La baisse du dollar persiste mais une consolidation est probable

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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L’indice DXY a achevé la semaine dernière en légère hausse, enregistrant sa première progression hebdomadaire depuis la mi-juin.

Après avoir bondi au début de la pandémie de Covid-19 en raison de la forte demande de liquidités, le dollar américain enregistre une érosion régulière. En juillet, son indice DXY a enregistré sa plus mauvaise performance mensuelle depuis dix ans, avec une chute de 4,1% qui porte à 9% son repli depuis le sommet atteint en mars.

Néanmoins, l’indice du dollar DXY a achevé la semaine dernière en légère hausse, enregistrant ainsi sa première progression hebdomadaire depuis la mi-juin. La consolidation du dollar devrait se poursuivre.

La Recherche d’UBS a identifié trois facteurs susceptibles d'aboutir à une pause dans la tendance à la dépréciation du billet vert qui pourrait, à court terme, regagner une partie du terrain perdu.

Evolution préoccupante en Europe

Ces dernières semaines, la dépréciation du dollar résulte en partie de la forte hausse du nombre de cas de coronavirus dans certaines zones des Etats-Unis. Désormais, l'épidémie de Covid-19 semble ralentir. En effet, lors du week-end du 8 et 9 août, les nouveaux cas n'ont augmenté que de 1% en moyenne, contre 1,6% en moyenne lors des cinq week-ends précédents.

Les positions courtes nettes sur le dollar face à l'euro détenues par des
comptes spéculatifs ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2018.

De l'autre côté de l'Atlantique, le nombre de nouveaux cas augmente plus rapidement. Le 7 août, en Allemagne, le taux de transmission a grimpé à 1,16, son plus haut niveau depuis dix jours. Tandis qu'en Italie, le nombre de nouveaux cas est au plus haut depuis deux mois.

Menace d'une falaise budgétaire

Le spectre d'une «falaise budgétaire» aux Etats-Unis avec l'expiration des allocations-chômage complémentaires a également pesé sur le dollar. Les négociations entre démocrates et républicains sont dans une impasse, à tel point que le président Donald Trump a signé le week-end dernier quatre décrets approuvant une série de mesures de relance budgétaires. Parmi elles, une aide de 400 dollars par semaine dans la même veine que le dispositif CARES (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security) qui a expiré.

Les élus du Congrès ne sont pas encore parvenus à un accord. Toutefois, à l'approche de l'élection présidentielle, les démocrates comme les républicains y ont tout intérêt. Ainsi, il est probable qu'un nouveau train de mesures de relance d'au moins 1000 milliards de dollars sera adopté. Cela devrait donner un peu de répit au billet vert.

Positions courtes en augmentation

Selon les données de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission), les positions courtes nettes sur le dollar face à l'euro détenues par des comptes spéculatifs ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2018. D'où le potentiel de prises de bénéfices si jamais l'actualité devient plus favorable au dollar.

S'agissant du taux de change EURUSD, le dollar
se dépréciera certainement à 1,22 d'ici septembre 2021.

Néanmoins, à plus long terme, la tendance baissière du dollar reste intacte même si sa dépréciation sera certainement moins rapide. Explication en trois points également.

  1. Les politiques budgétaire et monétaire extrêmement laxistes aux Etats-Unis, qui ont abouti à une érosion du différentiel de taux d'intérêt en faveur du dollar, devraient perdurer.
  2. L'incertitude quant aux résultats des élections américaines continuera probablement de peser sur le dollar. Même après la présidentielle, l'incertitude quant à la politique budgétaire et l'ampleur de la dette des Etats-Unis pourraient continuer de miner le billet vert.
  3. Avant la crise du Covid-19, de nombreux investisseurs à long terme présentaient une exposition exceptionnellement élevée au dollar afin de profiter du différentiel de taux d'intérêt considérable entre le billet vert et les autres devises de financement telles que le franc suisse et le yen. Ils remédieront probablement à cette surexposition. En effet, les données de la CFTC mettent en évidence une augmentation des positions nettes longues sur l'euro détenues par les gérants d'actifs, qui sont passées de 223 000 à 337 000 contrats entre la fin mai et la fin juillet.

Par conséquent, d'un point de vue tactique, ce n'est pas le moment de spéculer sur une poursuite de la dépréciation du dollar. Mais, compte tenu de la tendance à plus long terme, les investisseurs feraient bien d'examiner leur positionnement stratégique et de le modifier si nécessaire.

S'agissant du taux de change EURUSD, le dollar se dépréciera certainement à 1,22 (dans le milieu de la fourchette 1,20-1,25) d'ici septembre 2021. On serait tenté d'accroître l'exposition à l'euro lorsque la paire retombe à 1,15-1,16. S'agissant de la paire USDCHF, la Recherche d’UBS a fixé son objectif de cours à 0,90 sur le même horizon. La Banque nationale suisse a récemment réduit ses interventions sur le marché des changes, mais elle devrait continuer à intervenir pour limiter l'appréciation du franc.

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