Intérêt croissant pour la finance d’impact

Yves Hulmann

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Selon BlueOrchard, le recours au capital-investissement sera indispensable pour parvenir à financer les objectifs de développement durable.

BlueOrchard va ouvrir un nouveau bureau à Singapour qui devra servir de «hub» dans l’ensemble de l’Asie. © Keystone

BlueOrchard élargit sa palette d’activités dans le domaine de la finance durable et plus particulièrement dans la finance d’impact. La société présente à Genève et à Zurich, qui gère le plus grand fonds de microfinance au monde appelé BlueOrchard Microfinance Fund (BOMF) avec 1,4 milliard de dollars d’actifs, mise sur les possibilités offertes par le capital-investissement (private equity) pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ou «Sustainable Development Goals» en anglais).

2,5 trillions de dollars d’investissements encore nécessaires

Les besoins en investissements encore nécessaires pour réaliser ces objectifs dans les pays en voie de développement sont estimés à plus de 2,5 trillions de dollars par an, selon des données publiés par la CNUCED en 2014. Aux yeux de BlueOrchard, les seuls fonds publics ne suffiront pas à y parvenir – le recours à des capitaux privés étant dès lors aussi nécessaire. Ces objectifs de développement concernent différents thèmes comme l’inclusion financière, les énergies renouvelables, l’assurance, l’immobilier, l’éducation ou le soutien aux petites et moyennes entreprises dans les pays émergents.

«BlueOrchard distingue trois manière d’investir: le crédit, le private equity
et les investissements dans les infrastructures.»

En matière de finance d’impact, BlueOrchard distingue trois manière d’investir: le crédit – qui inclut la microfinance –, le private equity et les investissements dans les infrastructures. A côté de la microfinance, qui sert à financer des projets à partir de quelques centaines de dollars seulement, le private equity est appelé à jouer un rôle grandissant pour permettre de financer des entreprises lorsque leur développement gagne en importance.

Montants triplés entre 2013 et 2016

A fin 2016, la taille de l’ensemble des investissements dans la finance d’impact était estimée à quelque 114 milliards de dollars. Sur ce montant, près de 31 milliards de dollars étaient financés par le biais du capital-investissement (private equity). Avec une tendance croissante: ainsi, alors qu’en 2013, le private equity représentait moins du quart (24%), sa part atteignait 27% à fin 2016. Cela en fait désormais le second instrument le plus utilisé, après l’octroi de prêts à des petits entrepreneurs (dette) avec 41% du total des fonds alloués dans le cadre de la finance d’impact à fin 2016. En montant absolu, les montants investis via le capital-investissement en matière de finance d’impact ont triplé depuis 2013 pour dépasser les 11 milliards de dollars à fin 2016.

Asie du Sud et Afrique subsaharienne en tête

Plus de la moitié des fonds mis à disposition par le private equity dans le cadre de la finance d’impact sont destinés aux pays émergents, principalement en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.

«La société met à disposition des instruments
pour évaluer les rendements des cultures céréalières.»

Concrètement, comment ces fonds sont-ils investis? BlueOrchard mentionne l’exemple de sa participation minoritaire de près de 27% dans le capital de Skymet, la plus grande entreprise spécialisée dans la surveillance et les prévisions météorologiques en Inde. En plus de ces services, la société met aussi à disposition des instruments pour évaluer les rendements des cultures céréalières et d’estimer les pertes subies en cas d’intempéries. Une fonction essentielle qui permet ensuite aux cultivateurs d’obtenir des dédommagements auprès des assureurs. Depuis 2011, le taux de croissance annuel moyen du chiffre d’affaires de la société indienne a atteint 125%.

Un nouveau bureau bientôt ouvert à Singapour

Comment BlueOrchard fait-elle face aux risques liés aux variations des devises? Dans le domaine du private equity, la société n’utilise aucune couverture de change. «Pour un investissement qui s’étend sur plusieurs années, il serait beaucoup trop coûteux de recourir à des instruments de hedging», a expliqué Patrick Scheurle, son directeur, lors d’une présentation devant les médias mercredi à Zurich. Toutefois, le rendement obtenu pour de tels placements, estimé entre 20 et 30% en dollars, compense en grande partie les risques encourus, ajoute-t-il.

Dans tous les cas, l’intérêt des investisseurs pour la finance d’impact est croissant dans de nombreuses régions du monde. Pour y répondre, BlueOrchard va ouvrir en juin prochain un nouveau bureau à Singapour qui devra servir de «hub» pour ce type de placements dans l’ensemble de l’Asie.