Investir dans les infrastructures?

Salima Barragan

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Les infrastructures sont la colonne vertébrale de l’économie moderne, selon Igor de Maack, gérant chez DNCA Finance.

 

La période des taux d’intérêt bas a été profitable pour les «bonds proxies» qui ont offert des rendements supérieurs aux obligations. Avec le rehaussement des taux d’intérêts, les investisseurs qui raisonnent en termes de rendement, risquent bien de délaisser cette classe d’actions dont l’évolution boursière est fortement corrélée aux variations des obligations. D’ailleurs, un bon de trésor américain à 3%, ne favoriserait-il pas des arbitrages vers les actifs sûrs au grand dam des bonds proxies?

Selon Igor de Maack, gérant chez DNCA Finance, le cas des actions liées à la thématique des infrastructures est différent. Il estime que lors de hausses des taux, le sentiment négatif sur ce secteur est injustifié car sa corrélation avec les taux d’intérêt ne s’est pas vérifiée: «La performance de notre fonds actions en infrastructures en Europe n’a pas eu une corrélation franche avec les évolutions du taux du Bund allemand». Pour ce gérant, la dynamique opérationnelle des sociétés et leur corrélation à l’inflation doivent constituer les sources de performance.

«Dans les projets en infrastructures, le partenariat privé-public
assure une meilleure gestion.»
Protection contre l’inflation

D’ailleurs, l’augmentation des taux nominaux ne provient-elle pas des anticipations inflationnistes? Grâce à la structure des contrats des services publiques qui fonctionnent avec des mécanismes d’indexation, cette classe d’actif est indexée à l‘inflation, en particulier pour les fournisseurs d’énergie régulés et les concessions, domaine régi par le droit de la concession. Dans les projets en infrastructures, le partenariat privé-public, assure une meilleure gestion bien qu’il s’agisse d’un domaine aussi réglementé par l’État. «Le réseau de traitement des eaux sous Henri IV fut le premier exemple d’une tel partenariat», illustre Igor de Maack. Enfin, ce sont des actifs réels et tangibles exposés à la croissance.

Favoriser l’Europe

Igor de Maack estime que l’Europe a passé son pic de croissance et perçoit ce contexte économique favorable pour les valeurs liées aux infrastructures. «La zone euro est en expansion mais il n’y a pas de signe de ralentissement majeur. L’Europe est bien au-dessus de son potentiel de croissance théorique (1%) depuis trois ans», explique le gérant. Dans cette zone, le vieillissement des infrastructures et la digitalisation sont, à ses yeux, des thèmes porteurs. Sur son fonds d’action en infrastructures en Europe, l’Italie est surpondérée et il justifie cette position régionale par la relance keynésienne en marche. «L’Italie, mais aussi la France, ont les besoins d’investissement les plus forts en Europe car ce sont des pays de transit», explique le gérant. Le Grand Paris, projet dans lequel Bouygues, Vinci et Eiffage sont impliqués, représente un coût de 30 Md€. A l’international, il s’intéresse aussi à des titres japonais en prévision des Jeux Olympiques de 2020. Il a aussi acheté deux titres japonais Japan Airport Terminal, une société qui exploite les activités  des aéroports (sauf les pistes) et Nagoya Railroad (un opérateur ferroviaire courte et moyenne distance) pour pour bénéficier du dynamisme touristique au Japon.

«Les entreprises actives dans le domaine des infrastructures
sont aujourd’hui obligées de tenir compte des critères ESG.»

Les secteurs des télécommunications et des fournisseurs d’énergie (utilities) sous-performent les indices européens depuis 2007. Leur bilan endetté et le contexte déflationniste (pour les télécoms) ont été particulièrement des désavantages pendant les années 2011-2014. «Nous adoptons une approche contrariante et voyons de la valeur dans ces deux secteurs où les titres s’échangent à entre 6x et 8x l’EBITDA», souligne le gérant.

Vers la transition énergétique

La transition énergétique est le troisième thème porteur. «Les entreprises actives dans le domaine des infrastructures sont aujourd’hui obligées de tenir compte des critères ESG», explique Igor de Maack. Albioma, à titre d’exemple, produit de l’électricité à partir de la bagasse (résidu de canne à sucre). Les sociétés dirigent leurs investissements vers l’énergie hydraulique, éolienne et solaire et un quart des fournisseurs d’énergie ont amélioré leur empreinte carbone. Les transports ferroviaires consomment aujourd’hui moins de CO2 alors que les autoroutes intelligentes intègrent des critères environnementaux. Enfin, les critères de gouvernance sont aussi très respectés par ces sociétés soumises à des contrôles très stricts en matière de régulation.

Les entreprises liées aux infrastructures offrent une grande visibilité sur les flux de trésorerie, bénéficient de réglementations protectrices et composent un portefeuille équilibré avec des investissements: 

  • Valeur / dividende pour les fournisseurs d’énergie
  • Défensif /dividende pour les infrastructures de transport
  • Valeur / cyclique pour les concessionnaires diversifiés
  • Croissance / consolidation pour les autres infrastructures

Le BPA pour le fonds infrastructure  de 10% sur contre 7,4% pour l’Eurostoxx, avec un trailing P/E de 14,9x contre 15,2x.