter encore davantage leur exposition aux actions américaines. Nous pourrions également assister à un rebalancement prononcé des obligations vers les actions. Une victoire de Harris, en revanche, donnerait aux investisseurs un prétexte pour se diversifier vers le reste du monde, avec un dollar plus faible et des taux plus bas.