Flux et reflux des marchés

Johan Van Geeteruyen, DPAM

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Le marché est en pause, mais jusqu’à la rentrée, tout repli est une opportunité à saisir!

Récemment, les rendements obligataires américains ont plongé à des niveaux que l’on n’avait plus vus depuis début février. Quant aux marchés actions, ils ont encore atteint des records. Et la volatilité a augmenté. La saison des résultats du deuxième trimestre est en cours et tout porte à croire que les entreprises devront afficher des résultats nets supérieurs aux attentes en termes de ventes et de marges et/ou relever leurs prévisions pour être récompensées par le marché. A ce stade, il n’est pas anormal de se demander si la majorité des gains sont derrière nous.

Pour cela, le principal indicateur à surveiller reste l’indice des directeurs d’achats (PMI). C’est le meilleur indice économique à suivre. Il est crucial d'acheter des actions lorsque les PMI sont au plus bas et sont en passe de remonter. Et ce tournant s'est produit en novembre dernier, favorisé par les nouvelles concernant la vaccination et par la perspective de mesures de soutien budgétaire sans précédent. Les prévisions de "renaissance des années folles" ont alors fait les gros titres et les transactions de type ‘reflation’ ont pris le dessus.

Aujourd'hui, l'indice est à son plus haut niveau depuis 20 ans. La croissance mondiale a probablement atteint un pic à un niveau très élevé au deuxième trimestre. Le moteur tourne à plein régime depuis deux trimestres. Lorsque les indices PMI mondiaux sont supérieurs à 50, les actions surperforment généralement les obligations. Mais une période de ralentissement semble imminente, entraînant une surperformance moindre des actions. Mais comme la croissance est toujours inférieure aux niveaux d'avant la crise Covid, il y a encore du potentiel de hausse.

Le secteur industriel va se heurter à un mur en raison de l’insuffisance des stocks et de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

La prime de risque des actions, en particulier en Europe, se situe toujours à des niveaux qui sont incohérents avec un marché baissier. Ils suggèrent que l'Europe devrait surperformer les États-Unis à l’avenir. Ainsi, certains éléments peuvent freiner la reprise américaine. Mais contrairement aux États-Unis, où l’ensemble de la population a reçu un chèque, en Europe, les mesures ont visé principalement à préserver le revenu disponible des ménages impactés par la pandémie. Une aide qui aura un impact plus durable. Et il reste encore à voir les effets du fond de relance européen. Et bien que la croissance restera forte, son rythme va se modérer, comme en témoigne la baisse des rendements obligataires et des anticipations d'inflation.

En raison du pic des marchés d’actions et des inquiétudes concernant les effets du variant delta sur la croissance, le marché obligataire a été survendu et les rendements se sont fortement repliés. Et ils ne sont pas encore à leur juste valeur. En effet, la pression inflationniste et le niveau d'activité économique appellent des rendements plus élevés. Doit-on pour autant s'attendre à ce qu'ils soient beaucoup plus élevés? Pas nécessairement. Les banques centrales gardent le pied sur le frein et restent vigilantes. Quant aux conditions de financement, elles restent très aisées, avec des spreads de crédit serrés et des taux réels trop bas pour suggérer une dynamique de fin de cycle. De plus, ni le soutien de la politique budgétaire ni celui de la politique monétaire ne seront supprimés prématurément. Toutefois, à mesure que la reprise progressera et que les économies s'orienteront vers une trajectoire de croissance autonome, il sera naturel que les responsables politiques commencent à réfléchir à des stratégies de sortie. Les marchés actions en tiendront compte de manière proactive, ce qui entraînera une baisse des valorisations.

Les valorisations sont un autre point sensible. En effet, elles ne sont pas bon marché et reflètent un niveau d’optimisme élevé. Le pic de croissance étant derrière nous, il faudrait s’attendre à ce que les valorisations diminuent après l'amélioration des bénéfices. De plus, des taux réels plus élevés et des banques centrales plus enclines à la prudence exerceraient une pression sur les multiples de valorisation. La saison des résultats du deuxième trimestre a bien commencé, avec des surprises à la hausse moins marquées par rapport aux records du premier trimestre. Ainsi, depuis le début de l'année, les révisions à la hausse des bénéfices s’élèvent à 15% (+6% au premier trimestre). Notamment en Europe, ou les attentes des analystes atteignent des sommets. Et à mi-chemin de la saison des résultats de deuxième trimestre, les prévisions générales actualisées indiquent un deuxième semestre plus difficile en raison des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et de la hausse des prix des matières premières. Dès lors, il est fort probable que le cycle des révisions va ralentir. De plus, le secteur industriel, qui tourne à plein régime, va se heurter à un mur en raison de l’insuffisance des stocks et de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Ses acteurs ne parviendront pas suivre la demande. Afin de protéger leurs marges, ils devront investir afin d’améliorer la productivité et l’efficacité.

Les intentions d'investissement restent donc fortes et seront un facteur clé derrière la performance positive des titres industriels. Il faut s'attendre également à une surperformance structurelle du secteur technologique. Toutefois, la prochaine incitation devra venir d’un comportement plus actif des consommateurs en ce qui concerne le secteur des services.

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