L'inflation américaine s'est ralentie plus que prévu et les marchés obligataires se sont redressés, mais la Fed devrait continuer à marquer une longue pause.
La publication de l'indice des prix à la consommation (IPC) américain d'octobre a probablement renforcé la détermination de la Réserve Fédérale à faire une pause alors que les effets du resserrement de la politique monétaire continuent de se déployer dans l'économie. En effet, l'inflation de base aux Etats-Unis s'est ralentie plus que ne le prévoyaient de nombreux observateurs, n'augmentant que de 0,23% en octobre. Ce chiffre n'était pas très éloigné du consensus, mais cette bonne surprise a provoqué un rally immédiat et significatif des marchés obligataires. Il s'agit également d'une bonne nouvelle pour les responsables de la Réserve fédérale, qui pourraient désormais être plus à l'aise avec la pause prolongée qu'ils ont signalée.
Les données américaines d'octobre sur l'inflation et l'emploi confirment l'opinion de Pimco selon laquelle la dynamique de croissance et les pressions inflationnistes faiblissent. Dans cette économie «Post-Pic» (comme expliqué dans les dernières perspectives cycliques), des fissures commencent à apparaître dans la résilience américaine qui a soutenu la croissance et fait pression sur les primes de terme pendant la majeure partie de l'année. Toutefois, une période de croissance inférieure à la tendance est probablement nécessaire pour ramener durablement l'inflation à l'objectif de 2% de la Fed. La reprise du marché obligataire à la suite de la publication des données de l'IPC suggère que les investisseurs sont de plus en plus attentifs à l'évolution des tendances macroéconomiques.
Les principaux facteurs de ralentissement de l'inflation comprennent le loyer équivalent des propriétaires - un indicateur de ce que les propriétaires pourraient demander comme loyer - qui a baissé après une réaccélération surprise en septembre, tandis que l'inflation des loyers est restée stable. Les prix des voyages restent volatils et ont surpris à la baisse en octobre. Les prix des biens de base ont baissé, en partie à cause des rabais accordés aux détaillants dans certaines catégories, ainsi que de la baisse des prix des voitures neuves et d'occasion. Enfin, les prix de l'énergie ont baissé de manière significative, contribuant à la stagnation de l'IPC global en octobre.
En revanche, les services médicaux, y compris l'assurance maladie, ont vu leurs prix augmenter en octobre ; les prix des denrées alimentaires ont également connu une légère hausse.
Lors de leur dernière réunion en novembre, les responsables de la Fed ont signalé une pause prolongée et ont semblé placer la barre plus haut pour les futures hausses de taux dans un contexte de contraction de la politique monétaire et de resserrement des conditions financières. La faiblesse de l'inflation en octobre et la hausse du chômage sont cohérents avec le ralentissement de l'activité aux Etats-Unis auquel les responsables de la Fed s'attendaient.
La Fed reste concentrée sur la stabilité des prix. Bien que la voie menant à une baisse de l'inflation américaine soit susceptible d'être volatile, nous voyons deux raisons pour lesquelles les risques d'inflation pourraient être plus équilibrés à moyen terme. Premièrement, la hausse des prix des marchandises pourrait continuer à ralentir, car la Chine exporte une partie de sa déflation vers les Etats-Unis, les consommateurs finaux deviennent de plus en plus sensibles aux prix et ceux de l'automobile continuent de chuter. Deuxièmement, malgré un marché immobilier extrêmement résistant et en hausse, nous voyons un certain potentiel de baisse dans les mois à venir concernant les loyers - ce sont eux qui sont mesurés dans les rapports sur l'inflation aux Etats-Unis. L'offre de logements locatifs a augmenté dans plusieurs régions, ce qui pourrait exercer une pression à la baisse sur les loyers en 2024.
Le rapport sur l'IPC n'a pas apporté que des bonnes nouvelles à la Fed. L'inflation reste persistante dans les domaines clés qui intéressent particulièrement les responsables politiques : les services de base hors logement ont augmenté à un rythme annualisé de 4,9% au cours des trois derniers mois. Cette rigidité persistante dans ces domaines sensibles aux salaires renforce l'opinion de Pimco selon laquelle, malgré les progrès significatifs réalisés en matière d'inflation, le marché du travail doit encore faiblir pour que la Fed parvienne à ramener l'inflation à 2%. Selon la société de gestion, elle sera patiente et maintiendra sa politique à des niveaux restrictifs jusqu'à ce qu'il apparaisse clairement que l'inflation est en bonne voie pour atteindre son objectif.
Le ralentissement surprise de l'inflation américaine et la hausse du chômage sont des signaux que les marchés obligataires semblent recevoir, à savoir que la résilience de l'économie américaine semble limitée et que, dans un environnement de croissance et d'inflation post-pic, les obligations offrent un potentiel de rendements attractifs et de résilience en cas de ralentissement.