Focus sur le Brésil avant l'élection présidentielle

Douglas Reed, Newton IM

2 minutes de lecture

Le candidat de droite Jair Bolsanaro est considéré comme le candidat le plus favorable aux marchés.

Le premier tour de l'élection présidentielle brésilienne aura lieu ce dimanche 7 octobre, et il est très probable qu'un second tour se tiendra le 28 octobre suivant. Comme il est désormais certain que l'ancien président Lula ne se présente plus, le candidat qu'il a désigné pour la présidence du parti de gauche PT, Fernando Haddad, ancien maire de Sao Paulo, reprend la campagne à sa place. Grâce au soutien public de Lula, la cote d'Haddad selon les sondages a augmenté de façon spectaculaire au cours des deux dernières semaines: son taux d’opinions favorables est ainsi passé à moins de 10% à 22% selon le dernier sondage Ibope. Ces niveaux le rapprochent du candidat de droite, Jair Bolsanaro, qui s’arroge 28% des intentions de vote, et le font nettement dépasser le candidat de centre-gauche Ciro Gomes, qui n’en a que 11%. Bien que beaucoup de choses puissent encore se produire et que les sondages ne soient pas toujours fiables, il semble aujourd'hui probable que Bolsanaro affrontera Haddad au second tour du scrutin. Les estimations pour le second tour prédisaient une victoire pour Bolsanaro jusqu’au dernier sondage, qui donnaient Haddad gagnant, mais l’issue était certainement trop imprévisible pour jouer aux pronostics.

Le nouveau président devra s'attaquer d'urgence
au déficit budgétaire du Brésil.

Quel que soit le candidat qui remportera cette présidentielle, il doit s'attaquer d'urgence au déficit budgétaire du Brésil. Bien que le déficit primaire se soit amélioré au cours des deux dernières années, passant de -2,7% du PIB à -1,4% actuellement, le déficit budgétaire global s'élève à 7.3% du PIB, alors que le ratio de la dette brute par rapport au PIB est passé de 62 % du PIB en 2014 à 84 % à la fin de l'année dernière. L'une des principales raisons pour lesquelles le Brésil a tourné la page économiquement en 2016 a été l'annonce puis la mise en place d'un nouveau plafond pour maîtriser les dépenses publiques, inscrit dans la Constitution, pour éviter toute augmentation de celles-ci (hors intérêts) en termes réels pendant les dix prochaines années. Afin de rendre tout cela possible, une réforme majeure destinée à réduire un régime de retraites et de pensions extrêmement onéreux sera nécessaire. Le gouvernement Temer a essayé de légiférer dans ce sens en février mais la réforme est restée bloquée au Congrès: ce blocage s’explique par l’impopularité du projet parmi les électeurs de base de la plupart des formations politiques et le fait que la présidentielle soit prévue en fin d’année.
 
Les marchés suivront donc de près les résultats de ce scrutin. Bolsanaro est considéré comme le candidat le plus favorable aux marchés, car il a annoncé que, s’il est élu, il suivrait les conseils de son économiste Paulo Guedes, formé à l’université de Chicago, pour mettre en place sa politique économique. Haddad est naturellement le candidat plus naturel pour ces électeurs qui s'inquiètent de l'austérité, et il s'est prononcé contre le plafond des dépenses publiques. Si celui-ci devait être supprimé, cela serait probablement perçu de façon négative, même si le gouvernement augmentait les impôts afin d’équilibrer le budget. Quoi qu'il en soit, même si le nouveau gouvernement adopte une approche prudente pour mieux gérer les finances du pays, le Brésil fait face à des années d'austérité fiscale pour rééquilibrer son budget. Cela risque de peser sur la consommation, ce qui implique que le taux actuel de croissance économique très lent devrait persister.

A lire aussi...