L’Union fait la force

Lidia Treiber, WisdomTree

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Les réactions des marchés obligataires au durcissement du confinement laissent augurer d’une demande accrue pour les emprunts émis par l’UE.

Les mesures de confinements plus strictes se multiplient en Europe, notamment en Allemagne, en France, en Espagne et, plus récemment, au Royaume-Uni. Mais durant cette nouvelle vague de pandémie, chaque pays a ajouté sa propre touche en ce qui concerne la limitation des activités autorisées. Ainsi la tendance à l’assouplissement des restrictions s’est inversée et la situation est devenue moins favorable à l’économie.  Néanmoins, son impact sera moins marqué que lors du premier confinement. D’une part, les restrictions varient d’un pays à l’autre et d’autre part, l’expérience du premier confinement a permis aux entreprises et aux ménages de mieux se préparer. De nombreuses entreprises ont accru leur présence en ligne afin de répondre à l’évolution du comportement de leur clientèle. Les secteurs du voyage et de l’hôtellerie souffriront à nouveau, mais d’autres pourraient bénéficier de la situation ou, du moins, obtenir des aides plus importantes.

Cette stabilité des emprunts d’Etat des pays périphériques
s’explique par l’importance des mesures de relance qui ont été mises en place.
Ce que disent les courbes

En ce qui concerne les marchés, ils ne paraissent pas s’inquiéter outre mesure des capacités de soutien que la BCE et de l’Union européenne sont susceptible de fournir aux Etats membres durant cette crise. Les attentes des investisseurs en ce qui concerne la croissance se reflètent en partie dans la courbe des rendements des emprunts d’Etat allemand. Or, à la suite des nouvelles mesures sanitaires imposées dans toute l’Europe, il apparaît que le rendement du 30 ans allemand a reculé, passant de -0,16% fin octobre à -22% la semaine dernière. Le 30 ans italien est resté relativement stable, passant de 1,67% à 1,59% sur la même période (alors qu’il avait augmenté durant le 1er confinement). Il en a été de même pour les emprunts de l’Etat espagnol, même si l’on observe un recul général des rendements sur l’ensemble des échéances de la courbe.

Cette stabilité des emprunts d’Etat des pays périphériques s’explique par l’importance des mesures de relance qui ont été mises en place. Le programme d'achat d'urgence face à la pandémie (PEPP) avec son enveloppe de quelques 1'350 milliard d'euros ainsi que les obligations émises dans le cadre du programme SURE (instrument temporaire d’aide à la protection des emplois et des travailleurs) de l’UE constituent un signal fort en ce qui concerne le soutien accordé aux Etats membres.

Accueil positif pour les obligations sociales

Fin octobre, les investisseurs ont pu acquérir sur le marché primaire les premières obligations sociales émises par l’UE. Selon la Commission européenne, cette émission portait sur deux tranches, l’une d’un montant de 10 milliards d’euros arrivant à échéance en octobre 2030, et l’autre d’un montant de 7 milliards à échéance 2040. Les investisseurs se sont montrés vivement intéressés par ces titres jugés très positivement. L’émission a en effet été plus de 13 fois sursouscrite, ce qui a permis une mise sur le marché à des conditions attrayantes.

Les obligations émises dans le cadre de SURE
représentent un engagement courageux de la part de l’UE.

Cette opération est exceptionnelle à double titre: il s’agit de l’émission en euros la plus importante jamais offerte par un organisme supranational et c’est également l’émission d’obligations sociales la plus vaste sur le plan des montant imprimés. Précisons que la tranche des 10 ans a été attribuée à 578 investisseurs et celle des 20 ans à 514.

Du point de vue des investisseurs, les obligations émises dans le cadre de SURE représentent un engagement courageux de la part de l’UE qui souligne ainsi son souci de renforcer son unité dans la situation de crise qu’elle traverse aujourd’hui. En effet, au travers du programme SURE, les Etats membres conviennent de s’entraider au moyen d’une assistance financière sous forme de prêts. A ce jour, 87,9 milliards d’euros de soutien à 17 Etats membres ont déjà été approuvés et les obligations émises fin octobre ont d’ores et déjà permis de verser des fonds à l’Italie, l’Espagne et la Pologne. 

Le marché anticipe également l'approbation finale des 750 milliards d'euros d'obligations de l'UE destinées à financer le fonds de relance. Ces obligations offrent non seulement un rendement supérieur à celui des emprunts d’Etat allemand, mais elles ouvrent également la voie vers une Europe plus unie en temps de crise, ce qui n’a pas toujours été le cas lors de crises précédentes. Dès l’année prochaine, les émissions d’obligations de l’UE devraient s’accélérer. Il est donc probable que la demande des investisseurs augmentera, car les emprunts d’Etat ou d’entités supranationales européennes sont de plus en plus présents dans les portefeuilles d’investisseurs en quête de résilience dans un contexte d’incertitude.

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