La gestion des investissements «de crise» pendant le coronavirus

Michael A. Welti, REYL & Cie

2 minutes de lecture

De nombreux investisseurs se souviennent encore de la crise financière, de la bulle technologique et des événements dramatiques du 11 septembre.

© G. Maillotpoint-of-views.ch

Les événements de ces dernières semaines ont laissé des traces sur la plupart des portefeuilles des investisseurs. Le rythme effréné de la volatilité du marché est assez inédit, mais pour beaucoup d’entre eux, ce n’est certainement pas la première correction de marché à laquelle ils ont assisté. De nombreux investisseurs se souviennent encore de la crise financière, de la bulle technologique et des événements dramatiques du 11 septembre.

Pendant toutes ces périodes, l’approche de base, que l’on oublie souvent lors d’une bulle économique, consiste à se munir d’un portefeuille bien diversifié. Grâce à un portefeuille varié et de qualité, les clients en gestion de fortune peuvent se protéger contre des pertes plus importantes que sur un marché liquide.

Dans ce cas, comment se fait-il que les prétendues «valeurs refuges» telles que l’or et les obligations d’État, aient été affectées par le crash mondial?

Appels de marge

Au vu de la tendance baissière constatée ces dernières semaines, les actions ont connu une période particulièrement volatile. Des pertes de 10% suivies de gains de 10% constituent des retournements de situation dramatiques, fait auquel les investisseurs n’avaient pas assisté depuis plus de dix ans. Une baisse des cours de la bourse de 5% lors d’une séance de trading est devenue la norme pour de nombreux investisseurs au premier trimestre.

Mis à part les ordres de vente des investisseurs, un accélérateur supplémentaire, qui a contribué à la performance négative, doit être pris en compte. Les appels de marge des investisseurs, qui avaient auparavant contracté des prêts contre leurs portefeuilles de titres, se sont vus contraints soit d’injecter des liquidités supplémentaires, soit de solder leurs positions pour couvrir le déficit de ces marges.

Les investisseurs ont également été obligés de solder des positions qu’ils avaient espérées plus résilientes face aux turbulences des marchés financiers. Ce phénomène a forcé les investisseurs à solder les positions qu’ils avaient sur l’or et les obligations pour couvrir le déficit, entraînant ainsi une performance négative à plus large échelle sur de nombreuses classes d’actifs.

«Quoiqu’il nous en coûte»

Nous nous souvenons tous du sentiment que nous avons éprouvé lors de la dernière crise financière mondiale, de cette perspective maussade en pleine tempête, lorsqu’il était difficile d’entrevoir le bout du tunnel en cette période d’incertitudes. Néanmoins, les gouvernements et les banques centrales ont pris des mesures jusqu’ici inédites pour soutenir l’économie. Les États-Unis, l’Europe et d’autres pays ont annoncé des mesures dédiées à soutenir massivement leur économie et de faire «quoiqu’il leur en coûte» pour soutenir leurs industries. Les effets sur les marchés financiers sont encore inconnus. De nos jours, mêmes les taux d’intérêt négatifs ou les intérêts à taux zéro ne sont plus un fait rare.

Cependant, les investisseurs ne doivent pas oublier qu’une fois la crise initiale passée, les marchés financiers jouissent généralement d’une excellente performance pendant les années qui suivent une tendance baissière.

Tendance en faveur de la qualité

Heureusement, la plupart des clients détiennent des portefeuilles suffisamment diversifiés pour faire face à cette volatilité extrême. En revanche, pendant un marché baissier, l’optimisme l’emporte souvent sur le réalisme, tandis que les investisseurs se ruent sur des actions dont la valorisation peine à se justifier selon les mesures traditionnelles. Dans le cadre de la crise financière actuelle, nous constatons que les investisseurs réfléchissent au placement de titres solides, liquides et de qualité, dont le point d’entrée était trop élevé les années précédentes.

Long terme ou court terme

La plupart des clients en gestion de fortune ne sont pas des traders actifs, ce sont les équipes chargées de la gestion des portefeuilles et les gestionnaires d’actifs qui profitent des opportunités qu’offre la volatilité des marchés actuelle, pour le compte de leurs clients.

Pour les nouveaux investisseurs dotés d’importantes liquidités, ces dernières semaines ont peut-être présenté d’excellentes opportunités d’achat de sociétés solides profitant d’un bilan positif et d’un historique de croissance intact. Le facteur décisif consiste à conserver une perspective à long terme et non seulement la capacité à la conduite de risque, mais également la capacité à investir en bourse.

Un placement à long terme s’étend typiquement sur une durée de 10 ans. Si l’on considère les éléments ci-dessus, l’expérience acquise au vu des événements récents et les interventions des gouvernements et des banques centrales dédiées à soutenir l’économie, les investisseurs pourraient acheter des actions de qualité dans le cadre d’une stratégie «d’achat et de conservation» avec une certaine assurance. Les investissements à court terme et la négociation active pendant des périodes incertaines doivent être assurés uniquement par des traders chevronnés qui ont à la fois la capacité à la conduite de risque et le profil de risque approprié pour s’engager dans des marchés extrêmement volatiles.