La Fed révise sa déclaration de consensus

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Les ajustements pourraient avoir des effets positifs sur le marché, mais seulement si l’inflation augmente.

La semaine dernière, le président de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell a dévoilé la nouvelle déclaration de consensus sur la manière dont le FOMC interprèterait son double mandat visant à promouvoir «l’emploi maximum et de stabilité des prix» dans le cadre de ses objectifs à plus long terme et de sa stratégie de politique monétaire.

Dans l’ensemble, le discours très intéressant du patron de Fed n’a pas marqué de changement de cap mais quelques observations importantes et un ajustement majeur dans la stratégie du FOMC sont à retenir. Commençons par ce qui n’a pas changé:

  • Le FOMC reste convaincu qu’il ne serait pas raisonnable de fixer un objectif chiffré au plein emploi; il reconnaît très clairement que la période d’expansion d’une durée record a créé le meilleur marché du travail en 50 ans, et ce, sans aucun signe d’inflation indésirable avec un taux de chômage qui a notablement diminué.    
  • Le FOMC continue également à penser qu’un taux d’inflation moyen de 2% sur la durée est compatible avec les objectifs de stabilité des prix et d’emploi maximum.
  • Enfin, le FOMC estime que la politique monétaire doit être tournée vers l’avenir.
Le FOMC a pris acte des défis posés par un taux neutre
des Fed Funds très proche de la limite inférieure des taux d’intérêt.

L’ajustement de l’objectif d’inflation montre que le FOMC a pris acte des défis posés par un taux neutre des Fed Funds très proche de la limite inférieure des taux d’intérêt, ce qui réduit la marge de manœuvre de la Réserve fédérale américaine pour soutenir l’économie lors des phases de ralentissement. En outre, le fait que l’inflation se maintienne sous la cible de la Fed est une source d’inquiétude car cette situation engendre une baisse des taux d’intérêt (le long de la courbe des taux) et restreint là encore les possibilités de la Fed pour relancer l’économie dans les périodes difficiles, à l’instar de ce que nous avons vécu en Europe. Le patron de la Fed a d’ailleurs rappelé à cette occasion que la Fed se tenait prête à utiliser toute la gamme d’outils à sa disposition pour stimuler l’économie. De ce côté-ci, pas de surprise.

L’ajustement dont les médias se font largement écho concernant l’objectif d'inflation tient au fait que la nouvelle politique monétaire peut être considérée comme un «ciblage flexible de l’inflation»: en d’autres termes, après des périodes d’inflation inférieure à 2%, une politique monétaire adéquate visera probablement une inflation modérément supérieure à ce seuil pendant un certain temps.

La dernière fois que les taux ont atteint leur limite inférieure fin 2009,
la Fed a attendu 7 ans avant de procéder à sa première hausse.
Conséquences pour les marchés

La Fed se montre très lucide sur l’inflation trop basse et les problèmes causés par un R* bien inférieur à ce qui serait souhaité pour dynamiser l’économie. Mais dans la perspective des marchés (qui nous intéresse en premier lieu), cette nouvelle déclaration de consensus devrait avoir un impact légèrement positif sur les actifs risqués car le soutien de la Fed devrait s’inscrire dans la durée et les hausses de taux d’intérêt sont encore plus éloignées qu’elles ne l’auraient été par ailleurs. Dans la perspective des obligations – là encore du point de vue des titres risqués – les retombées s’annoncent plutôt positives pour les spreads de crédit. En ce qui concerne les titres «sûrs», la nouvelle politique de la Fed devrait entraîner une pentification de la courbe des taux au fil du temps si les hausses de taux sont encore repoussées à plus tard, de sorte que l’impact sera négatif à la marge pour les bons du Trésor avec des échéances plus longues.

D’un point de vue pratique, l’ajustement de la politique monétaire ne pourra toutefois vraiment faire effet que si l’inflation finit par augmenter. Nous savons tous combien cet objectif est difficile à atteindre depuis la crise financière mondiale, et rien ne m’incite vraiment à penser que l’inflation sera désormais plus facile à générer. La dernière fois que les taux ont atteint leur limite inférieure en décembre 2009, la Fed a attendu 7 ans avant de procéder à sa première hausse. Et avec tous les événements qui secouent les économies mondiales aujourd’hui, il me paraît peu probable que la Fed soit en mesure de les faire décoller de leur niveau plancher avant la prochaine grande revue de sa politique monétaire dans 5 ans.

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