Building Bridges: l’ONU veut remplir le «verre à moitié vide» du durable

AWP

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Dans le cadre de la semaine de la finance durable, la directrice de l’office des Nations Unies à Genève réclame le soutien des secteurs financier et privé pour atteindre les 17 ODD d’ici 2030.

Aux yeux des Nations Unies, la Building Bridges Week à Genève constitue une opportunité de rattraper - ne serait-ce que partiellement - le retard accumulé dans le domaine de la finance durable. Les organisateurs ambitionnent de faire de l’investissement durable une «norme» pour les mondes financier et bancaire.

Organisée sous le patronage de la Ville, de l’Etat et de la place financière de Genève, cette semaine de la finance durable se tient jusqu’à vendredi, avec de nombreuses discussions au programme. Elle sera ponctuée jeudi par un sommet auquel participera notamment le président de la Confédération Ueli Maurer. La manifestation vise à renforcer la position de la place genevoise en tant que centre incontournable dans ce domaine particulier.

Même avant le tournant du XXIe siècle, Genève était à l’avant-garde en termes d’investissement et développement durables. En 1997, la fondation Ethos voyait le jour dans la Cité de Calvin. En pleine crise financière de 2008, une quinzaine de spécialistes fondaient l’association Sustainable Finance Geneva, a rappelé lundi son président Fabio Sofia, lors d’une conférence de presse.

Les autorités politiques ne sont pas en reste. La maire de Genève Sandrine Salerno a raconté comment la Caisse de pension de la Ville a négocié le virage de l’investissement durable entre 2007 et 2013. L’édile regrette néanmoins, qu’au niveau suisse, la part de ce type de placements reste inférieur à 10%. «J’ai cependant envie de voir le verre à moitié plein», a-t-elle plaidé.

«J’ai bien peur, du point de vue des Nations Unies, que nous voyons toujours le verre à moitié vide», a déclaré Tatiana Valovaya, directrice de l’office des Nations Unies à Genève. «Beaucoup a été fait au cours des cinq dernières années, mais il s’est principalement agi d’attirer l’attention sur le développement durable.»

Problèmes du passé, problèmes d’avenir

Mme Valovaya estime qu’à cette allure, il sera impossible d’atteindre d’ici 2030 les 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies. «Les gouvernements ne peuvent pas y arriver seuls. Il faut le soutien des secteurs financier et privé», selon elle.

La semaine Building Bridges vise, comme son nom l’indique, à jeter des ponts entre la Genève internationale et le monde bancaire, appelé à financer des projets de développement durable. Les établissements genevois sont prêts à assumer ce rôle, a affirmé Patrick Odier, associé gérant senior de Lombard Odier. «Les places financières internationales ont beaucoup eu ces dernières années à s’occuper des problèmes du passé. Il s’agit ici de s’occuper des problèmes d’avenir.»

La manifestation genevoise vise à accélérer «ce mouvement vers la transition écologique et le développement durable», selon Patrick Odier. Pour sa part, le conseiller d’Etat Pierre Maudet a exprimé son ambition de pérenniser l’événement.

De l’avis des organisateurs, l’existence de la Building Bridges Week est une victoire en soi. «Le simple fait que l’on ait réussi à mettre ensemble tous ces acteurs en six mois, c’est déjà un succès», a assuré Fabio Sofia. Aucune déclaration finale «officielle» n’est donc prévue.

«Il y a un objectif important à atteindre, c’est que la durabilité devienne de plus en plus la norme dans le discours des financiers», explique Patrick Odier, qui plaide pour le développement d’un «langage commun» pour l’investissement responsable.

Le banquier genevois met toutefois en garde ceux qui voudraient profiter de cette tendance en s’engageant sans trop de sincérité. «Il ne s’agit pas de tourner un interrupteur et devenir durable du jour au lendemain», a-t-il prévenu.

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