Japon et Chine entre ralentissement et stabilisation

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Swiss Life AM réduit son estimation de croissance japonaise. La Chine devrait pouvoir compter sur davantage de mesures de relance monétaire.

©Keystone

Plusieurs années d’une croissance supérieure à son potentiel ont permis une érosion du chômage dans la plupart des pays développés – et ce, même dans la zone euro, dont le moteur de la croissance a connu quelques à-coups en 2018, où le taux de chômage a atteint de nouveaux records à la baisse depuis la crise. Il s’ensuit un redressement des salaires dans la plupart des grandes économies. Aidée par le recul des prix du pétrole, la consommation devrait rester soutenue en 2019. Une partie de la revalorisation salariale devrait alimenter l’inflation sous-jacente, que nous attendons en augmentation très graduelle cette année aux Etats-Unis, dans la zone euro, au Japon et au Royaume-Uni.

Règles d’immigration assouplies au Japon

L’économie japonaise a déçu en 2018: la croissance est retombée à son potentiel, en deçà des attentes des économistes, nonobstant la résistance des enquêtes auprès des entreprises. Rares sont selon nous les facteurs susceptibles d’engendrer une nette accélération et nous abaissons à 1,0% nos estimations de PIB pour cette année. 

La demande extérieure
pâtit du ralentissement du cycle industriel mondial.

La hausse du revenu des ménages devrait continuer de soutenir l’activité intérieure mais la demande extérieure pâtit du ralentissement du cycle industriel mondial. Face au manque croissant de main-d’oeuvre, le gouvernement a assoupli les conditions d’immigration. Selon les règles en vigueur dès avril 2019, quelque 345’000 travailleurs (0,5% des effectifs actuels) obtiendront des visas de travail ces cinq prochaines années. Cette mesure seule aura un effet marginal sur la croissance mais elle doit s’apprécier dans le contexte d’une avancée timide vers un régime d’immigration plus libéral, qui pourrait bénéficier à l’activité à long terme. Il semblerait que le Premier ministre Shinzo Abe ait enfin commencé à décocher sa «troisième flèche».

L’économie ralentit toujours en Chine

La croissance annuelle du PIB chinois a ralenti à 6,6% en 2018, soit le rythme le plus bas depuis 1990. Le PIB du quatrième trimestre n’a progressé que de 6,4%, accusant ainsi son troisième trimestre de ralentissement d’affilée. Les chiffres de décembre dénotent toutefois une stabilisation (quoique à un faible niveau) des principaux indicateurs économiques du pays (ventes de détail, FBCF et production industrielle). 

La Chine vise davantage la qualité que la quantité de croissance.

Le tassement de l’économie chinoise procédait avant tout des mesures de contrôle du risque financier décrétées par Pékin, qui ont fait chuter les dépenses d’infrastructure et limité l’accès des sociétés privées au crédit. Ajoutons le conflit commercial avec les Etats-Unis, qui altère le moral des ménages comme des entreprises et freine donc l’investissement et la consommation. Même si l’on peut s’attendre à une poursuite de cette modération à l’heure où la Chine vise davantage la qualité que la quantité de croissance, nous pensons que le pays adoptera davantage de mesures de re-lance budgétaire et monétaire pour éviter une correction plus brutale de l’économie.
 

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