Florilège de pépites européennes

Anne Barrat

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«Les actions européennes offrent de beaux potentiels de performance. Cap sur la santé et le Nord» avec Carl Auffret, de DNCA.

A la question « Comment bénéficier du dynamisme des sociétés européennes ?» Carl Auffret, gérant des deux fonds actions SRI Europe Growth et SRI Norden Europe de DNCA, un des affiliés de Natixis AM, répond avec la conviction d’un stock picker familier des marchés du vieux continent: se concentrer. Se concentrer sur les actions (95% des portefeuilles), sur les valeurs euros, sur l’Europe Occidentale (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas), sur les pays Scandinaves, sur la Suisse, sur les Large Caps, sur certains secteurs, la santé et les biens et services industriels en particulier. Les deux fonds, SRI depuis 2021, représentent aujourd’hui quelque 2,5 milliards d’euros d’actifs, en étant parti d’une feuille blanche.

Le secret, la concentration

Au cœur du processus de sélection, une croissance organique durable du chiffre d’affaires supérieure à 5%. Ce critère, le premier de neuf, conduit à éliminer 90% de larges univers d’investissement, pour ne regarder que les valeurs capables d’atteindre cet objectif sans effets liés à des opérations de croissance externe, de changement de périmètre ou de variations de devises. Un processus qui exclut de facto les banques, les compagnies d’assurance, les acteurs des matières premières pour ne citer qu’eux. Les autres critères incluent notamment d’importantes barrières à l’entrée, un bilan solide, une forte génération de free cash flow, gage de capacité d’autofinancement pour le versement de dividende et d’acquisition sans augmentation de capital, une valorisation raisonnable ou encore une conformité aux normes ESG – les deux fonds sont SRI depuis 2021. Résultat: les dix premières valeurs représentent la moitié des encours.

Au cœur du processus de sélection, une croissance organique durable du chiffre d’affaires supérieure à 5%

De l’italien Amplifon spécialisé dans l'appareillage auditif au pharmaceutique danois Novo Nordisk en passant par l’allemand Sartorius, fournisseur international d'équipements pharmaceutiques et de laboratoire, le fonds Europe Growth joue la carte de la santé. Il doit sa performance – 235% depuis sa création en décembre 2012 –, à une gestion purement active ignorant son indice de référence, le STOXX Europe 600 Net Return, qu’elle surperforme largement.

Défensif? Cyclique?

«C’est un éternel débat auquel nous répondons de manière tactique, explique Carl Uffret. A priori, les secteurs très cycliques n’ont rien à faire dans un portefeuille de croissance durable et visible. Cela étant dit, en début d’année 2021, nous nous sommes demandés s’il était raisonnable d’avoir une exposition de 40% dans le secteur de la santé. Nous avons décidé de vendre et prendre partiellement des bénéfices pour les ré-allouer dans des valeurs de croissance un peu plus cycliques : semi-conducteurs, matériaux de construction, chimie de spécialités oui bien encore les services logistiques. Un pari gagnant. » Le français Teleperformance, leader mondial des centres d'appels, occupe ainsi aujourd’hui la première position du fonds. A l’inverse, l‘exposition au secteur du luxe a été allégée, tour de vis fiscal des autorités chinoises oblige. LVMH a fait les frais de l’anticipation de la baisse de pouvoir d’achat des Chinois fortunés sur les prochains 12 à 18 mois : sa position (4,61% fin juillet 2021) a été divisée par deux.

La Scandinavie offre une combinaison quasiment unique en Europe, Suisse à part, de fondamentaux économiques solides, de stabilité politique, de capacités d’innovation
La Scandinavie, terre d’innovation et de niche

Concentration sectorielle, concentration géographique. C’est à ce 2e biais que le fonds SRI Norden Europe doit sa croissance, + 158% depuis sa création en novembre 2016. « La Scandinavie, explique Carl Auffret, offre une combinaison quasiment unique en Europe, Suisse à part, de fondamentaux économiques solides, de ratios dette/PIB très favorables, de stabilité politique, enfin de capacités d’investissements en R&D et d’innovation très importantes – la Suède a été classée comme le pays le plus innovant en 2020 par la Commission européenne.» Le finlandais Harvia, leader mondial des saunas et des spas, le danois DSV, spécialiste de la logistique, le suédois Swedencare AB expert des produits vétérinaires, ou encore Musti group, chaîne finlandaise de fournitures pour animaux de compagnie n°1 dans les pays nordiques et 4e en Europe, sont autant de sociétés de niche nordiques très performantes tout en offrant des niveaux de valorisation raisonnables, donc un retour sur investissement très attractif.

La Suisse, une valeur sûre

Le niveau de valorisation, voilà le principal sinon unique défaut des entreprises suisses, qui occupent pourtant de belles places dans les deux fonds. A commencer par le valaisan Lonza qui a largement bénéficié de l’accord de production conclu le 1er mai 2020 avec Moderna. VAT Group, le spécialiste des vannes à vide utilisées pour les semi-conducteurs, les photovoltaïques et les écrans plats, ou encore SIka, acteur de premier plan dans les domaines de l'étanchéité, du collage, et de l'insonorisation, figurent au palmarès des positions suisses que le gérant envisage de compléter, si des occasions se présentent.

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