La finance de développement a aussi besoin de certifications

Yves Hulmann

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Divers experts ont présenté des propositions pour favoriser l’essor de la finance d’impact lors du sommet consacré aux ODD mercredi à Genève.

SDG Finance Geneva Summit

Comment rediriger les flux financiers habituels vers les investissements conformes aux principes de développement durable? Cette question a été longuement abordée dans le cadre de la quatrième édition du SDG Finance Geneva qui a eu lieu mercredi à Genève. L’événement, qui a coïncidé cette année avec la tenue de la semaine consacrée à la finance durable («Building Bridges Week») qui se déroule jusqu’à vendredi, a réuni plus d’une centaine de spécialistes qui se sont exprimés dans le cadre d’une trentaine de sessions et de tables-rondes consacrées à diverses questions en lien avec les objectifs de développement durable (ODD). Une table-ronde, à laquelle a participé aussi Elizabeth Boggs Davidsen, directrice de l’impact en lien avec les objectifs de développement durable auprès du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a été l’occasion de pencher sur les difficultés à réunir des fonds dans ce but – mais aussi de pouvoir ensuite les utiliser avec la meilleure efficacité.

«Il est possible d’augmenter les investissements
consacrés à la finance d’impact de plusieurs milliards.»
Garder une approche «bottom-up» est essentielle

Aux yeux de Claude Barras, le directeur d’Obviam, une société bernoise spécialisée dans la finance d’impact, il n’y a pas de doute que le timing est très favorable pour la finance de développement. «On ne va passer de milliards à des trillions de fonds investis. Ce serait irréaliste. Mais il est possible d’augmenter les investissements consacrés à la finance d’impact de plusieurs milliards», estime-t-il. Beaucoup d’investisseurs tendent aujourd’hui à surestimer les risques en la matière et à sous-estimer les rendements obtenus, a-t-il fait remarquer. Pour lui, il est essentiel de conserver une approche par le bas («bottom-up») dans la finance d’impact: « L’activité d’investissement doit être assurée par le secteur privé. Une approche imposée par le haut ne fonctionnerait pas dans ce domaine», juge-t-il.

Travailler sur une plus grande échelle

Y a-t-il assez d’argent à disposition pour soutenir les projets consacrés aux objectifs de développement durable? Claus Stickler, managing director chez Allianz Investment Managers, a évoqué un autre obstacle qui se pose du côté des investisseurs: il est essentiel selon lui que les investisseurs, tels que des assurances, puissent effectuer des investissements à plus grande échelle. «Investir 15 millions de dollars répartis sur plusieurs années ne fait pas sens pour nous», illustre-t-il. L’occasion pour lui de souligner que l’assureur s’était engagé à investir 500 millions consacrés aux objectifs de développement durable. Or, au final, seuls 14 millions avaient été utilisés après deux ans.

«Le rôle du PNUD consistera à coordonner
la mise en place de processus de certification.»
S’accorder sur les définitions

Une autre question cruciale est celle de s’entendre sur les définitions en matière de finance durable. A ce sujet, Elizabeth Boggs Davidsen a souligné que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s’efforçait à définir une série de normes destinées à faciliter la tâche aux investisseurs. Le PNUD entend-elle agir comme une agence de notation? «Notre rôle consistera à coordonner la mise en place de processus de certification. Nous n’allons pas nous-mêmes évaluer les projets mais nous allons accorder des licences à une série de sociétés spécialisées qui seront chargées de cette tâche», a précisé la responsable des questions liées aux objectifs de développement durable auprès de la PNUD.

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