La BNS doit assurer la circulation de liquidités, selon UBP

AWP

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«Pour baisser les taux désormais, il faut des mesures compensatoires pour ne pas peser sur la rentabilité des banques», signale le chef économiste Patrice Gautry.

Les banques centrales ont trop usé du levier de la baisse des taux directeurs, un instrument de politique monétaire désormais inefficace voire contreproductif, selon le chef économiste du groupe genevois Union Bancaire privée (UBP). La Banque nationale suisse (BNS) et ses homologues doivent désormais veiller à la bonne circulation des liquidités.

Dans un environnement global incertain et marqué par un ralentissement conjoncturel, le soutien des politiques monétaires à l’économie demeure indispensable, a expliqué jeudi Patrice Gautry, chef économiste d’UBP, lors d’une conférence à Genève. Après une série de baisses de taux en 2019, notamment en zone euro, ces mesures ont «atteint visiblement les limites de l’efficacité».

«Pour baisser les taux désormais, il faut des mesures compensatoires pour ne pas peser sur la rentabilité des banques», a constaté M. Gautry. Par exemple, la BNS a adapté en septembre la base de calcul pour le prélèvement de l’intérêt négatif, une décision allant dans ce sens.

M. Gautry affirme également que les programmes de rachat de dette, menés notamment par la Banque centrale européenne (BCE), ont permis d’injecter des liquidités, mais ont créé des distorsions sur les marchés.

Eliminer les «frottements»

«L’enjeu pour 2020, ce ne sera pas la baisse des taux (...) mais le frottement. Il y a de la liquidité, mais elle a du mal à circuler», selon le chef économiste du groupe bancaire genevois. Une enquête d’opinion sur l’état du marché des crédits auprès des banques a révélé un début de raréfaction de l’offre en Europe et aux Etats-Unis, a souligné Patrice Gautry.

Selon lui, les banques centrales - la BNS comprise - seraient ainsi mal inspirées de baisser encore les taux. Elles doivent agir comme un «régulateur du marché monétaire et du secteur bancaire», délaissant le soutien direct à l’économie, a-t-il précisé à AWP en marge de la présentation.

Et l’économiste d’évoquer la crise de 2008. «Il y avait quelques banques américaines qui ont gardé leurs liquidités et n’ont pas voulu prêter à leurs petites camarades. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans ce cas-là.»

Le poids du soutien à l’économie ne peut cependant pas reposer entièrement sur les épaules des banques centrales. Le fardeau doit être partagé par les Etats, dans une judicieuse alliance entre politiques monétaires et budgétaires.

«Cela ne veut pas dire qu’il faut faire plus de dette et de déficits. On peut réorienter les finances publiques, créer des fonds d’investissement» comme envisagé en Allemagne ou aux Etats-Unis, observe Patrice Gautry.

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