La Fed a-t-elle résolu la quadrature du cercle?

François Savary, Prime Partners

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Chacun peut trouver ce qui l’intéresse dans le commentaire de la Réserve Fédérale.

 

Chacun peut trouver ce qui l’intéresse dans le commentaire de la Réserve Fédérale, au-delà de la décision de relever les taux directeurs d’un quart de pourcent qui était largement anticipée.

Les optimistes ont de quoi se réjouir du fait que l’activité devrait rester soutenue au regard de la révision à la hausse des perspectives de croissance pour 2018 et 2019; de plus, la baisse des attentes sur le chômage  à 3,6% et l’absence de préoccupation sur l’inflation vont également dans le bon sens.

«Monsieur Powell et ses collègues se mettent
dans une position qui pourrait se révéler compliquée à gérer.»

En revanche, les investisseurs plus «chagrins» relèveront certains points moins favorables, particulièrement sur la trajectoire des taux d’intérêt pour les prochaines années. Très clairement celle-ci a été revue à la hausse avec trois relèvements attendus des taux directeurs l’an prochain et deux en 2020. Ces mouvements s’ajouteront aux trois que le conseil de la Fed entend mettre en oeuvre en 2018, le choix de passer à quatre hausses du loyer de l’argent cette année ayant finalement été repoussé.

D’une manière générale, le conseil de la Fed ne pouvait ignorer la réalité économique, qui doit l’inciter à poursuivre le resserrement des rênes monétaires ou ce que monsieur Powell a préféré caractériser de «réduction de l’orientation stimulative» de la politique monétaire.

Le message de mercredi soir est donc clair à cet égard avec le relèvement de la trajectoire des taux d’intérêt. On notera néanmoins qu’en se montrant peu empressée à modifier son langage sur le front du risque inflationniste, Monsieur Powell et ses collègues se mettent dans une position qui pourrait se révéler compliquée à gérer, particulièrement si l’on considère que le taux de chômage doit encore reculer au cours des prochains trimestres selon la Fed elle-même. De deux choses l’une, soit la Fed mise sur une accélération des gains de productivité dans le silage de la reprise en cours, soit elle a choisi de se réserver le passage à quatre hausses de taux en 2018 dans son discours général, si l’inflation devait montrer des signes de reprise au cours des prochains mois.

«Les investisseurs ont de la peine à croire
à l’étendue de la hausse envisagée d’ici 2020.»

Il serait faux de considérer que la Fed sanctionne ainsi le retour du scénario de goldilocks au travers de sa décision d’hier, la meilleure preuve étant que l’autorité monétaire a confirmé que la mouvement haussier des taux directeurs américains est là pour durer, même si son caractère graduel n’est pas remis en cause. La réaction immédiate des marchés n’a pas été significative, mais on relèvera que l’absence de tension forte sur les taux longs semble indiquer que les investisseurs ont de la peine à croire à l’étendue de la hausse des taux directeurs que la Fed envisage d’ici 2020.  

A notre avis, c’est bien sur le front des rendements qu’il faudra se concentrer au cours des prochains jours, pour jauger de la crédibilité que les investisseurs finiront pas accorder au discours de la Fed de Monsieur Powell. La barre des 3% sur le 10 ans US sera-t-elle finalement franchie ou les opérateurs décideront-ils que le discours de la Fed nous éloigne de cette perspective? Cette question sera cruciale pour démontrer si Monsieur Powell a résolu la quadrature du cercle de la politique monétaire, ce qu’il qualifié même de «chemin du milieu» pour gérer cette dernière.