Gestion obligataire: un point d’inflexion

Bastian Gries, ODDO BHF

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La perspective d’un assouplissement monétaire peut inciter les investisseurs à s’exposer au secteur obligataire.

©Keystone

En dépit de hausses de taux substantielles, les marchés ont étonnamment bien résisté cette année et les investisseurs ont pu bénéficier de solides performances sur les placements à risque, et ce malgré des risques systémiques accrus. En parallèle, même si le resserrement monétaire n’a pas encore produit tous ses effets, la tendance de l’inflation est désormais à la baisse, en dépit des chiffres encore élevés. Les banques centrales semblent ainsi avoir atteint leur point culminant en matière de hausse de taux, ce qui est un point positif pour les marchés obligataires, le fait d'atteindre le pic d'un cycle de hausse des taux constituant un environnement favorable pour les obligations à long terme.

Une évolution asynchrone des courbes de taux

Si ce pic semble acquis de l’avis de la majorité des observateurs, il est toutefois important de noter que les courbes de taux des différentes zones économiques connaissent un décalage notable, qui s'explique par différents facteurs. Parmi eux, on peut notamment retenir l’abaissement de la note de crédit des Etats-Unis, la modification de la stratégie de contrôle de la courbe des taux souverains du Japon ou encore l’augmentation inattendue de programme d'émission de nouvelles obligations du gouvernement américain. Tous ces éléments sont venus s'ajouter aux données macroéconomiques, et ne permettent pas d’anticiper une resynchronisation rapide. Ainsi, les indicateurs économiques avancés aux US s'améliorent légèrement alors que la dynamique de la zone euro continue de s’affaiblir et que les données en Chine restent plutôt fragiles. Nous sommes donc dans un environnement incertain, relativement habituel en phase de fin de cycle, mais qui ne remet pas en cause la tendance globale de stabilisation, voire de baisses futures des taux. En effet, l'inflation continuant de diminuer, les banques centrales seront naturellement amenées à assouplir leurs politiques monétaires pour éviter que celles-ci ne deviennent involontairement trop restrictives.

Des opportunités pour chaque type d’investisseurs

Dans ce contexte, il est utile de rappeler que la poursuite d’un ralentissement de l’économie constituerait un environnement favorable aux obligations. En effet, dans de telles phases, celles-ci surperforment habituellement les rendements d'autres classes d'actifs comme les actions, et ce surtout si l'on tient compte de l'ajustement significatif des primes de risque et de l'évolution des taux d'intérêt au cours des deux dernières années. A ce titre, bien que la croissance économique en zone euro soit actuellement moins dynamique qu'aux Etats-Unis, les investissements en euros sur le marché du crédit apparaissent plus avantageux que ceux en dollars, car ils offrent de meilleures primes de risque.

Dès lors, pour les investisseurs relativement averses au risque, les obligations Investment Grade à court terme, avec des échéances à deux à trois ans, disposent de nombreux atouts. Ces titres offrent des rendements comparables à ceux du marché tout en présentant une sensibilité nettement moindre aux variations importantes des taux d'intérêt. De leur côté, les investisseurs moins frileux peuvent également décider d’accepter plus de risque de crédit et opter pour une exposition aux obligations High Yield afin de viser des rendements supérieurs à 6%. Par ailleurs, dans un contexte de risques de récession persistants, de baisse de la pression inflationniste et de pause des banques centrales, il est plus que jamais pertinent d'augmenter progressivement la duration des portefeuilles afin de profiter à moyen terme de rendements désormais nettement plus intéressants.

Enfin, en matière de secteur, les banques s’illustrent par des rendements d’environ 4,5% et des primes de risque encore élevées par rapport aux obligations d'entreprises hors secteur financier, la sensibilité aux taux d'intérêt étant toutefois nettement plus faible. Cela vaut également pour les obligations subordonnées AT1, dans lesquelles il convient toutefois d'investir via des fonds communs et non pas en direct.

Pour conclure, la perspective d’une stabilisation des taux d’intérêts, voire d’un assouplissement monétaire, doit être perçue par les investisseurs comme un moment propice pour réévaluer leur exposition au secteur obligataire afin de bénéficier des opportunités de rendement qu’il représente.

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